Chapitre 1

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Jour 341



Aujourd'hui, je suis au bord d'un lac et je marche à contre vent. L'air est chaud, comme mon corps au soleil. Mais j'aime ça, me sentir vivant, même souffrant. Brûlés par ses rayons.



Les vagues aux creux de mes pieds nus mènent la danse, elles enchaînent une chorégraphie au rythme de leur propre musique, l'éclat contre la terre, et leurs peaux glissent les unes sur les autres, sans jamais se soucier de leur destination. Elles roulent les unes sur les autres au gré de leur désir, comme une course ou comme un ardent désir, peut-être ne sont-elles pas si opposées à l'Homme. Tout est poétique, même ces mots qui s'estompent dans mon esprit.



Ici, dans cette nature tout à sa place, un poste différent, mais important. Même les centaines de petites fourmis qui construisent leur demeure au beau milieu du chemin. Parfois, même, j'arrive à croire que l'humain a réussi à s'intégrer. Peut-être que moi aussi, le Louis de la planète.


Alors, je continue de marcher. La conscience dans les vagues et le corps sur la rive.


« _Quand je t'ai vu pour la première fois, j'ai tout de suite su.»


« _Su quoi ?»


« _Que je t'aimais. »



Je passe à quelques mètres d'un jeune couple, bras dessus bras dessous. Ils se câlinent et se chuchotent de doux mots à l'oreille. C'est beau. Mais ça le serait encore plus si ce n'était pas l'une de ses phrases dites et redites, qui s'usent avec le temps. Enfin, qui sont même mortes mais que chacun continue de faire vivre, parce qu'ils veulent aussi s'appuyer sur des choses sensées. Comme ces mots aigres sur la langue.



Je laisse échapper un petite rire plus loin. C'est mignon, mais c'est moche.


Je marche jusqu'à trouver un emplacement inconnu. L'inconnu, c'est toujours une chose palpitante. Peut-être cette fois y aura-t-il un danger pour mouvementer mon aventure. Je suis impatient de découvrir demain. Le futur qui nous attend à chaque coin de rue, enfin pour moi, à chaque nouvelle demeure.



Dans un élan de folie et d'envie, le sac sur le dos, je m'élance à mon tour dans une course, une poursuite avec mon destin. Le sourire aux lèvres se transformant en un cri rempli de vie, de la rage de vivre, pour prouver que je n'ai pas abandonné.



Je hurle à plein poumons pour que la terre m'entende, ou simplement pour moi. J'ai besoin d'écouter l'écho de ma voix, et ces messes basses sur moi. Parce que je suis fou et irrespectueux de déranger les autres par un cri de haine, selon eux.



Alors que je vis simplement pour moi et ce but d'être le réceptacle de la terre.


Je cours jusqu'à ce que mes muscles me brûlent, jusqu'à en cracher mes poumons. Je mets mon corps à vif, pour sentir la douleur de mon corps et oublier celle de mon âme.



Puis, je rigole jusqu'à en perdre la voix, comme ça, je n'aurais plus la force de me plaindre.

Two ghostsWhere stories live. Discover now