Interlude 1

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Éric Tellier osa timidement protester en toussant maladroitement. Cette interruption fit cesser immédiatement le discours du chef d'entreprise, qui braqua un regard noir sur celui qui s'était présenté comme le chef de la Sécurité civile. Stéphane aurait aimé que Croquette soit encore en vie. À une époque, il lâchait tout bonnement l'immonde roquet sur ses invités les moins désireux.

— Arrêtez-moi si je me trompe, fit timidement Tellier, mais vous êtes en train de nous dire que vous avez découvert le holee... par hasard ?

Bigart balaya la phrase d'un revers de main, faisant tournoyer au loin la fumée de son propre cigare. Il commençait à apprécier ce moment. Même si les deux agents venaient pour l'arrêter, ou tout du moins pour l'interroger, il gardait toutes les cartes en mains, jouissif pouvoir accordé par l'argent.

— Hasard, répéta le chef d'entreprise, que je déteste ce mot ! Disons plutôt que je l'ai découvert par accident. Vous croyiez sérieusement qu'il n'en était pas ainsi ? Vous croyiez qu'un vendeur de poulet aurait pu donner naissance à un phénomène encore inexpliqué par les plus grands génies de la physique de notre ère ? Quelle bande d'idiots vous êtes !

Le chef de la Sécurité Civile s'écrasa presque sur place. Son compagnon, Bruno Huscard, semblait quant à lui à deux doigts de ne plus tolérer l'attitude du chef d'entreprise. Stéphane reprit aussitôt la parole, lui empêchant la moindre incartade :

— Non, celui qui aurait découvert le holee par hasard l'aurait découvert dans sa cuisine, dans sa salle de bain, ou que sais-je encore ? Moi, mon holee, je l'ai découvert dans une pièce dédiée à l'expérimentation. Dans une pièce où la température était mesurée chaque seconde et où des ordinateurs gardaient des traces précises de la moindre action effectuée par quiconque. En d'autres mots, dans la seule pièce où il m'était possible de connaître les causes exactes de son apparition. Je ne peux donc croire que ce soit un hasard si j'ai découvert cette chose...

— Vous avez donc commercialisé quelque chose dont vous ne connaissiez même pas l'origine ? grinça Bruno, la voix lourde de sous-entendus.

— C'est ça, faites donc l'innocent ! Votre Gouvernement n'a jamais rien redit sur sa commercialisation. Mais inutile de brusquer les choses. Vous voulez tout savoir sur le holee ? Alors, laissez-moi continuer.

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