Two ghosts

Prologue

J'ai toujours aimé le changement, tout ce qui est instable, tout ce qui est incertain et dépendant.
Ce besoin permanent d'entendre le bruit des feuilles face au vent, le chant des oiseaux au printemps, la neige tombée lors des froids d'hiver et surtout la naissance d'une vie grâce à la Terre.

J'ai toujours tout trouvé fascinant. La manière qu'elle a de reprendre ce qui lui appartient. La vie humaine, animale ou encore végétale. Un ensemble d'existence contrôlé par une seule même chose.

Lors de ma petite enfance, j'ai toujours pensé qu'en réalité, la planète n'était pas seulement cette Terre sur laquelle on vit, mais que chaque jour elle profitait de son existence transparente à travers la population. Toutes ces personnes qui vivaient autour d'elle n'ont jamais soupçonné que c'était elle la reine. Je l'ai cherchée dans les êtres qui m'aimaient. Parce que je voulais y croire, à ma légende. Chaque instant était une nouvelle chance, petit à petit, au gré de mes heures d'observation, j'ai fini par la trouver. Cette étincelle de bonheur.

Et puis un jour, ce jour qui vient bouleverser une histoire, le rebondissement dans les contes de fées. Pour moi, ce jour-là, j'ai perdu ma Terre, celle qui me fournissait mon oxygène, qui à chacun de mes pas glissait sous eux un sol, celle qui faisait tourner mon monde à l'endroit et qui arrivait à me prouver qu'il fallait rester dans une vie, qu'il ne fallait jamais abandonner un être qui avait besoin d'aide. Parce qu'elle me savait bancal. Elle me faisait découvrir les couleurs de cette planète. Et surtout ses principes.

Alors depuis ce jour, je tente d'appliquer ses leçons. Un dur combat contre mon esprit dérisoire. Je vivais parce qu'elle me l'avait demandé et que je le lui devais. C'était ma mère. Elle m'a donné naissance, elle m'a éduqué de la meilleure des façons, puis elle m'a senti prêt pour suivre le chemin sur lequel elle m'avait lancé. Je lui ai fait confiance et encore aujourd'hui, je continue. Seulement, j'ai découvert que jusqu'à ce jour-ci, j'avais été celui qui restait auprès de tout le monde et de personne, que je continuais à m'accrocher aux choses perdues.

La semaine qui suivit sa perte, les jours après ou peut-être même le soir de cette tragédie, j'ai fait ma connaissance, j'ai comme lu mon âme. Parce que j'ai toujours aimé l'instabilité de la vie, la dépendance de la nature et surtout l'incertitude : demain, mon cœur battra-t-il encore ? J'ai compris que j'étais celui qui partait loin, de tout et de rien, que je m'étais décroché à la seconde même où elle avait cessé de respirer. Alors c'est à ce moment que j'ai décidé que je partais à la conquête de la planète. Un décor et un paysage différent pour chaque jour. Les pensées en pesanteur, je deviendrai à mon tour l'incarnation de cette Terre. Parce que je sais qu'elle m'y avait préparé durant toutes ses années.