Chapitre 8

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Aaron

Il y a de cela vingt minutes, ma mère avait débarqué, complètement hors d'elle dans ma chambre.

- Où est cette petite prétentieuse, que je puisse l'étrangler ? fulmina-t-elle.

- Pardon ? demandai-je en me relevant. Que se passe-t-il ?

- Tu ferais mieux de calmer ton esclave ! rugit ma mère, les larmes aux yeux.

- Mère ! Qu'est-il arrivé ? Vous parlez de Daphnée ? m'inquiétai-je.

- Bien sûr ! Qui d'autre ?

Je soupirai. Elle ne pouvait donc pas rester tranquille deux petites minutes ?

- Qu'a-t-elle fait ?

- Déjà qu'elle me renverse du vin dessus, ensuite elle se permet de se rebeller contre Auguste ! Elle ose partir manger au lieu de venir s'occuper de moi, tu te rends compte ? énonça-t-elle, indignée et cherchant mon approbation du regard.

- C'est moi qui lui ai dit d'aller manger. Cela faisait deux jour qu'elle mourrait de faim. Nom de Jupiter qu'est ce qui vous rend tant en colère contre elle ? éructai-je en m'impatientant.

- Je m'en moque, elle n'a qu'à revoir ses priorités !

- Répondez !

Je n'avais pas l'habitude de crier sur ma mère, mais cela faisait maintenant cinq minutes qu'elle tournait au tour du pot.

- Elle a essayé de m'étouffer ! m'apprit-elle enfin en retenant un sanglot.

- Pardon ? hurlai-je, complètement sous le choc.

- J'étais tranquillement en train de discuter avec elle. Je ne suis pas du genre rancunière, tu me connais. La tâche de vin était déjà oubliée. Elle me faisait enfiler ma tunique quand tout à coup, elle s'est mise à la serrer si fort que je ne pouvais plus respirer ! J'ai faillit m'évanouir tant je manquais d'air, tu t'imagines ? se plaignit-elle.

- Par tout les dieux ! Elle vous a aidé au moins ? demandai-je, soucieux de savoir la suite.

- Non ! C'est cela le pire ! Elle s'est enfuit comme une voleuse, avant de voir mon état !

Je fulminais. Je me mis à faire les cents pas dans ma chambre. Ce n'était pas possible, nous ne pouvions pas garder une esclave qui tentait de tuer ma mère. Mais avaient-ce été sa véritable intention ? Bien sûr, ma mère venait de me le dire, je lui faisais confiance. Il allait falloir la punir.

- Je veux que justice soit faite ! protesta-t-elle. Qu'on la bannisse de Rome ! Qu'on la fouette ! Qu'on la tue...

- Certainement pas ! répliquai-je instantanément.

Mère se tourna vers moi, les yeux exorbités. C'était la première fois, depuis qu'elle était arrivée dans cette pièce, qu'elle arrêtait de gesticuler. C'est vrai que ma remarque semblait étrange. D'habitude, le sort des esclaves m'importait peu. A vrai dire, je m'en fichais royalement. Mais le fait d'imaginer Daphnée se faire fouetter me révulsait. L'imaginer morte était intolérable.

- Je vais aller m'expliquer avec elle. Repris-je plus calmement. Je choisirai la sentence selon sa réaction.

- Elle a de la chance que ton père soit parti dans Rome rencontrer quelqu'un, sinon cela aurait été lui que je serai parti voir, et le prix à payer n'aurait pas été le même ! Fulmina-t-elle. Je te fais confiance mon fils, ne laisse pas passer cela.

La tête baisséeWhere stories live. Discover now