7› des mouches et des araignées en sortent

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- Tu m'as dit de ne pas regarder en bas !

- OK, les reflets de mes yeux alors. C'est bien ! Regarde, tu ne trembles plus.

- Mais j'ai toujours mal ! Et mon manteau me gêne putain, pourquoi tu m'as pas dit d'enlever mon manteau ?

- C'est bon, tout va bien se passer. Respire.

- ...

- ...

- ...

- Ça va mieux ?

- Je t'emmerde.

- Super. Maintenant on va changer de sujet pour que tu -

- Zach, je veux descendre.

- On va attendre juste quelques minutes.

- Mais je peux pas !

- Bien sûr que tu peux, ce qu'il faut c'est que tu le veuilles. Allez, dis-toi que c'est un nouveau défi !

- La ferme avec ça !

- Dans quelques minutes, la lune sera assez haute dans le ciel pour que tu puisses la voir. Il fait noir et les conditions météorologiques sont parfaites. Ciel dégagé, pas de...

- Accouche !

- Ce sera un moment charmant. Du genre inoubliable. Alors on attend.

- Ce sera un moment hyper cliché, ouais ! Et je refuse d'être un cliché ambul-

- Tu es tout sauf un cliché ambulant.

- ...

- ...

- Bon, tu vas te décider à me parler de ton sujet pour me changer les idées ou quoi ?

- Oh, tu restes ! Génial. OK. Alors... en fait, j'en ai pas.

- Quoi ? Mais tu -

- Toi ! Toi, choisis. Au moins, tu seras satisfaite.

- Moi ? Mais je - d'accord ! Alors raconte-moi comment tu t'es fait renvoyer de ton lycée.

- ...

- Allez, parle-moi bordel je recommence à trembler !

- OK, d'accord. Je vais te raconter l'histoire. C'était... Au début de l'année de terminale. Ça peut-être difficile à croire mais à l'époque, j'étais très populaire, toujours entouré et invité, les gens aimaient bien mon petit numéro. J'avais l'impression d'être aimé et d'avoir des amis, ma vie se passait tranquillement et je savais que je resterai dans les annales des gars les plus cool du lycée. Un jour, j'ai réalisé que ce n'était que du faux, que je n'avais jamais été moi-même et qu'aucun de mes soi-disant amis n'en avait réellement quelque chose à faire de moi. Je ne voulais pas y croire, j'ai fait des expériences sociales, j'ai essayé d'aborder le sujet avec eux. Et c'est cette conclusion, celle que j'étais complètement seul qui m'est arrivée en pleine tête. Pour la faire courte, le choc a été si violent que j'ai eu énormément de mal à l'accepter. Mon monde s'est effondré alors j'en ai voulu à tout le monde et j'ai cassé les plombs.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Le gars se faisait appeler Ben. Il n'avait rien de particulier, si ce n'est l'habitude d'être un gros lourdeau. Contrairement à d'autres, il n'était pas méchant, même pas un peu... Bref, il m'a fait remarquer que les gens se mettaient à me détester et en rigolant, il m'a dit que j'allais crever seul si je continuais comme ça.

- Et ?

- Je l'ai explosé.

- Tu l'as explosé ?

- Devant tout le lycée et sous l'œil des caméras de sécurité. Je ne sais toujours pas pourquoi je m'en suis pris à lui plutôt qu'à quelqu'un d'autre. Ce n'est même pas lui que je détestais le plus. À vrai dire, il ne le méritait pas. Mais je ne regrette rien, c'était nécessaire et Ben s'est fait implanter une nouvelle dent alors tout va bien !

- Putain, c'est complètement din-

- Tiens, regarde qui voilà ! Plus resplendissante que jamais, je te l'avais dit ! Observe cette grande dame qui veille sur l'humanité depuis le début. Elle est notre grand-mère à tous. Allez, salue-la, on doit tous le respect aux anciens !

- Il suffit que la lune se pointe et ça y est, le taré en toi est de retour.

- Je n'y peux rien, elle éveille en moi quelque chose de profondément ancré, c'est presque primitif... Comme les crabes qui retrouvent immanquablement le chemin de la mer en période de marées à grands coefficients.

- Et maintenant tu te compares à un crabe. Ça va vraiment pas mieux.

-  Ça y est, c'est parfait. C'est le moment de le dire.

- Dire quoi ?

- Bienvenue chez moi, Ana. Ce refuge sous le pont m'est très important et tu es la première à y être invitée. Voilà, c'est juste que je trouvais que le dire avec le spectacle de la lune et sa lumière qui éclaire nos visages rendait le moment encore plus inoubliable.

- Oh quel privilège j'ai d'être ici ! Et quel accueil aussi. Les tremblements, la boue, tout ça... Vraiment, j'apprécie.

- Et la lune, tu oublies la lune.

- Ah oui, la putain de lune qui te transforme en crabe. Génial. Maintenant, on descend.

- C'est toi qui l'a dit ! À tout de suite, Ana, et nique le système capitaliste !

- Non ! Attends !

- ...

- Zach, sors de l'eau tout de suite et dis-moi comment descendre putain !

- Comme ça. Allez, saute, ça fait du bien tu verras !

- Dieu merci, tu es là. Et après la France, le système capitaliste, tu es tellement cliché !

- Je sais !

- Putain, je dois vraiment sauter ?

- Si tu te sens capable de ramper, pas obligatoirement ! Mais quelque chose me dit que je t'ai déjà vidée de toutes tes forces.

- Connard !

- Allez, viens avec moi te métamorphoser en crabe, ça va être sympa.

- Je te hais et même plus, je t'abhore.

- Allez !

- J'espère que tu mourras dans d'atroces souffrances ! Aaaaah !

- ...

- Putain, l'eau pue, c'est dégueulasse, merde !

- Tu as fait un gros splash quand-même.

La différence entre vivre et mourirWhere stories live. Discover now