Dangereusement attirant

Owen

Point de vue de Kelly :

Je me cognai violemment contre cette personne en lui écrasant au passage le pied, non intentionnellement.

Mon bras me fit affreusement souffrir mais j'essayais de ne pas le montrer.

Je relevai la tête et jetai un rapide coup d'oeil à cet homme.

Non à ce jeune-homme.

Il me regarda de travers et me dit distinctement :

-Tu viens de me marcher sur le pied.

-Cool. Je n'en ai que faire.

Je le contournai et fis quelques pas mais sa main attrapa mon bras. Le mauvais bras. Je réprimai un cri de douleur et levai mon autre main pour dégager la sienne mais il me tenait fermement.

-Tu vas où Baker ?

-Vous me faites mal lâchez-moi !!!! ordonnai-je

Il enleva sa main, à ma plus grande surprise, l'observa et dit :

-Qui t'a fait ça ?

-Mais vous êtes qui vous d'abord !!?? questionnai-je telle une enfant de cinq ans, en ignorant sa question et en essayant de passer

-Répond.

-Personne. Laissez moi partir.

-Non, je dois t'emmener à l'hôpital.

-M'en fiche. Bouge ou sinon tu vas le regretter. déclarai-je

J'avais décidé d'abandonner le vouvoiement, c'était lourd.

-Écoute, tu dois venir avec moi, je suis de ton côté.

-Mais oui, c'est cela. dis-je à la rigolade

Sauf que devant son air hyper sérieux, je me ressaisis.

-Prouve-le. lui intimai-je

-Comment ? interrogea-t-il

-Comme quelqu'un de mon "côté" comme tu dis, l'aurait fait.

Il sembla réfléchir quelques instants et me dit simplement :

-Le Lundi 17 Juin.

L'évocation de cette date me fit l'effet d'un coup de poignard.

Un jour qui, certes,  n'avait pas été oublié mais dont les souvenirs très nets étaient quelque part enfouies en moi.

Les larmes commencèrent à border mes yeux mais je me contrôlais.

Je le regardai attentivement et lui dis mine de rien :

-Qu'y a-t-il ? Pourquoi cette date ?

Il baissa les yeux.

-Le jour où une bien gentille personne nous a quittés. Et je sais que cela peut te paraître étrange de la part d'un inconnu, mais je suis désolé et je compatis ; je sais ce que ça fait de perdre quelqu'un qu'on aime et qui...

-Tais-toi !!!! Ne me parle pas d'elle. Comment la connais-tu ? ai-je dit, au bord des larmes.

Le jour de la mort de ma Maman. Le jour où elle s'est faite renversée.

Le jour où ma vie a changé. Définitivement.

Sans doute les gouttelettes salées commençaient déjà à perler sur mes joues enflammées.

-Je ne l'ai vue qu'une fois mais j'ai été frappé par la bonté, la franchise et la sagesse dont elle faisait preuve. Alors maintenant, si tu ne me crois pas, libre à toi de partir, j'aurais fait ce que je devais faire. affirma-t-il en se mettant sur le côté