The Final Problem

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3 minutes et 54 secondes.

Les dernières notes de musique s'envolèrent signant la fin de la douce et légère mélodie. Mycroft, les yeux humides, sentit une larme dévaler sa joue et s'écraser sur sa main gauche. Il ne fut pas surpris. Il savait très bien que même quelqu'un comme lui qui avait pour habitude de ne pas verser de larmes arrivait à un moment de sa vie où il fallait remettre le compteur à zéro. Il se sentait à présent vide. La musique ayant joué le rôle d'exutoire, ses émotions avaient déferlé dans chaque note, chaque pression du doigt sur les touches. Maintenant, il ne restait plus que quelques larmes, une sensation de vide, un cœur momentanément apaisé et une pointe d'inquiétude qui persistait toujours.

Encore assis devant son piano, il laissa ses doigts enfoncés dans les touches qui formaient le dernier accord pour étirer le son aussi longtemps que possible. Il aurait tout donner pour avoir tout le temps qu'il voulait devant lui, afin de recommencer à jouer ces partitions froissées, qui à elles-seules renfermaient tant de mélancolie et d'espoir. Quelques instants durant lesquels son frère s'était tenu debout à côté de lui, sa simple présence imaginaire réchauffant le cœur de l'homme de Glace. Un moment qu'il aurait voulu étendre à l'infini.

Mais doucement, les notes moururent dans l'air pour laisser place à nouveau à un silence froid et inquiétant. Au rythme où la musique devenait inaudible, il se sentait glisser dans un état second, des tâches noires obscurcissant peu à peu son champ de vision. Comme si ses forces l'abandonnaient en même temps que le souvenir de cette mélodie qu'un impitoyable petit Sherlock lui avait composée 25 ans plus tôt.

Il n'arrivait plus à empêcher ses idées noires de traverser son esprit qu'il avait habituellement la force de repousser, ces pensées qui lui disaient que peut-être, c'était une bonne chose qu'il ferme enfin les yeux. Pour de bon. Il pourrait enfin se reposer, échapper à cette maudite pièce, entouré des objets de son passé qui, dorénavant, le hanteraient pour toujours. Alors ses yeux se fermèrent doucement et ses doigts quittèrent le clavier du piano pour venir se poser sur son bandage de fortune.
Après tout, c'est vrai, si l'Angleterre s'effondrait sans lui, ce qui serait plus que probablement le cas, il ne serait plus là pour devoir la remettre sur pieds. Ce ne serait plus ses affaires. Donc, il pouvait défaire ce simple morceau de tissu qui, difficilement, ralentissait un flux de sang, qui momentanément, le tenait encore en vie. Un geste et c'était la fin. De toute façon, il ne manquerait pas à beaucoup de monde. Son génie, oui, évidemment. Mais lui entant que personne, non. Donc oui, il pourrait mourir. Ici et maintenant.

Soudain, alors que les portes de son palais mental se refermaient doucement derrière lui, le coupant de la réalité, une resta entre-ouverte. Soucieux, il tandis l'oreille, mais il savait déjà ce qu'il entendrait: derrière cette porte se cachait ses plus douloureux souvenirs.

-"Barberousse! S'il te plaît... Où es-tu, Barberousse?" Une voix frêle, mêlée à des sanglots lui parvint, tandis qu'à travers l'entre-bâillement de la porte Mycroft apercevait, depuis la fenêtre de sa chambre d'enfance, Sherlock courir dans le jardin à la recherche de son meilleur ami disparut. Il savait que demain il recommencerait, et ce, durant des journées entières, jusqu'à ce que le choc de la perte d'un être cher ne le face se refermer sur lui-même et qu'enfin Mycroft intervienne pour apaiser sa douleur et remplacer ses terribles souvenirs par d'autres à l'apparence plus légère. Il observa une dernière fois ce visage inondé de larmes et ferma enfin la porte pour pouvoir respirer à nouveau.

-"Sherlock a besoin de moi." Murmura-t-il faiblement tout haut. De retour à la réalité, son cœur se serra douloureusement à ces paroles et sa lucidité reprit instantanément le pas sur la douleur et le désespoir qui avait commencé à l'étouffer. Ses yeux s'ouvrirent soudain de stupeur face à ce qu'il s'apprêtait à faire durant son moment d'égarement. Il relâcha brusquement le morceau de drap blanc devenu pourpre qu'il avait inconsciemment déjà commencé à détacher et après une seconde qu'il prit pour se ressaisir, d'une main tremblante, il le ressera même un peu plus fort autour de sa blessure. Oh, ça non, ce n'était pas le moment de mourir. Et ce, tant que Sherlock aurait besoin de lui pour se sortir de ses problèmes, c'est à dire, toujours.

Where are you Brother Mine?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant