Somniloquie (partie 3 de 4)

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Voir la porte du grenier dans ma cave m'a donné une sorte de vertige. Je ne voulais pas l'ouvrir, j'étais effrayé par ce qui pouvait se cacher derrière. Alors, j'ai remonté les escaliers en courant et je suis allé voir si la véritable porte du grenier était toujours à sa place. Ça m'a surpris, mais oui, elle y était. Je suis redescendu à la cave pour m'apercevoir que la porte que j'avais vue là-bas avait disparu. Avais-je pu imaginer sa présence ?

Pensant que je devenais complètement cinglé, je suis sorti de la cave pour m'asseoir sur le canapé un instant. Je me torturais l'esprit, à la recherche d'une explication rationnelle, mais il semble qu'il s'en soit lassé, car j'ai fini par m'endormir, et c'est là que j'ai fait un autre rêve étrange.

Il était semblable à celui que j'avais fait avant. J'étais assis sur la canapé, regardant la télé, quand j'ai entendu un grattement. La seule différence était qu'il venait cette fois de la cave, qui est plus proche que le grenier. Il s'est amplifié et transformé en battements dont je ne pouvais faire abstraction. Je me suis levé du canapé pour y mettre un terme.

Dans mon rêve, la cave était vide. Pas de porte mystérieuse en vue. Les coups et les grattements avaient cessé quand je suis entré. Je remontais alors les escaliers. Le bruit est revenu, mais venant du grenier. J'y ai couru aussi vite que j'ai pu, mais le bruit s'était déjà arrêté. J'ai attendu. Conformément à mon rêve précédent, le pêne a cliqueté, me signalant que la porte s'était déverrouillée. Contrairement à l'autre rêve, cependant, la porte était légèrement ouverte et une main était tendue. C'est à ce moment que je me suis réveillé.

J'avais mis le premier rêve sur le compte d'un esprit trop stressé, mais de là à le refaire ? Ce n'était pas commun, ou du moins pas pour moi. Entre la porte de la cave, et mes cauchemars bizarres, j'étais perdu. J'ai fini par appeler mon ami John.

John, c'est un excentrique. C'est le type de gars qui croit aux extra-terrestres, aux fantômes, aux théories du complot, à l'occultisme et toutes ces choses. Il ne se contente d'ailleurs pas d'y croire, il les étudie aussi. Il sait plus de choses sur Roswell que j'en sais sur moi-même. Étant un sceptique, j'ai toujours pensé que le nombre impressionnant d'informations qu'il possédait était à la limite de l'inutile. J'ai changé d'avis après avoir vu la porte du grenier apparaître dans ma cave. Si quelqu'un pouvait m'aider, ou au moins m'orienter dans la bonne direction, c'était bien lui.

On a parlé tous les deux pendant des heures. Il était fasciné par ce que je lui avais raconté et n'a pas tardé à échafauder plusieurs théories à partir des éléments que je lui avais révélés. Certaines incluaient un trou de ver, une passerelle vers une autre dimension, ou même un bug (une de ses théories préférées est que le monde dans lequel nous vivons n'est qu'une simulation). Il m'a dit qu'il ne pouvait être sûr de rien sans avoir vu le phénomène par lui-même. Malheureusement, il habitait trop loin pour venir me rendre visite comme ça.

Loin de me laisser les mains vides, John m'a donné quelques conseils pour la suite. Quand je lui ai dit pour la voix que j'avais enregistré et les rêves que je faisais, il s'est penché sur l'idée du fantôme. Il pensait qu'il y en avait peut-être un qui essayait de communiquer avec moi. Il m'a dit de mettre le dictaphone dans la cave et de poser quelques questions à l'esprit. Je pourrais écouter l'enregistrement après pour la voix. Il m'a aussi recommandé de faire la même chose dans le grenier.

Bien que peu convaincu par ses méthodes, je lui ai promis que j'essayerais. Après tout, je ne pouvais pas juste m'asseoir en espérant que la situation se résolve d'elle-même. Je n'aimais pas l'idée de monter au grenier, mais il fallait bien que je tente quelque chose.

Dès que j'ai raccroché avec John, j'ai mis son plan en action. J'ai commencé par la cave.

Je suis descendu à la cave et j'ai lancé l'application pour enregistrer de mon téléphone. J'ai commencé à poser quelques questions, en faisant une pause entre chaque, pour que la chose puisse répondre. Je lui ai demandé des choses banales, comme son nom, son âge et ce qu'elle voulait. Après environ cinq minutes d'interrogatoire, j'ai stoppé l'enregistrement pour écouter.

J'ai dû m'écouter en train de poser ces questions un million de fois, espérant que je distinguerais quelque chose sur l'enregistrement. A mon grand désarroi, personne ne me répondait. L'aventure allait donc continuer dans le grenier.

J'ai monté à contrecœur les marches menant au grenier. Je suis resté un moment à fixer la porter, avant de prendre une grande inspiration et de déverrouiller ce foutu pêne.

Il n'y avait rien dans la pièce, à part les biens ayant appartenu aux anciens propriétaires.

Quand j'ai acheté la maison, elle avait besoin d'être un peu rénovée, pour tout vous dire. Les propriétaires avant moi n'avaient pas le câble, pas l'électricité et la plomberie était plus que douteuse. De plus, ils avaient laissé toutes leurs affaires ici. Je me suis débarrassé de la plupart, mais je n'ai pas touché à ce qui était dans le grenier. Je n'avais pas besoin de cet espace, et je ne voulais pas dépenser plus d'argent pour vider la maison.

J'ai un peu regardé ce qui se trouvait au grenier, curieux de voir ce que, techniquement, je possédais.
C'est ainsi que j'ai trouvé quelques trucs intéressants, comme une vieille carte postale de Paris, un étrange collier pour chien, et un livre sur la sorcellerie. Le malaise a surgit pendant que je parcourais ma nouvelle collection. Le plafond anguleux, les antiquités et la grande fenêtre avec vue sur ma cour donnaient un certain charme à la pièce, mais j'avais toujours cette répulsion pour les greniers.

J'ai appuyé sur le bouton pour enregistrer avant de poser mon téléphone au milieu du grenier. J'ai posé les mêmes questions que dans la cave, mais en laissant moins de temps entre chaque. Je voulais vraiment foutre le camp d'ici au plus vite. Avant d'arrêter l'enregistrement, j'ai pensé à quelque chose. Peut-être que l'esprit allait répondre si je lui posais la même question que dans mon sommeil.

Je me suis éclairci la gorge et j'ai demandé : « Où es-tu ? »

Après cette dernière question, j'ai appuyé sur le bouton stop pour écouter l'enregistrement. Il était presque comme celui de la cave : des questions sans réponses. Ce n'est qu'à la fin, après la dernière question, que j'ai entendu un murmure familier.

« Derrière toi. »

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