2 ● Foule névrosée

Depuis le début
                                    

- Excusez moi, je ne voulais pas vous faire peur, je balbutie en attrapant chaleureusement ses épaules. 

Mais je les lâche aussi vite que je ne les ai touchés. Pourquoi les épaules ? Bonne question. Heureusement que ça n'avait pas été le nez. Après de longues secondes silencieuses, je reprends, un peu plus gênée qu'à mon uppercut. 

- Je me demandais... Savez vous de qui s'agit-il ? 

- Absolument pas, une star hollywoodienne probablement. 

La femme d'une cinquantaine d'années, fatiguée par ma présence, attrape le cadi caché derrière son dos. Elle me fait signe de l'accompagner un peu. Cela me fait penser que depuis quelques jours, les personnes sont devenues plus bavardes. Ou, c'est peut être moi l'homme des cavernes, finalement. 

- J'ai lu ça dans un article ce matin, plusieurs acteurs et actrices sont arrivés à Paris pour des avant première. 

C'est alors que je me souviens ! Il y a le UGC à deux pas. 

- Il ne s'agirait pas de... Brad Pitt, par hasard ? je lui demande avec un sourire coquin. 

Mais je crois qu'elle ne comprend pas mon petit jeu d'acteur. Elle souffle comme un bœuf, faisant passer tout mon corps comme coquin, et pas seulement mon sourire. 

- Non. 

- Oh... D'accord... C'est dommage, je lance tout de même. 

Je croise son regard et me mets à rire. Un léger sourire se dessine au coin de ses lèvres. 

- A vrai dire, je ne sais pas qui se trouve dans ce cinéma... m'avoue t-elle. 

Lorsque la dame dérape dans une ruelle, je la rattrape. 

- Ce n'est pas ma rue, madame, mais je vous remercie pour ce petit moment ! 

- Au revoir.

Avant de s'aventurer dans la ruelle, la dame tourne sur ses talons. 

- Si vous n'êtes pas pressée, n'hésitez pas à aller dire un petit hello à Brad Pitt de ma part. 

Je lui souris, puis me sentant soudainement pressée, je fonce sur mon chemin. Après avoir écouté Roger et l'exposé de mon voisin de 73 ans sur les contres d'adopter un chien, je monte les marches deux par deux et ouvre la porte. Fley ! 

- Salut, bonhomme, dis- je en me baissant pour le caresser. 

Le coquin met ses patounes sur mes cuisses et en profite pour mettre des poils un peu partout sur moi. Désormais transformée en peluche, je rentre dans mon appartement, pose mon sac et m'écroule dans mon canapé. Prête à sombrer, Fley me ramène à la vie en m'apportant son harnais. Je le lui enfile, me remettant en question : comment il a pu l'attraper sur l'étagère ? 

Une fois préparé pour la sortie, Fley me lève. Je passe par la cuisine pour lui proposer un verre d'eau. Puis je le fais pour moi. En changeant de verre. Avec un vrai verre, cette fois ci. J'attrape d'une main le carré de chocolat tristement abandonné sur le buffet et de l'autre, la laisse de Fley. Je n'oublie pas de prendre le frisbee avec mon pied, puis nous sortons. Comme des grands. 

Affalée sur la pelouse, je peine à donner de la vie à mes lancers de Frisbee. 

- C'est bien Mammouth ! dis je en le félicitant lorsqu'il me ramène l'objet la première fois. 

Puis j'abandonne pour les 46 fois suivantes. Peu à peu hantée par les restes du morceau de chocolat gobé cachés dans les coins les plus sombres de ma gencive, je ramène Fley à la maison pour préparer du... r..i..z. pour ce soir.

Tom Holland - Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant