Bundy parlait de la pornographie comme facteur aggravant, de nos jours la plus grande menace c'est l'existence même d'internet où circule toutes sortes de photos, vidéo, témoignages, biographies, ... Des tueurs naissent partout dans le monde sans que leur entourage n'en soupçonne l'existence.

"Tu dois avoir une belle collection toi aussi depuis le temps." Elle me demande comme à chacune de nos rencontres.

Elle a raison mais la vérité c'est que je n'arriverai pas à me séparer d'une seule lettre ou même de la bougie offerte par Lukka.

J'ai toujours estimé que je valais mieux que Sondra ou Vicky mais si je l'ai invitée aujourd'hui, c'est parce que je n'en suis plus si sure.

"Je... tu sais que l'Etrangleur a été arrêté.

- Où est-ce qu'il est ?" Quand le naturel revient au galop.

Mon expérience de la criminologie m'a appris qu'on se sent rarement coupable de ce que l'on a fait, beaucoup plus fréquemment de ce que l'on a fantasmé. C'est mon cas, mais certainement pas celui de Vicky qui n'a honte de rien. C'est très clair. 

Alors que je suis hantée par un désir qui grandit de jour en jour. Je commence à fantasmer une vie qui serait plus folle, plus riche et surtout illégale et malsaine. Je rêve d'une relation forte et unique avec Chris Ford, si seulement il acceptait de s'ouvrir à moi.

Entre Vicky et ses "compagnons" il existe un lien étrange. Je ne sais pas comment elle a réussit à obtenir leur confiance pour qu'ils se livrent à elle. Je la crois extrêmement douée sur le plan psychologique et je veux qu'elle m'apprenne.

"Il est à Columbia.

- Tu as demandé déjà une accréditation ?

- Oui et je dois attendre."

En effet c'est au détenu d'accepter ou non la visite. Il peut la refuser comme il peut décider de son horaire. Quelques minutes en fin de matinée ou la journée entière. Il peut aussi mettre fin à l'entretien lorsqu'il le souhaite.

On nous apporte deux grandes tasses, recouverte de crème fouettée. Ici je laisse tomber mes barrières, nous sommes presque les mêmes. Pour nous il n'y a pas de bien ou de mal. Seulement des êtres humains. Bien que l'idée de se faire de l'argent sur le dos de victimes me répugne, je dois admettre que Vicky est tout à fait saine d'esprit et au fond, elle ne s'est jamais laissée séduire par un tueur. Au contraire c'est une as de la manipulation. Tous sont fous d'elle, lui offrent dessins et cadeaux en tout genre.

Elle vend le tout et leurs reverse une très mince commission.

J'envie Vicky et son absence de sentiment, tant pour les tueurs que pour leurs victimes. Sa soif d'argent dépasse tout autre besoin.

"Mia ?"

La paille dans ma tasse, j'aspire la mousse. Je me sens mal à l'aise car enfin je vais oser en parler. Je vais me libérer d'un poids qui commence à peser trop lourd sur mes épaules. J'espère qu'en lui confiant mon secret, je saurais me libérer de ce fantasme.

"Est-ce que tu as déjà... ressenti des choses pour un des hommes que tu as rencontré ?

- Quel genre de choses ?

- De l'excitation. Cette impression que ton corps entier est brûlant.

- Mais mon petit coeur : tout le temps !"

Un poids disparaît au profit d'un large sourire sur mes lèvres. Je ne prétends pas que Vicky est la femme que je suis censé devenir. Mais tout de même ça me rassure. Nous sommes les seules à vivre ces expériences uniques, mystérieuses, incroyables. Elle pose gentiment une de ses mains ridées et terminées par de faux ongles rouge vif.

"Ça ne doit pas t'effrayer. Certains dégagent un magnétisme auquel on ne peut pas échapper.

- Son regard me perturbe.

- Alors ne le regarde pas.

- Son parfum me fait tellement d'effet que j'ai l'impression que mon cœur va exploser dans ma poitrine."

Ça la fait éclater de rire et je me renfrogne au fond de mon siège. J'ai besoin de dire ces mots à haute voix comme pour m'exorciser.

"Tu es une femme. Ce qu'il est, ce qu'il a fait, tu sais mettre de côté tout ça.

- Comme toi tu veux dire ?

- Si nous leurs rendons visite, ce n'est pas pour rencontrer des tueurs mais des hommes !"

Vicky est d'une extrême clairvoyance. Alors que tous au FBI la considèrent comme folle, une obsédée des tueurs en série. Pourtant elle sait raisonner logiquement et elle est beaucoup plus calme et rationnelle que moi. Je peux parier qu'elle ne s'est attachée à aucun d'eux.

"Ce sont des hommes et toi tu es une femme. Qu'est-ce qui te fait peur à la fin ?"

Je replonge dans ce qui ressemble plus à un bol et mords ma paille.

"Oh..." Je relève doucement la tête, mes joues rougies. "Tu veux dire que tu es attirée par lui ? Que ce n'est pas que physique ?

- Vicky j'en rêve la nuit, j'attends impatiemment le jour où je pourrais le revoir. J'ai... je sais que c'est mal et je me déteste de ne pas réussir à l'oublier.

- Alors tu ne dois pas y aller."

Je me torture les doigts. Oui je dois m'en éloigner, il est trop fort pour moi. Je sais que je ne lui résisterai pas. Pourtant s'il y a la moindre chance qu'il détienne des informations pouvant m'aider à comprendre pourquoi ma vie n'a pas de sens, je me dois de l'écouter.

"Chérie, nous ne pouvons rien espérer d'eux. Cet homme n'a rien à t'offrir. Tu as déjà un fiancé qui t'attend à la maison." Décidément elle sait tout ! "Qu'est-ce que tu vas t'imaginer ?

- Je... j'en sais rien.

- Tu es amoureuse de lui ?"

Je préfère m'abstenir de lui répondre. Non pas encore. Mais cette rencontre pourrait tout changer. Chris Ford a bien évidemment accepté de me voir... et je dois me rendre à Columbia cette après midi.

Death Battle (sous contrat d'édition HQN)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora