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GOÛT   POUR   NOTRE   F I C T I V I T É

Dimanche matin Grey apparut devant ma maison et me proposa d’aller à la rivière Lovelace, nommée après la fille du premier maire de Riverside. Je ne voulais pas y aller, mais Grey me convainquit, ses beaux yeux gris me convainquirent. Grey et moi parlâmes de notre fictivité et je lui racontai ce qui c'était passé avec Drew. Je n'aimais pas ne pas exister, et ne pas me contrôler. Grey essayait de voir le bon côté des choses. Grey était optimiste et j'étais cynique. Je commençai à me douter pourquoi A nous avait rendu amis.

- Je pense qu'on est bien ici, déclara-t-il.

- Tu veux dire que tu aimes être entre les mains d'un autre ?

- Non mais tu vois bien que les failles ne sont pas dangereuses, elles ne sont même pas gênantes. On n'aura jamais à payer des taxes, à chercher un appart pas cher, à trouver un job… à s'inquiéter de IST. C'est plutôt bien ?

- Moi je ne veux pas vivre si je ne contrôle pas mes pensées.

- Ne dis pas de bêtises Jade !

Grey était devenu conscient puis avait décidé d'ignorer tout ça. Quel gâchis ! Je regardai ses yeux gris tristement. Je ne voulais pas vivre. Je ne vivais pas. Mais avait-il raison, de suivre le courant des choses ?

- Grey, je ne vais même pas décider de qui j'aime. Je vais finir avec Drew. Je ne veux pas finir avec Drew.

Je pleurais. Je pleurais silencieusement. Je n'ai jamais vécu, je ne vivais pas, je ne vivrais pas.

- Gey, je n'existe pas. Je ne vie pas. Tu ne vis pas.

Grey s'approcha de moi, le vent faisait bouger mes cheveux - mais ce vent n'existait pas non plus - puis il essuya mes larmes.

- Nyx, tu existes ici. Ce n'est pas ce que tu as rêvé mais ça pourrait l'être. Tu contrôles plus de choses que tu ne le penses. Ici nous sommes immortels, le chagrin s'en va plus tôt avec les failles, les blessures guérissent plus vite que la science le prédit pour aimer plus fort que les “vrais” gens.

- Je ne me rappelle pas de mon enfance… continuai-je.

- Mais c'est le présent qui compte. Le temps passent moins vite si on le souhaite. Reste ici, et vie notre réalité fictive.

Je le regardais, il était beau. Bien joué A. Mais il n'allait pas me convaincre comme ça. Je n'allais pas succomber à ses yeux gris.

- De toute façon tu as été envoyé par A pour me dire tout ça. 

××  July  ××

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