OS Larry Stylinson

Child of the Moon

(Javetta Steele - Calling you)

Le jeune homme descendait l'étroite rue pavée, ses pas lançant des échos qui résonnaient entre les murs. Si l'on se concentrait, on pouvait entendre son souffle rapide dû à l'effort. Il se hâta encore plus en pensant à la sensation tant attendue qu'il allait ressentir dans quelques instants. Son grand manteau traîna au sol lorsqu'il monta quelques marches dans l'obscurité. Son chapeau aux larges bords érafla le mur quand il se glissa enfin dans la petite interstice entre les deux maisons abandonnées. Il sentit sa chaussure s'enfoncer dans la matière molle et poussa un soupir de soulagement. Il y était. Enfin. Son petit coin de paradis.

Il ôta ses souliers rapidement et enfouit ses orteils nus dans le sable froid. Il s'avança là où le monde semblait s'arrêter. L'eau fraîche vint lécher ses pieds. Il observa l'étendue noire devant lui. Il y vit le reflet de la lune apparaître sur les milliers de petites vaguelettes lorsque celle-ci se dégagea des nuages. Il scruta la plage déserte s'illuminer sous la seule lumière de l'astre. Un long soupir quitta ses lèvres alors qu'il enleva d'une main ses grosses lunettes noires. Il libéra ensuite ses petites boucles qui voltigèrent légèrement autour de sa tête, puis posa le chapeau à plat sur le sable. La brise passa dans ses cheveux et dans son cou, il s'immobilisa pour apprécier la sensation. Son long manteau tomba à ses pieds dans un bruissement sonore.

Il s'avança de nouveau vers la mer d'huile de ce soir d'été, soulagé de rafraîchir enfin son corps. Son tee-shirt, qu'il avait gardé -on n'était jamais trop prudent-, flottait autour de ses hanches fines. Ses longues jambes pâles vacillaient, légères et maladroites. Un frisson le parcourut lorsqu'il pénétra dans l'eau. C'était vraiment bon de se sentir vivant. Il plongea soudainement et ressortit quelques mètres plus loin, les cheveux complètement lisses et plats. Il laissa l'eau salée le porter alors qu'il se faisait ballotter par les vaguelettes.

Ses pensées s'égaraient pendant qu'il se détendait dans l'infinité de l'océan. Un raclement de gorge lui fit lever la tête et reposer ses pieds au fond de l'eau. Le voilà, son moment préféré de la journée...ou plutôt, de la nuit. Il n'y avait pas beaucoup de moments particuliers et nouveaux dans ses journées, voire pas du tout. Non, en fait c'était le moment de ses journées. Le seul moment qu'il appréciait.

«Tu ne m'as pas attendu.» Ce n'était pas une question, juste une exposition des faits tels qu'ils étaient. C'était toujours comme ça entre eux. Jamais d'accusations ou de jugements, juste eux. «J'arrive.»

Il se dévêtit, enfin c'est ce que Harry supposa puisqu'il s'était remis en étoile de mer, fixant le ciel noir. Il entendit des clapotis puis sentit de légers remous près de lui. Une petite main chaude agrippa son avant-bras, l'obligeant à se redresser.

«Salut», murmura le bouclé en laissant légèrement traîner son regard sur le visage fin de son vis-à-vis.

Il remarqua immédiatement ses yeux gonflés mais ne dit rien pour le moment. C'était leur manière de fonctionner. Ils nagèrent pendant une bonne demi-heure dans le plus grand des silences, se frôlant parfois en se lançant des coups d'œil furtifs. Harry vénérait ces moments, où ils n'avaient pas besoin de parler, ils n'en avaient pas l'envie. Ils profitaient juste de la présence d'une âme silencieuse qui leur tenaient compagnie. Tout le monde avait besoin de compagnie à certains moments. Pas obligatoirement pour parler comme le pensaient beaucoup de personnes. Juste pour être accompagné pour quelques instants de vie, juste pour que pendant quelques secondes, quelqu'un vous regarde, pour vous prouver que vous n'êtes pas rien, que vous existez.

D'un seul regard, comme un accord silencieux, ils remontèrent sur la plage et s'assirent sur le grand manteau de Harry. Chacun était en boule, le visage levé vers le ciel. Le même schéma se reproduisait chaque nuit qu'ils passaient ensemble, alors Harry savait que c'était l'heure des confidences.