Chapitre 51

3K 184 11
                                    

La journée est bien remplie.
Demain soir, c'est le bal de ma famille. Tous les ans, nous invitons les Tomlinson ainsi que les personnes importantes et influentes de la région. L'événement se passe dans ma maison, redécorée pour l'occasion.

Cette année, c'est important. C'est le dernier bal où mon père sera officiellement considéré comme le chef de la famille. Il va tirer sa révérence, avant de me passer le flambeau.

C'est pourquoi j'aide les organisateurs à bouger nos meubles, pour aménager les pièces. Ma mère a fait appel à Niall pour préparer l'événement. Le blondinet organise tout, sauf la partie florale. Ça c'est le truc de ma mère. Jamais elle ne donne cette tâche à quiconque.
Je la rejoins donc dans sa serre, au fond de notre jardin. C'est son "potager" où se trouve d'innombrables échantillons de fleurs. Avant chaque bal ou réception importante, elle passe sa journée à choisir quelle plante serait parfaite. 
J'entre dans sa cabane secrète pendant qu'elle compare un tissu avec une plante.

-Tu tombes à point nommé, me sourit-elle. Tu en penses quoi?

Elle tient une rose rouge, couleur sang, dans une main. Dans l'autre, un tissu très foncé, presque noir.

-Ça va bien ensemble mais c'est un peu sombre. Ça peut marcher pour une réception au château de Dracula.

-Tu as raison.

Perdue, elle pousse un long soupir. De nombreux échantillons sont éparpillés sur un établis. 

-Je n'arrive pas à choisir quelle couleur prendre. J'ai trop de choix!

-Tu dis ça chaque année mais tu y arrives toujours.

Elle met ses mains dans les poches de son tablier. Elle me désigne du menton un autre assemblage tout aussi sombre que le premier. C'est une fleur bleu foncé avec un tissu gris.

-Celui-ci? Il te plait?

-Il me plait mais bonjour la dépression. Tu n'as rien de plus joyeux?

-Non, soupire-t-elle.

Elle s'avance vers sa table, me tournant le dos. Je l'entends renifler et passer sa main sur sa joue pour cacher une larme. Je me précipite vers elle et je passe mes bras autour de ses épaules.

-Excuse-moi Louis. En ce moment je n'y arrive pas.

L'odeur des fleurs nous entourent, mais je préfère celle sous mon nez, celle de ma mère.

-Le médecin est passé ce matin. Il nous a annoncé que la santé de ton père se dégradait. Son cœur s'affaiblit de jour en jour et...

Elle ne finit par sa phrase car elle éclate en sanglot. Je resserre mon étreinte. Elle pleure entre mes bras, se vidant de sa tristesse. Je la rassure en lui embrassant le haut de la tête.
Même si la nouvelle m'effraie, je lui murmure:

-Je suis là.

Je resserre mon étreinte ce qui incite ma mère à se lâcher, à se défouler en pleurant. Ses sanglots résonnent dans la serre pendant quelques minutes.

Elle finit par se calmer. Elle se détache de mon étreinte, passe la paume de ses mains sous ses yeux pour dissimuler ses larmes.
Je n'aime pas la voir comme ça. Elle est déboussolée. Moi aussi je le suis, mais à une intensité différente. Elle aime son mari. Elle a peur pour lui, pour ce qu'il va se passer. Je comprends totalement son sentiment. C'est comme si je savais que je pouvais perdre Harry à tout moment. 

Ma mère se remet à son travail et je l'aide. Je ne lui propose que des fleurs chaudes, pétillantes, chaleureuses. Je mets de côté celles non colorées. Elle me remercie toujours par un grand sourire aimant.
Je l'aide toute la matinée. Nous parlons de tout et de rien, comme si elle n'avait jamais pleuré dans mes bras.

Meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant