Il fallait les laisser infuser puis boire, mais je n'avais pas à ma disposition de quoi faire bouillir de l'eau. Je haussai les épaules. Tant pis. Je versai les herbes dans un verre rempli d'eau et lui fis avaler le tout.

- Bois. C'est pour calmer la douleur.

Je lui soulevai la nuque afin qu'il n'ait pas d'effort à produire. Par son regard reconnaissant, je compris que j'avais fait le maximum. Je reposai délicatement sa tête sur l'oreiller et ses yeux se fermèrent par la même occasion. Très vite, il sombra dans le sommeil. Pour ma part, je restai assise sur la chaise à côté du lit, inquiète. Je n'étais toujours pas au courant des évènements et cela m'intriguait, maintenant que je le savais hors de danger.

Je dû finir par m'endormir, après avoir passé une partie de la nuit à veiller sur lui. A plusieurs reprises, je lui avais humidifié le front, afin qu'il n'attrape pas de fièvre. J'avais également vérifié ses pansements, et les avais changés lorsque ceux-ci étaient devenus trop gorgés de sang. Une voix rauque me sortit de ma torpeur.

- Daphnée ?

Mes paupières papillonnèrent et je remarquai que mon meilleur ami m'observait, les yeux mi-clos. Je me redressai immédiatement. L'aurore n'allait pas tarder à poindre.

- Est-ce que ça va ? s'enquis-je en me levant. As-tu besoin de quelque chose ?

- Ne t'inquiète pas pour moi, murmura-t-il la voix toujours cassée. Ce que tu as fait pour moi la veille, est déjà bien assez. Merci infiniment.

Il fit un petit sourire gêné et repris.

- De l'eau ne serait pas de refus, s'il te plait.

- Bien sûr.

Je m'empressai de lui ramener ce dont il avait besoin, afin qu'il puisse se désaltérer. Il se redressa difficilement et s'adossa contre le mur en pierre de ma chambre. Pour ma part, j'étais de retour sur la chaise. Lorsqu'il eut finit de boire à grandes gorgées, nous nous fixâmes.

- Alors ? demandai-je, curieuse d'avoir des explications. Tu peux m'expliquer pour quelle raison je retrouve un mort-vivant devant ma chambre un plein milieu de la nuit ?

Mon ton s'était fait légèrement accusateur. Même si j'étais soulagée de l'avoir soigné, j'avais encore perdu une nuit de sommeil. Mes heures de repos depuis ces trois derniers jours pouvaient se compter sur les doigts de la main.

Il prit un air légèrement gêné mais finit par hausser les épaules avant de se racler la gorge.

- J'étais aux thermes tout à l'heure. Il était tard et les lieux semblaient déserts. Tout se passait bien lorsque j'ai entendu une conversation entre des hommes. Je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter.

Il souffla bruyamment. Il fulminait. Visiblement, ce qu'il n'allait pas tarder à me dire lui coûtait. Je posais une main apaisante sur son bras et l'incitai à continuer d'un regard.

- Ils parlaient de toi, Daphnée. Et de ton maître, Aaron.

- Comment ?! m'exclamai-je, horrifiée. Mais... qu'on-t-ils raconté ? Qui étaient-ce ?

Je tremblais d'inquiétude à cause de ces révélations. Peut-être que des personnes mal intentionnées nous avaient aperçus. Les conséquences en étaient terribles. Cela pouvait signifier la mort. Je compris l'ironie de la situation quand je réalisai qu'il ne nous était rien arrivé lorsque nous nous voyions régulièrement. Cependant, maintenant que nous avions rompus tout contact, un malheur se profilait.

- Je... je ne sais pas... reprit-il en fronçant les sourcils. Des esclaves, me semble-t-il. Ils ont parlé d'un certain Sirius....

- Des esclaves de Sirius ? m'horrifiai - je.

La tête baisséeWhere stories live. Discover now