Quiconque est loup, agisse en loup.

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De : Jean de La Fontaine

Le bruit que fait le sang sous mes chaussures est écœurant, même pour moi. Il n'y a qu'un tas de cadavres encore chauds devant moi. Je les ai tués, tous sans aucune exception et sans ressentir le moindre soulagèrent. Je pensais qu'en exterminant un ou deux je me sentirais mieux, mais non. Quelque part, c'est pire, car c'est trop facile, ils sont juste morts peut-être en souffrant un peu, mais ils sont cannés pour de bon. C'est franchement trop simple. Cons d'humains. Faible et bon à rien.

La tension qui habitait mon corps me quitte rapidement, je vois toujours trouble grâce aux yeux de Myst, mais je reprends peu à peu conscience du monde qui m'entoure.

Au fond de moi j'entends mon loup gronder comme un fou furieux.

— Ouais, ouais, on s'casse, je sais. Il a besoin de voir les autres loups, de savoir combien s'en on sortit et de trouve cette fameuse prison.

Moi aussi j'avoue. Je me penche en avant pour récupérer mon sac en toile, il est plein de leur sang. Il en est tellement saturé qu'il pèse plus lourd, il y a aussi ce petit trou fait par une balle perdue. Je passe mon doigt dedans, il est traversé de part en part je souris en voyant mon doigt gigoter de l'autre côté.

Je le mets sur mes épaules et me dirige vers la fenêtre brisée un peu plus tôt par Dave. Il reste une veste sur le rebord de la fenêtre, un des loups a dû la mettre là pour ne pas se blesser avec les bouts de verres. Sage geste. Un peu inutile du sens que nous guérissons rapidement, mais au moins ça évite une souffrance inutile.

Bon loup, bonne initiative.

Juste avant de sauter, je regarde derrière moi. J'ai fait un putain de carnage, rien de très propre et même si c'est mérité je ne trouve pas ça bien. Mon père m'a mieux éduqué que ça. Il disait toujours que même si la place d'un ennemi est six pieds sous terre, on doit le respecter. J'ai rien respecté du tout, j'ai juste tapé et bouffé jusqu'à que mort s'en suive en espérant les faire souffrir le plus possible.

Ouais, c'est bien dégueulasse ! Il ne serait pas fier.

Je ravale un grognement et saute en fermant mon poing sur la veste, son propriétaire a le droit de la reprendre. Je la porte à mon nez, sueur, peur, sapin, jeunesse. Je ne connais pas son propriétaire, mais maintenant je pourrais le retrouver grâce à son odeur et la lui rendre. P't'être même que je le remercierais. Va savoir.

Quand je me retrouve en bas je prends une seconde pour regarder derrière moi. C'est grand, gris et froid. J'ai fait de ce bâtiment un monstre, en faite c'est juste un tas de béton sanglant. Rien de plus. Plus jamais je n'y retournerai, plus jamais je ne serais l'esclave d'un homme, plus jamais l'un des miens ne sera enfermé dans une cage. Non plus jamais ! Je me le jure !

Myst me fait comprendre qu'il est d'accord avec moi en grondant doucement.

Sans rien de plus, je fonce en direction de la forêt, je me fie à mon odorat et à mon ouïe. Ils se sont séparés en plusieurs petits groupes. Bonne initiative. Je sens aussi l'odeur de cons d'humains leur cavaler après. Myst gronde tellement fort en moi que je sens ma poitrine trembler. Il voudrait pouvoir se diviser en autant de fois qu'il le faut pour tuer tous ces cons d'humains et les bouffer des bottes au casque sans prendre son souffle.

Le groupe le plus proche de moi est sur ma gauche, j'y fonce sans me poser plus de questions. Je cours le plus vite possible, je ne me fis pas aux branches ou aux feuilles qui me fouettent le corps et le visage. Si la situation n'était pas aussi merdique, j'en profiterais sans vergogne ! Depuis combien d'années je n'ai pas pu faire ça ?! Bien trop longtemps a mon goût. Cavaler en toute liberté sans me faire emmerder, sans faire couler de sang, sans craindre pour ma vie ou celle des miens... Putain de fantasmes.

La rage du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant