J'avais tant de choses à lui dire, tant d'excuses à proférer. Pourtant, tout ce que je réussis à murmurer de façon étranglée fut :

- Tu m'as manqué.

Il serra fort les yeux et acquiesça. Puis, il se leva et vint me prendre dans ses bras. A travers un simple geste, il m'avait fait comprendre qu'il me pardonnait et j'en fus touchée. Grâce à son étreinte chaleureuse, j'avais l'impression de me retrouver à la maison. Il avait pris de la carrure, à force de soulever et manier des poids, et toutes les blessures qu'il avait lorsque nous nous étions quittés, s'étaient maintenant dissipées. Il se détacha, les yeux brillants et un sourire chaleureux sur le visage.

- Alors ? Comment était-ce ?

Au large sourire qui éclaira mon visage, je n'eus pas besoin de répondre, car il comprit instantanément. Les cinq minutes qui suivirent, je lui décrivais les moments forts de notre voyage et il sembla ravi pour moi. Au bout d'un moment, nous entendîmes une voix grave chuchoter :

- Daphnée ?

- Aaron ?

Il apparut sur le pas de la porte et lorsqu'il vit que nous étions seuls, il se faufila rapidement dans la salle, pour ne pas être repéré. Alexandre avait froncé les sourcils mais ne disait rien.

- J'ai du attendre un moment à me cacher, avant que le forgeron ne quitte la boutique pour pouvoir rentrer discrètement, expliqua mon compagnon en se passant une main dans les cheveux.

Il salua d'un signe de tête poli mon meilleur ami, avant de se tourner vers moi et de m'adresser un clin d'œil.

- L'endroit est-il sûr ou quelqu'un peut arriver à tout moment ? demanda Aaron en se tournant vers Alexandre.

- Il vaudrait mieux descendre dans la cave, par sécurité, opina mon meilleur ami en se tournant vers une trappe.

- Mais le forgeron risque de se poser des questions si nous ne remontons pas, m'inquiétai-je.

- Non, pas de problème, je lui dirai que vous êtes sortis par la porte de derrière.

Je hochai la tête et Alexandre ouvrit la trappe cachée derrière la table. Aaron me prit la main, ce qui me réchauffa immédiatement. Nous descendîmes les marches grinçantes et nous enfonçâmes dans l'obscurité. Derrière moi, mon ami avait allumé une bougie qui éclairait d'un faible halo. L'espace clos était étroit et nous fûmes serrés les uns contre les autres. Il n'y avait rien à part quelques réserves de nourritures, comme de la viande séchée.

Alexandre regardait d'un œil suspicieux Aaron. Visiblement, même s'il m'avait pardonné ma fuite, il en voulait toujours à mon compagnon. Aaron aussi le regardait d'un mauvais œil. Il savait à quel point je tenais à Alexandre et surveillait le moindre de ses faits et gestes. Je me raclais la gorge. L'atmosphère était beaucoup trop tendue pour des retrouvailles.

- Alexandre, j'aurais un service à te demander.

J'avais parlé doucement, malgré tout, ma voix avait résonné entre les parois. Il porta tout de suite son attention sur moi et m'écouta attentivement.

- Aaron et moi ne pouvons pas nous permettre de sortir dans Rome sans être certains de ne pas attirer l'attention. J'aimerais vraiment revoir mes frères avant que nous soyons contraints de repartir. Tu es le seul en qui j'ai assez confiance pour les ramener ici, afin que nous puissions discuter.

Alexandre pinça les lèvres.

- Cela risque d'être dangereux pour eux, Daphnée. Si le maître de Marcus se rend compte qu'il est parti, il pourrait avoir des ennuis.

La tête baisséeWhere stories live. Discover now