— « J'te laisse avant que ton frère débarque. J'ai pas envie qu'il te prive de sortie. » Lâcha-t-il avant de s'en aller sans se retourner.

[...]

Après toute une après-midi à ausculter des détenus j'étais exténuée et j'avais qu'une seule envie, enfin rentrer chez moi et profiter de mon vendredi soir.

C'est aux environs de dix-neuf heures que j'suis arrivée dans mon quartier. J'étais en train de marcher en direction de mon bâtiment lorsque j'ai aperçus des connaissances de mon frère. J'ai songé à aller les saluer mais en voyant qu'ils étaient en pleine conversation je me suis ravisée.

— « Mais il s'est mit dans un bourbier tout seul, lui. » Entendis-je en passant près d'eux.

— « Ah mort. J'sais pas comment il va faire parce que gérer son bizz derrière les barreaux c'est chaud hein. » Ajouta un autre.

— « En plus, là les gars de Zacko ils sont partout. Rien qu'ça vole ses clients. »

— « T'façon il lui reste qu'un an à tirer, si il s'tient bien. Mais au calme, Konan il est pas con, obliger il va trouver une solution. »

En entendant le nom de mon frère j'ai froncé les sourcils. De quoi ils parlaient ?

[...]

J'ai passée tout le week-end à cogiter là-dessus et de retour au travail je n'arrivais toujours pas à me sortir mes doutes de la tête. J'avais passée la matinée à classer et mettre à jour les dossiers médicaux des détenus pour garder mon esprit occupé parce que je savais que si je restais inactive j'allais recommencer à repenser à la conversation que j'avais entendu en rentrant chez moi.

Lorsque la sonnerie du déjeuner a retentit j'ai quittée mon cabinet pour me rendre dans le réfectoire. J'étais assise en train de manger –enfin plutôt de cogiter– quand j'ai aperçus quatre plateaux se poser. J'ai levé les yeux et sans surprise, il s'agissait de Konan et de ses fidèles acolytes.

— « Wesh wesh ma femme ! » Cria Bilel comme à son habitude.

— « Quelle femme ? J'vais t'goumer toi ! » Menaça Konan.

Il lui a donné un coup de poing dans l'épaule.

— « Aïe ! Melyna dit-lui qu'on s'aime ! »

J'ai soupiré en souriant. J'en ai marre de lui.

— « Konan on peut parler ? J'dois te dire quelque chose. »

— « Ouais, mais j'espère pour toi que c'est pas pour me dire que t'es enceinte. »

— « Quoi ?! Mais... » M'écriai-je en éclatant de rire.

— « Gros on sait jamais avec vous les meufs ! Dès que les grands-frères se barrent, c'est la fête dans vos culottes on sait pourquoi. » Continua-t-il.

On s'est levé de la table sous les rires des autres avant de s'éloigner un peu du reste du groupe. En nous voyant nous éloigner, les gardiens présents dans le réfectoire m'ont demandé si il se passait quelque chose mais je leur ai fait signe que tout allait bien. On s'est posé contre un mur avec Konan.

— « Qu'est-ce qu'il y'a ? » Commença-t-il.

— « Tu vends de la drogue depuis la prison ? » Chuchotai-je.

— « Quoi ?! » S'écria-t-il en fronçant les sourcils.

— « T'as très bien compris ! J'ai entendu les mecs de la cité dire que tu gérais ton réseau à travers les barreaux ! »

Il y'a eu un silence. J'ai essayé de sonder son visage pour savoir si il était stressé ou autre, mais rien. Le gars était impassible.

— « Et tu les crois ? »

— « Bah à toi d'me répondre, tu continues tes bails ? »

— « Mais continuer pour aller où en fait ? Bien sûr que j'ai arrêté wesh, comment je pourrais faire ça alors que j'suis en prison ? Mely t'es sérieuse quand tu doutes là ! »

Il m'avait l'air un peu irrité. Est-ce que c'étais parce que je doutais de lui ou c'était parce que j'avais touchée dans le mille ?

— « Je voulais juste être sûre, c'est tout... »

— « Bah j'te le dis, j'suis clean ! » Dit-il en passant son bras autour de mes épaules. « Écoute plus les gens quand tu rentres au quartier, ils ont trop la bouche pour rien. »

— « Hum... »

On s'est redirigé vers notre table et j'ai commencé à cogiter. D'un côté j'étais rassurée mais d'un autre côté j'étais perplexe. Je sais pas pourquoi mais j'arrivais pas à le croire.

© Black. 2022

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