Winter Love.

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TaeHyung observait inlassablement le monde qui l'entourait, un regard neutre sur les environs.

C'est son regard qui tombait sur lui, sur ce garçon, du même âge que lui, toujours une pochette à la main, à dessiner sous le sapin qui perdait ses épines. De là où se situait notre protagoniste, il pouvait savoir que celui-ci avait un talent certain. Sa façon de tenir son critérium, sa façon d'admirer le monde qui l'entourait pour continuer son, certainement, chef d'oeuvre, lui laissait la pensée qu'il semblait, à chaque coin de rue, émerveillé par tout.

Il savait pourtant, qu'il se faisait souvent harceler par les filles, quelles qu'elles soient. Mais il n'avait jamais, ne serait-ce qu'une fois, accepté la demande de toutes ces femmes.

C'était presque l'apogée de l'automne, les feuilles tombaient au sol comme le feront bientôt les flocons de neige. Les arbres se mettaient à nus, et leurs feuillages orangers, marrons ou encore jaunes, se détachait d'eux, c'est ce que le jeune homme voulait représenter sur son cahier de dessin. Il avait toujours voulu faire du dessin, depuis qu'il était petit, il adorait ça, comme une sorte d'obsession, mais ce qu'il savait, au dessus de tout, c'est, que malgré sa discrétion, il voyait bien le garçon sur le banc d'en face le regarder. Et lui aussi, sentait cette forte attraction entre eux, comme un lien inconnu, sorti de nul part. Sa mine se brisait sur le fin tracé qui avait tourné au noir profond, et il soufflait, provoquant une buée devant sa bouche à cause du froid glacial digne d'un hiver hardu.

Malgré son sac bien rempli, il n'avait aucunement pensé à prendre un crayon de papier, ou même un taille crayon. Alors il se mit debout, prit son sac sur ses épaules douloureuses à cause du poids de celui-ci, et se mit à marcher en direction de son admirateur secret. Il s'assit à ses côtés, regardant le garçon dans ses pensées, ses yeux fixaient le ciel assombrit, tournant au gris foncé comme si l'orage allait s'abattre sur la ville ce soir là. Il reprit ses esprits peu à peu, remarquant la présence de l'artiste à ces côtés. Il lui demandait ce qu'il voulait, d'une voix calme, presque angélique. Il l'interrogea, s'il avait un crayon ou un taille crayon dans son sac noir, comme ses yeux. Ses pupilles se dilataient, en regardant l'être à ses côtés, sa planche de dessin sous son bras, son visage énigmatique, son corps parfaitement sculpté. Il sortit un crayon de son sac, presque vide.

«Tu me regardes tout le temps, n'est-ce pas ? Pourquoi ?» Demandait le plus jeune à l'égard du plus âgé.

Il ricana d'embarras, avant de reprendre son calme.

«Et toi, pourquoi es-tu toujours seul à l'encontre de ta réputation ? Et avant tout, puis-je connaitre ton prénom, jeune inconnu ?»

«Peut-être que la solitude me plait. Même si l'on dit qu'elle ne plait à personne, c'est faux. Je m'appelle Jeon Jungkook, Kim TaeHyung.»

TaeHyung ne semblait en aucun cas décontenancé, comme si ce n'était qu'une banalité de savoir son prénom. Il sondait le corps de Jungkook, ses manches relevées montraient qu'il était fortement impliqué dans son travail, et les cicatrices sur sa peau de porcelaine montrait que son âme ne semblait pas aussi clair que ce qu'il pensait.

Il attrapait, un peu en retard, le crayon tendu à son égard, et reprit son dessin.

«Est-ce que je peux te dessiner ?» Demanda-t-il presque gaiement.

En réponse, il n'eut droit qu'à un hochement de tête. Il tournait alors sa page, commençant un nouveau tableau. TaeHyung avait le regard fixé sur le ciel qui s'eclaircissait vaguement. Comme prit dans des pensées implicants une forte concentration, il sentait son esprit se détacher de son corps. Les coups de crayons sur la feuille maintenant grise fusaient, commençant à ressembler au visage de l'être emblématique de ses pensées en face de lui, son coeur battait fort, et la peur de ruiner son oeuvre le déstabilisait.

C'est après de multiples gommages, de multiples erreurs, ratures, et essais, qu'il finit son dessin, un oeil lointain posé sur sa feuille grisâtre, il sourit, et TaeHyung tournait la tête, regardant la personne à ses côtés, le sourire contagieux et pourtant si angélique tracé sur ses joues blanches. Ils détachaient chacun leurs regards du morceau de papier pour se regarder, sonder chacun, l'un, l'autre, cherchant des réponses à leurs questions aussi infinies soient-elles. Il déchirait la feuille de son cahier, la lui tendant, et lui laissant son numéro, et son prénom en guise de signature, avant de se lever, et apercevoir que les flocons commençaient à tomber. L'hiver était arrivé en même temps que toi. Et tu n'aimeras bientôt plus la solitude, tu ne seras plus jamais seul, Jungkook.

Winter.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant