Chapitre trois

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Les deux compagnons ne marchèrent pas très longtemps avant de tomber sur une petite habitation au bord de l'eau.

— Allons voir s'il y a quelqu'un, proposa Ganadi, mais restons méfiants. Ma tête était affichée à Saro, elle l'est peut-être ailleurs. Alors au moindre souci, on file !

— Oui, acquiesça son ami. Allons-y prudemment.

Une fois devant la porte d'entrée, Ganadi toqua. Quelques secondes plus tard, la porte en bois s'entrouvrit et une vieille dame passa la tête. En le voyant, elle parut déconcertée.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle d'un ton inquiet.

— Bonjour madame, nous sommes deux honnêtes voyageurs qui veulent uniquement traverser le fleuve. Pouvez-vous nous aider ? Nous avons de quoi payer. Il sortit sa bourse pour le lui prouver.

— Vous n'êtes que deux ? Entrez, mon mari est parti chercher des provisions à Kola et il ne devrait plus tarder, annonça-t-elle, en ouvrant la porte et en fixant Ganadi. Laissez vos armes ici s'il vous plaît. Si vous voulez boire quelque chose en attendant, suivez-moi. Puis elle les emmena dans la pièce à vivre, où une théière sifflait sur le feu.

— C'est très gentil de votre part d'accepter de nous aider, dit-il.

— C'est normal, de nos jours on ne voit plus beaucoup de monde mon mari et moi, alors cela fait toujours plaisir de pouvoir aider, répondit la dame, une drôle d'expression sur le visage.

Un bruit d'eau se fit alors entendre par la fenêtre ouverte, sûrement le mari qui venait d'accoster. Une lueur mêlant à la fois peur et victoire passa furtivement dans les yeux de leur hôte. Ganadi jeta un regard à son ami, et le surprit en train de jouer nerveusement avec une brindille. La dame se leva et se dirigea vers l'unique fenêtre de la pièce. Il en profita pour sortir quelques pièces d'or de sa bourse et les mettre au fond de sa poche, de façon à ne pas avoir à la sortir devant le mari de la vieille femme.

— C'est lui. Restez là, je vais lui expliquer la situation. Je reviens tout de suite. Puis elle se dirigea vers l'entrée d'un air inquiet.

Une fois leur hôte dehors, Ganadi chuchota à son ami :

— Quelque chose ne va pas. Cette pauvre femme a peur, cela se voit.

— Tu crois ? demanda-t-il en se levant. « Alors préparons-nous ! ». Il alla discrètement dans l'entrée, et en revint quelques secondes plus tard, une dague dans chaque main. Il en donna une à son ami, et se rassit à ses côtés, les dagues cachées sous la table.

Après plusieurs minutes, la porte s'ouvrit et un gros homme chauve entra dans la petite maison, et fixa les deux compagnons de route l'air méfiant.

Avec un sourire forcé, il lança :

— Bonjour. Ma femme m'a tout raconté. Nous pouvons effectivement vous faire traverser. Je vais juste vous poser quelques questions d'abord, afin de m'assurer que vous n'êtes pas des brigands. Désolé, mais on n'est jamais trop prudents.

— Entendu, répondit Ganadi en se détendant. Nous répondrons à toutes vos questions, seulement nous sommes pressés. Nous avons de quoi généreusement payer vos services.

— D'où venez-vous ? Et pourquoi voulez-vous traverser le fleuve ? Demanda le mari en fronçant légèrement les sourcils.

— Nous venons de Betola. Nous nous rendons chez ma tante à Kola. Puis en désignant Yergan, il dit :

— Voici mon petit frère.

L'homme parut réfléchir à toute vitesse. Puis en se tournant nerveusement vers sa femme qui n'avait pas fait un geste, il lâcha à l'intention des deux garçons :

Ganadi - Tome I : Le pays de MénaiWhere stories live. Discover now