L'emprise de l'Alpha

Chapitre Seize

- Il ne faut jamais qu'elle sache.
- Mais ce sera forcément le cas. Il viendra la chercher, sois-en sûr.
- Je sais, s'énerva Milan. Mais je ne le laisserai pas me la prendre.
- Et si elle part avec lui de son plein gré ?

Milan se leva, trop agacé par ce sujet sensible qui le rendait plus que nerveux.

- Ça n'arrivera pas, parce qu'elle m'appartient. Peu importe ce qu'il lui dira, elle reviendra toujours vers moi. Je suis son âme-soeur.

Caleb baissa la tête quelques secondes. Il avait longuement appris à connaître Aliyah et connaissait désormais son tempérament de feu. Elle n'était pas comme les autres. Elle n'était pas le genre de femme que l'on pouvait canaliser. Elle était pleine de fougue, d'une vivacité et d'un courage incomparables. Et dans quelques temps, elle deviendrait une véritable machine de guerre.

- Et quand lui diras-tu que sa vie n'est qu'un mensonge, qu'elle n'est pas qu'une humaine mais une demi-louve ? Une hybride plus précisément ?
- Je dois le faire, mais je ne sais pas comment m'y prendre. Elle n'acceptera pas la vérité et risque d'avoir des réactions excessives.
- Elle sera assez forte pour accepter la nouvelle, Milan. Et plus tôt elle saura mieux ce sera. Pour elle ainsi que pour nous.

Milan savait que son ami avait raison mais il n'eut pas le temps de répondre qu'un raclement de gorge les surpris tous les deux. Ils étaient tellement pris dans leur conversation qu'ils ne l'avaient pas entendue arriver.

Aliyah était dans le cadran de la porte, sublime, habillée seulement d'une chemise appartement à Milan.

- Je peux savoir quelle nouvelle je suis censée accepter ?

***

Elliott se passa les mains sur le visage, énervé. Il avait passé la nuit et la journée enfermé dans son bureau, à chercher le moindre indice sur l'endroit où se trouvait Aliyah. Il avait engagé des équipes pour la retrouver, mais elle semblait avoir définitivement quitté le territoire des humains. Il ne lui restait plus qu'à attaquer celui des monstres.

Cela serait bien plus compliqué et il le savait. Il avait beau avoir les meilleurs soldats du pays à son service, il n'en restait pas moins humains. Toutes ces créatures de Satan avaient des dons, des pouvoirs, des sens bien plus puissants et développés. C'était là toute l'injustice de la vie. Si vous œuvriez pour le bien, nous n'aviez rien, si vous œuvriez pour le mal, vous aviez tout.

- Elliott je t'en prie, il faut que tu te ressaisisses.

June essayait désespérément de remettre son ami sur le droit chemin. Elle aimait Aliyah malgré son identité, son côté loup-garou, en fait, malgré tout. Elle l'aimait comme une soeur. Elle aussi voulait retrouver sa meilleure amie mais pas dans les conditions d'Elliott qui ne voulait que la tuer.

- Elle n'est pas une mauvaise personne ! C'est une femme bien !

Agacé par l'entente de telles bêtises, Elliott se leva et tapa violemment sur sa table.

- Tout le problème est là, June ! Ce n'est pas une femme mais un monstre ! Du sang de démon coule dans ses veines.

La jeune métisse n'arrivait pas à comprendre comment il avait pu oublier si rapidement l'amour qu'il portait à sa femme. Celle qu'il paraissait tant admirer, aimer, choyer. Aujourd'hui, il n'avait plus que la haine dans les yeux. Mais June se rassurait en justifiant sa méchanceté par sa tristesse. Elliott était profondément blessé.

Ce qu'elle ignorait, c'est qu'il ne comptait pas s'arrêter là. Peu importe le temps qu'il lui faudrait, il la retrouverait et se vengerait. Elle l'avait manipulé, il allait la tuer.

***

Aliyah se mit à courir à travers le village, sous le regard curieux de quelques membres de la meute. Elle pleurait et prenait de la vitesse pour ne pas se faire rattraper, même si c'était peine perdue, elle en était consciente.

Par chance, les grandes portes étaient entrouvertes, bien que gardées par des loups-garous attentifs et prêts à défendre leur territoire au moindre mouvement suspect venant de l'extérieur.

Quand la jeune femme les atteignit, elle se sentit libérée de ce fardeau qu'elle venait d'apprendre, malgré sa soudaine crainte de la forêt.

Dans ce village immense, elle avait l'impression d'être en sécurité, même si elle était entourée de dangereux loups-garous. Alors qu'à l'extérieur, la peur ne put l'empêcher de l'envahir. Elle était vulnérable.

Elle continua de courir tout droit, espérant trouver de l'aide ou n'importe quel commerce qui lui permettrait de rentrer chez elle.

Mais avait-elle encore un foyer ?

Alors qu'elle s'imaginait déjà Elliott la rejeter, elle percuta violemment un homme qui venait d'apparaître devant elle a une vitesse phénoménale.

Les fesses sur le sol, elle put reconnaître facilement la silhouette de Caleb qui lui bloquait le passage vers la liberté.

- Laisse-moi partir ! Cria-t-elle.
- Je sais que ça fait beaucoup à accepter, que tu viens de vivre des choses très difficiles et éprouvantes... Mais tu dois accepter la vérité, Ali'. C'est pour ton bien ! Tu es en danger à l'extérieur.

Aliyah n'en avait que faire, elle voulait juste partir loin afin de ne pas avoir besoin d'accepter la vérité. Que pouvait-il lui arriver de pire qu'apprendre qu'elle faisait partie des leurs?

Cela pouvait n'être qu'un vulgaire mensonge, une invention de la part de ses nouveaux "proches" pour l'amadouer et la manipuler.

- Arrête de vouloir me retenir, Caleb. Laisse-moi passer.

Il secoua la tête en se tenant face à la jeune femme à laquelle il s'était beaucoup attaché, prêt à la retenir si elle essayait de s'enfuir encore.

- Il en est hors de question, Aliyah, déclara une voix rauque qui fit frissonner l'entièreté de son corps.

Elle se tourna rapidement, pour trouver Milan, à environ deux mètres d'elle, lui aussi prêt à l'attraper si elle tentait quoi que ce soit.

- Il est temps que tu saches d'où tu viens.

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