L'amour.

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Je savais que j'aurais mieux fait de rester dans mon lit ce matin. Mais jep n'ai pas eu le choix. J'ai dû me lever.

Je savais aussi qu'on n'aurait pas dû aller à cette foire. Mais on y va tous les ans. C'est une tradition. Nous n'avons pas eu le choix.

Je savais également que cette journée allait être pourrie. Mais que faire contre le destin ? Nous n'avons pas eu le choix.

Quand en arrivant j'ai vu le monde qu'il y avait j'étais sûre que ça n'allait pas être facile pour se garer. Lorsque mon père n'a pas écouté ma mère sur le choix du parking et que ma mère le lui a reproché, que ça la énervé.

Mais j'ai su que ça allait mal de finir, quand je l'ai vu. Lui. Ce petit Jack Roussel. Il était magnifique. Je le voulais. Alors j'ai demandé à mes parents. En voyant le regard de mon père, mon coeur s'est brisé. Je ne l'aurais jamais. Mais je voulais garder espoir. Je voulais juste une réponse. Un "oui" ou un "non". Est-ce trop compliqué ?

Apparemment, oui.

Je n'ai pas beaucoup insisté, mais je l'ai fait quand même. Après tous, je ne savais pas si c'était un oui ou pas. Mais quand mon frère si est mis, il s'est énervé. Vraiment énervé. Et il est parti. Seul.

Je ne pouvais pas le suivre. Ni ma mère, ni mon frère. Déjà parce qu'il marchait vite. Et ensuite, et surtout parce qu'il y avait beaucoup de monde.

Nous ne l'avons pas spécialement cherché, nous avons fait ce que nous avions à faire. Mais nous avons essayé de l'appeler. Beaucoup de fois. Et nous avons porté une attention particulière à chaque visage croisé.

Les appels ont voué à l'échec. Les rares qui ne finissaient pas sur la messagerie nous offraient une voix désagréable pleine de reproches et d'insultes. Nous avions aussi comme cadeau le droit de parler dans le vide après qu'il nous ai raccroché au nez.

Durant toute la journée, nous avons passé devant le Jack Roussel. A chaque fois que je le voyais, je le voulais davantage. Je commençais à l'aimer alors qu'il n'était pas à moi, que je n'étais pas sûre de l'avoir.

C'est étrange l'amour. On peut passer des années avec une personne avant de commencer à l'aimer. Et en même temps on peut aimer un être vivant en un regard, un instant.

Lui, c'est ce qu'il s'est passé. Je l'ai vu et je l'ai aimé. C'est comme si c'était mon âme-sœur canin.

Ma mère a fini par céder. A cette instant là, je n'ai jamais été aussi contente. Je l'avais, j'avais Grover !!! Ça a été le plus beau moment de la vie.

Et puis il a été l'heure de partir. Et là, les appels pour mon père n'ont pas cessé. Nous ne pouvions pas partir sans lui. Mais chaque fois, c'était la même chose. Nous parlions dans le vide. Alors après une demi-heure, la mère a décidé qu'il était temps de partir. Et  c'est ce que nous avons fait. Ma mère au volant, mon petit frère à côté d'elle et Grover et moi, derrière.

Sur la route, nous avons croisé mon père. Plusieurs fois. Et à chaque fois nous lui avons demandé si voulait monter. Seul le "non" nous a répondu.
Grover , à chaque fois qu'il voyait mon père poussait un grognement. Alors qu'avec nous, il ne l'a pas fait.

Nous avons donc abandonné. Ça ne sert à rien d'aider quelqu'un qui ne veut pas qu'on l'aide.

En rentrant chez moi, j'ai cru que c'était terminé. 

Je crois que c'était la plus grosse blague de l'univers.

Quand il est rentrait, je ne l'avais jamais vu aussi en colère. Grover n'a pas grogné. J'aurais du prendre ça pour un avertissement. Mais non, je suis trop conne.

Résultat, Grover est à côté de moi, bloqué dans cette quart entre l'escalier et la cuisine. En train de regarder mon père. Ou plutôt son arme. Près de la flaque du sang de la mère. Et de celle de mon frère. Pleurant.

C'est la fin je le sais. Lorsque j'entends un autre "Bam", je ne réagis pas. Je ne lui ferais pas ce plaisir. Mais ce n'est pas moi qui est touché. C'est Grover.

D'autres larmes tombent de mon visage. Ma mère, puis mon frère. Et maintenant Grover. Il veut me faire du mal. Le plus que possible.

Je le regarde dans les yeux avec un air de défi. Je ne vais pas le supplier, ça lui ferait trop plaisir. Et ça ne servirait à rien. Il va me tuer.

"Je ne croyais pas que ça me ferait autant plaisir de tuer ce maudit truc."

Il a un sourire mauvais sur le visage.

"Ce n'est pas un truc, mais un chien. Grover, pour être précise.  Et il a certainement plus d'humanité que tu n'en a jamais eu."

Je réponds. Quitte à mourir, mieux vaut mourir fière.

"Combien de fois t'ai-je dit de ne pas me répondre ?

-Sûrement le même nombre de fois que je t'ai dit de ne pas me parler avant de me respecter."

Son sourire s'agrandit. Il est de plus en plus mauvais. Ma fin est donc de plus en plus proche. Je ne serais donc bientôt plus obligée de le regarder. Une joie dans un malheur.

Un nouveau "Bam" s'élève. Une douleur intense me prends  au niveau du ventre. Pour ma mère, pour mon frère et pour Grover, c'était une balle dans la tête.

Il cherche à me faire souffrir. Et bizarrement ça ne me gêne pas. De mourir bien sûr que ça me gêne.  De souffir aussi. Mais plus je vis, et plus je peux le faire souffrir.

Il me prends les cheveux, me faisant encore plus mal. Mais je ne dis rien. Il m'allonge, le visage vers lui. Je vois son pied s'éloigner. Et je sens quand il arrive dans mon ventre. J'ai du mal à retenir le cris de douleur, mais j'y arrive quand même.

" Une grosse pute, va bientôt quitter ce monde. Que c'est dommage !"

Un rire mauvais, comme ceux des méchants dans les films, sort de sa bouche.

"Pas autant que le fait qu'un connard comme toi,  reste envie."

Je suis contente de constater que même mourante, je garde mon sens de la repartie. A moins que ce soit juste parce que mon père qui est en face de moi.

"Mais le connard que je suis va rester en vie.

-Je sais c'est ce que j'ai dit. Je plains l'humanité qui va devoir supporter ta bêtise."

D autres coups atterrissent dans mon ventre. Plus fort. Plus rapide. Plus violent.

Mes yeux commencent doucement à se fermer quand un nouveau coup de feu se fait entendre. Et que mon ventre reçoit une douleur supplémentaire.

"Vas te faire, gros con." Je murmure à bout de forte.

Je me sens partir. J'en ai plus pour longtemps.

"Vas pourrir un enfer, salope."

Mes yeux se ferment. Je pars.

"On se rejoins là-bas, alors." Je murmure.

Et après ces mots, c'est le noir total.

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