C H A P I T R E 1

Depuis le début
                                    

Ce dernier se couche contre moi, sans remarquer mon brutal changement d'humeur. Cet idiot semble juste croire que je souhaite explorer une autre position et se cale entre mes jambes pour me surplomber. Je tente de prendre sur moi et ferme les yeux afin de calmer le rythme irrégulier de mes palpitations. Il écarte davantage mes cuisses d'un mouvement de hanche puis fond en moi en mordillant mon oreille. Ses gestes se font plus rudes, sans doute parce qu'il est persuadé que je prends davantage de plaisir dans la douleur. Je ne perçois plus l'odeur du sang, j'ai dû arrêter de justesse de lui écorcher le dos.

Ma louve domine de nouveau mes pensées. Je ne parviens toujours pas à contrôler mes pulsions qui menacent d'éclater tout comme cette vague de plaisir lorsque le rythme accélère un peu plus. Ma concentration dévie un quart de seconde vers la lueur cosmique qui commence à percer à travers les battements du volet mal fermé. Les rayons de la pleine lune remontent avec lenteur vers notre couche jusqu'à éclairer partiellement le visage de mon amant qui ne se doute de rien. Je serre un peu plus les draps. Un râle de souffrance s'échappe de mes lèvres au moment où une douleur fulgurante traverse mes ongles qui continuent de s'allonger pour laisser place à des griffes tranchantes. Je m'échappe des bras de l'homme.

Douloureusement, je m'écroule au sol après avoir tenté de me relever pour m'extirper du lit. Une lueur d'incompréhension illumine ses iris. Il enfile à la va-vite son caleçon après avoir retiré le préservatif. Ses pas s'approchent du recoin où je me cache, alerté par les râles que je pousse. Je parviens à m'enfermer dans la salle de bain avant qu'il ne me repère.

— Qu'est-ce qu'il te prend ? lance l'inconnu à travers la porte après avoir brièvement tapé contre la surface derrière laquelle je m'appuie actuellement.

Je presse mes tempes, la tête lourde et agressée par des bourdonnements qui se font de plus en plus intenses.

— Une... une petite seconde, articulé-je, la voix déformée par la douleur.

Mon crâne cogne contre la porte. Je glisse contre jusqu'à ce que mon postérieur atteigne le carrelage froid contre lequel je suis recroquevillée. La pleine lune me surplombe à travers la lucarne, éclairant ma peau laiteuse d'un éclat presque argentée.

— Putain, vous les slaves, lance-t-il d'un ton sec.

« Je vais lui faire avaler ses couilles à ce blaireau, il suffit que tu me laisses faire, Calysta », s'emporte ma louve.

— Oh, toi, la ferme ! hurlé-je à moi-même, ne supportant plus les interventions de ce fauve qui arrivent au mauvais moment.

— Qu'est-ce que tu viens de dire, là ? fulmine de plus bel l'inconnu qui frappe contre la surface en pensant que mes paroles lui sont adressées.

L'exaltation laisse place à un tout nouveau sentiment qui me provoque une déchirure intérieure. Un trou béant se creuse au plus profond de mon estomac et me prend aux tripes jusqu'à ce que la douleur embrase pleinement mon être à l'instant où je l'accepte. Un acte qui lui permet de prendre totalement possession de mon corps. Il est trop tard pour arrêter quoi que ce soit une fois que le processus est lancé. Je prie juste pour que mon partenaire d'une nuit se soit tiré de la chambre, mais l'affinement de mon odorat et mon ouïe me permet de le distinguer derrière ces murs. J'arrive à ressentir les émotions de cet humain, les questions qui se bousculent en lui. Je parviens encore à décrypter ce fin effluve de sueur couverte par ma propre odeur après nos débats.

Sans compter son cœur.

Je me focalise depuis ces dernières secondes sur ses battements cardiaques qui s'accélèrent sous la colère. Ils ne sont que le reflet des miens qui ne cessent de s'emballer. Mon enveloppe charnelle se cambre pendant que je tente de contenir mes hurlements de douleur lorsque mon corps entier mute. Mes os se raccourcissent et mon dos se courbe jusqu'à ce que je prenne l'apparence complète de la bête qui sommeille en moi. Une lignée de crocs acérés prend place au même moment où j'entrevois enfin l'étape finale de ma transformation. Les poils.

𝐍𝐎𝐑𝐓𝐇𝐄𝐑𝐍 𝐖𝐎𝐋𝐕𝐄𝐒 - (aperçu avant édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant