La prohibition renforce toujours ce qu'elle interdit.

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Franck Herbert.

Toujours sans un mot elle me tend une bouteille que je n'avais pas vue jusque là. Je prends mon temps pour boire, au final je me sens un peu con debout devant elle. La nana n'a toujours pas bougé, elle continue de nous regarder sans un mot.

— C'est moi ou elle nous voit tout les deux ?
— Je crois aussi vieux, je réponds à mon loup par la pensée.
— Elle s'appelle Zumela. Me rappelle Myst en continuant de la regarder à travers mes yeux.

Elle aussi nous observe toujours, c'est assez angoissant qu'elle ne l'ouvre pas.

— Merci. Je lui rends sa bouteille sans trop savoir quoi faire de plus, elle me sourit gentiment. J'ai l'impression qu'elle attend plus, mais je ne sais pas quoi lui dire. C'est sympa, je rajoute sous le regard menaçant de mon loup.
— De rien. Quand elle nous répond enfin je me sens soulagé et mon alter ego se détend lui aussi. 
— Ça fait longtemps que tu es là ?
— Juste quelques minutes, elle me répond sans bouger a la fin de sa phrase elle porte sa bouteille a ses lèvres pour boire.

— Pose ton cul tu te sentiras moins con. Me grogne mon loup en prenant possession de mes yeux. Je sens mon regard changer, je vois mieux les choses. Tout est plus fin, les détails sont plus nets.
Ses mains sont bien plus fines que je ne le pensais presque sophistiqué. Voir jolie.
Quand je me pose pratiquement en face d'elle, elle me sourit une nouvelle fois. Je ne l'avais jamais remarqué avant, mais elle a les yeux verts et quelques taches de rousseur sur le nez.
Le mouvement de sa main attire mon regard, doucement elle l'approche de nous. Tout doucement, très lentement elle nous touche le bas de notre mâchoire. Je me tends un peu. Du bout de ses doigts, elle accentue sa caresse le long de ma joue.

Je suis subjugué par son touché c'est à peine si j'entends Myst souffler de plaisir. Ses doigts, puis sa main entière se pose sur ma joue aussi légère qu'une plume. Je retiens ma respiration. Réflexe dû à nos années d'enfermement. Mes mains se ferment en un poing sous l'angoisse, au fond de moi je sens mon alter ego me dire que tout va bien, qu'elle ne nous fera rien. Je finis par me détendre, j'ouvre même de nouveau les yeux. Elle nous regarde encore, elle semble soucieuse. Quand elle commence à retirer sa main, je tourne mon visage vers sa paume, je sens ma barbe râper doucement sur sa peau. La morsure de son regard sur nous me fait frissonner. La nana arrête son geste quand elle sent ma bouche sur le creux de sa main.

Son odeur est incroyable. Je suis incapable de dire a quoi elle me fait penser, mais je la respire encore et encore. Je nous en gave. J'ai envie de la toucher, non, je dois la toucher. C'est bien plus fort que nous. Ma main se pose tout aussi doucement sur son bras, elle ne réagit pas, je remonte vers son poignet le plus délicatement possible. J'ai peur de la briser, j'ai l'impression qu'elle pourrait disparaître en une fraction de seconde. Je l'enserre sans pour autant lui faire mal. Je le fais sans jamais la lâcher du regard, je guette la moindre de ses réactions. Le contact avec sa peau est indescriptible. Magique.

Je tourne mon visage un peu plus vers le creux de sa main et l'embrasse tendrement. Je l'entends bloquer son souffle puis respirer calmement de nouveau, du coin de l'œil je vois qu'elle a la bouche légèrement ouverte et les yeux brillants. Je recommence, c'est enivrant.

Son autre main se place sur mon autre joue, elle encadre mon visage et nous sonde intensément. Je suis incapable de décrire ce que je vois dans son regard, mais j'adore ce que j'y vois. Je me penche vers elle, mes mains sont sur le sol. Finalment, j'en pose une juste au-dessus de son genou, je n'aime pas le contact avec son jean. Il fait faux et froid alors que sa peau est douce et chaude. Je dois vraiment me retenir pour ne pas le lui arracher comme l'animal que je suis. Ses mains sont toujours sur mon visage, elle me cajole comme jamais personne ne l'a fait. Je suis si proche d'elle ... Elle se redresse un peu, on se touche presque. Juste avant de céder à mon envie qui me remue le ventre depuis quelques minutes ou des siècles, je ne sais plus trop, je pose mon autre main sur sa nuque et l'embrasse enfin. Je deviens sourd au monde, aveugle même. L'espace d'un instant je ne vois et ne sens plus qu'elle. On n'a pas envie que ça s'arrête. Jamais.

La rage du loupWhere stories live. Discover now