Chapitre 2

112 7 17
                                    

          5h30, appartement n°47, rue Caisserie, Marseille. Edouard se leva et ses articulations craquèrent en concert. Il grimaça de douleur, il commençait vraiment à se sentir vieux. Il alla dans sa cuisine et se servit l'habituel café corsé du matin, prit une pomme qu'il croqua à pleine dent et fit quelques étirements. Edouard n'avait ni télévision, ni compagne et encore moins d'enfants. Sa famille était réduite à une tante aux frontières de la mort dans une sordide maison de retraite, beau lieu pour finir sa vie se dit-il cyniquement. Son appartement était l'héritage de sa mère et rien n'avait changé depuis qu'elle avait quitté ce monde si ce n'était que désormais des milliers de livres s'entassaient sur le moindre espace disponible. Edouard se satisfaisait dans son univers de solitude, entouré par toutes ces vieilleries.

Il s'habilla rapidement, revêtit l'antique pardessus et descendit les quatre étages de son immeuble. Il sortit une cigarette de sa poche et l'alluma en ouvrant sa boîte aux lettres. Rien, il était trop tôt, pensa t-il en inspirant une bouffée de fumée. Tout-à-coup un cri de rage retentit :

« Monsieur Rouzeau !!! Il est formellement INTERDIT de fumer dans l'immeuble ! Vous pouvez être inspecteur il ne change rien au fait que vous n'avez pas le droit de fumer dans cet immeuble et tant que je serais vivante vous n'aurez jamais ce droit ! »

Edouard cligna des yeux lentement. La concierge. Cette horrible bonne femme ne s'arrêtait donc jamais d'hurler ? Il souffla une grosse bouffée de fumée et sortit du hall d'entrée sans un mot, cette sorcière manqua de s'étouffer et hurla de plus belle derrière lui mais il ne s'en formalisa pas. Il enfourcha son vélo et partit en direction du commissariat.

***

Verdier lança un joyeux « bonjour !» lorsque l'inspecteur entra dans le bureau.

« Delphine a dit qu'elle allait autopsier le corps ce matin.

-Delphine ? Je ne savais pas que vous connaissiez notre médecin légiste aussi personnellement.

-Non non c'est juste une collègue, on s'entend bien c'est tout... dit Verdier en rougissant.

-Je plaisantais Verdier vous pouvez l'appeler Delphine », répondit Edouard en souriant.

Le rire inhabituel de l'inspecteur sembla surprendre l'agent qui resta interdit pendant quelques secondes.

Edouard s'installa dans son fauteuil puis après avoir donné ses directives, alla se préparer un café. « Pas de solutions sans café » était une véritable devise chez lui. Il se rassit et réfléchit intensément.

Mise à part la délinquance quotidienne de Marseille, deux problèmes dominaient : ces disparitions d'objets anciens et maintenant le cadavre d'un homme encore non identifié. Se pouvait-il que les deux affaires soient liées ? Tout dépendrait de l'identité du noyé. D'ailleurs, peut-être que ce n'était qu'un accident. Il lui fallait plus de renseignements sur les blessures du corps retrouvé. Mais quelque chose au fond de lui disait que ce n'était pas un accident. On ne mourrait pas dans un port par accident surtout dans la cité phocéenne et en plus personne n'avait prévenu la moindre disparition ce qui était vraiment étrange. C'était comme si cet homme tombait de nulle part. Et puis ces disparitions d'objets... Aucunes empreintes... Aucunes preuves... Rien à signaler d'après les gardiens, les nuits étaient calmes et les alarmes restaient muettes. Le seul point commun de ces deux affaires était leur étrangeté.

Verdier s'approcha de son bureau avec un dossier dans les mains :

« Voilà la liste des objets volés aux musées de Marseille. Vous croyez que les deux affaires sont liées ? demanda t-il en chuchotant.

My MicrocosmosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant