vingt-sept // sweet sixteen

Start from the beginning
                                    

Et puis, Dolores les avait sans doute invités par pure politesse parce qu'elle savait qu'ils étaient amis avec sa fille. Elle devait en réalité s'attendre à ce qu'ils déclinent son invitation, ce qu'ils avaient fait. Cela ne les avait cela dit pas empêchés de penser à un cadeau pour la jeune fille, qu'ils tenaient à lui remettre en mains propres.

Bien sûr, l'un comme l'autre ne manquaient de moyens pour lui payer le dernier gadget technologique tant convoité, mais comme ce n'était clairement pas le cas des parents Harrison, il leur semblait déplacé de lui offrir un cadeau si dispendieux. Ils s'étaient donc rabattus sur un présent plus personnel. Ils espéraient que, même si elle n'aurait pas besoin d'électricité ou d'une batterie pour s'en servir, ça lui plairait quand même.

— Et tu avais besoin de deux sacs pour le transporter? s'étonna Harry.

— Non, mais j'ai aussi apporté quelques exemplaires de mon premier livre. De ce que m'a dit Dolores au téléphone, des amis de Daisy seraient intéressés à ce que je le leur dédicace. C'est mignon, non?

Harry se croisa les bras et regarda par la fenêtre la forêt qui défilait à vive allure.

— Oui, je suppose, acquiesça-t-il au bout d'un moment, l'air distrait.

Marcus lui coula un regard et faillit soupirer d'exaspération : le sourire faux de la veille était de retour sur les lèvres de son compagnon. Il mourait d'envie de lui demander tout de go ce qui le tracassait, mais Harry se rembrunirait comme hier et comme ils arriveraient bientôt chez les Harrison, sa mauvaise humeur risquait de potentiellement gâcher la fête d'anniversaire de Daisy. Alors il ne chercha pas à relancer la conversation, Harry non plus, et c'est dans un silence un peu gênant qu'ils se garèrent devant la maison des Harrison.

Ils frappèrent deux coups à la porte d'entrée, qui s'ouvrit quelques secondes plus tard sur une Dolores Harrison souriante.

— Vous êtes venus, finalement! se réjouit-elle. Daisy en sera ravie.

Derrière elle, Marcus apercevait des ballons de toutes les couleurs accrochés à la rampe d'escalier. La fête était déjà commencée, apparemment. Le jeune homme, les sacs contenant le cadeau de Daisy ainsi que les exemplaires de son livre, secoua la tête.

— Nous ne resterons que le temps de lui offrir son cadeau.

La grande brunette fit la moue, l'air un peu déçue, mais se reprit bien vite et leur sourit avant de les faire entrer.

— Vous avez pensé aux dédicaces, Marcus?

— Bien sûr.

Dolores regarda le large escalier en bois à leur gauche.

— Daisy voulait passer un après-midi entre filles, avant que les garçons n'arrivent. Elles s'amusent à je ne sais quoi là-haut.

Au même moment, une chanson joyeuse et endiablée vibra des enceintes là-haut, chanson soudainement couverte par plusieurs hurlements de rire provenant sans doute de la chambre de la petite rousse. Dolores, à côté des deux hommes, poussa un énorme soupir.

— S'il vous plaît, murmura-t-elle entre ses dents, rassurez-moi et dites-moi que je n'ai pas commis une erreur monumentale en lui permettant d'organiser cette fête?

Marcus s'esclaffa et Harry, avec un sourire, tapota l'épaule de la pauvre femme en signe d'encouragement. Ils montèrent ensuite à l'étage où la musique redoubla d'intensité, de même que les rires juvéniles de ces demoiselles. Au fur et à mesure qu'ils marchaient dans le long couloir qui menait à la chambre de Daisy, ils entendirent les bribes de la conversation des adolescentes, derrière une porte fermée :

Rimbaud et LolitaWhere stories live. Discover now