Jusqu'à ses derniers souffles | Raulson

Treize

Début avril

En ce mardi matin, j'ai entendu qu'une certaine jeune patiente atteinte d'un cancer du poumon devait se présenter en début d'après-midi pour une radiographie. Je ne voulais pas me faire d'attentes, mais j'espérais que ce soit Lily. Simplement pour la revoir et lui parler. J'avais une sorte de besoin de lui donner des excuses pour mon attitude de la dernière fois. Ne me demandez pas pourquoi, mais j'ai eu peur qu'elle me trouve trop proche et à y repenser je me sens de plus en plus mal à l'aise. Je souhaite que ça ne soit pas le cas chez elle aussi. Elle souffre tant ces moments, je ne veux pas être l'intruse qui se faufile dans sa vie privée à ses derniers moments de vie. J'ai jugé que mes réactions étaient peut-être trop intenses. Donc, je me suis tenue proche des salles de radiographies pendant quelques instants. Je savais que je ne pouvais pas perdre du temps, mais j'essayais d'être là au bon moment.

Comme je l'avais calculé, Lily se pointa d'avance aux alentours de treize heures vingt. Je fis plusieurs pas autour, pour ne pas l'effrayer du fait que je sois déjà là. Elle commença par me dévisager, ce qui me fit regretter mon acte, mais elle me sourit mesquinement par la suite. Je pus donc expirer un bon coup.

- Hey, mademoiselle Rabe.

- On est revenue à mademoiselle Rabe, dit-elle surprise.

- Hum, Lily, alors. Je ne sais juste pas trop comment t'aborder.

- Oh, ça va, mademoiselle Paulson. Hum, non, Sarah.

Elle me fit un de ses innombrables clin d'œil.

- Je suis désolée, déballai-je rapidement.

- Quoi ? Répondit-elle avec plusieurs secondes de décalage.

- Oui, pour mon attitude.

- Ton attitude ? Voyons, tu es une des membres du personnel les plus attentionnées ici ! Tu n'as rien à te reprocher.

- Peut-être suis-je attentionnée, oui, mais je ne veux pas empiéter ta vie privée.

- Ma vie privée ?

- Oui, ta vie privée. J'ai l'impression que parfois je m'avance trop. Que parfois tu es plus qu'une simple patiente.

- Mais Sarah, dit-elle avec un trémolo dans sa voix. Je... Je ne te voyais pas comme une simple infirmière non plus.

- Non ?

- Non, bien sûr que non. Il y a quelque chose de différent. Et j'adorais m'ouvrir plus à toi. Peut-être cela pourrait être réciproque aussi. J'aurais aimé te connaître différemment. Et... Plus longtemps, d'ailleurs.

- Je... Je me m'attendais pas à ce que tu me dise cela. C'est comme si un poids venait de se retirer de mes épaules. J'avais si peur que tu m'en veule.

- T'en vouloir ? Oh non!

« Mademoiselle Rabe ? »

Une voix d'homme résonna à ce moment de notre conversation. Le radiologue dit à Lily que c'était le moment de son examen. Je m'éclipsai, souriant au spécialiste et en faisait un signe d'au revoir à mon amie.

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she said friend duh