28 - Information erronée

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— J'espère que vous nous ferez le plaisir de vous joindre à nous pour ce midi, continue alors le chef des titans.

Dia de chez Dia !

 — Maman, souffle Anaïs entre mes dents. C'est mon anniversaire...

— Et tu as couché avec ce garçon, rétorque l'ancien juge, sur un ton encore plus ferme.

Tout est dit, il n'y a pas à discuter. Madame Dumas a dit qu'il mangerait avec eux alors il mangera avec eux ! Point barre.

La jeune femme soupire et furieuse, rentre dans son appartement en tapant des pieds comme une adolescente. Son père apparaît quelques secondes plus tard, suivi de Clément et de sa mère qui ferme la boucle, le visage impassible, ce qui n'est franchement pas bon signe. Parfois, Anaïs a carrément l'impression d'être à l'armée avec elle. Si Myriam a été à peu près douce avec Maëlys (car c'était sa chouchoute), avec la cadette, elle a toujours été du genre à la faire marcher à la baguette. Seulement parce que malgré les efforts de celle-ci, Anaïs n'arrivait pas à gravir des montagnes, sa mère est devenue de plus en plus froide, autoritaire, voire même étrangère. Enfin, ce côté-là de madame Dumas n'apparaît pas tout le temps, grand heureusement !

— Mettez vous à l'aise, je vous en prie, lâche-t-elle, sachant pertinemment que cela créera l'effet inverse.

C'est typiquement le genre de l'ancien juge machiavélique, qui sait faire comprendre aux gens que c'est elle qui décidera.

Le père d'Anaïs, qui paraît soudainement occupé, se place à côté du carton-cadeau (un nouveau salon de jardin si la jeune femme a bien deviné) et se trahit lorsque son regard croise celui de sa fille. Clément, parfait intrus dans l'appartement, ne dit rien. La mère, les doigts serrant le dossier du tabouret de bar, fixe le fameux voisin. Quant à notre protagoniste, elle observe tout le monde, espérant que cela lui permette de chasser son appréhension. Elle pourrait se focaliser sur les signes que chacun montre et s'embarquer dans une analyse de ces derniers pour faire un diagnostique des troubles de chaque personne ici présente, mais ce serait une sorte de fuite. Et après des mois de mensonges inconscients, elle sait qu'aucune fuite (réelle) n'est possible, du moins actuellement.

— Bien, on ne va pas tourner autour du pot, déclare Myriam avant de se hisser sur le tabouret.

Encore une posture de supériorité, songe Anaïs, avant de se réprimander d'avoir une fois de plus analysé plus ou moins les choses.

Benoît Dumas part chercher les plats et s'empresse de les poser sur la petite table haute. Tout en faisant le moins de bruit possible, Anaïs prend place sur le tabouret à côté de sa mère. Elle se serait bien mis à côté de son père, si la chaise n'avait pas déjà été à côté du commandant. La jeune femme se voyait mal faire traîner le meuble sur le carrelage pour rejoindre la rive calme. Cela aurait probablement réveillé un peu plus encore le monstre qui est entré dans son appartement. Il ne reste plus que Clément qui est debout. En même temps, comment pourrait s'asseoir alors qu'il n'y a que trois tabourets ?

Myriam fait soudainement claquer ses ongles contre la table, les yeux toujours plongés dans ceux du châtain. Elle le défie et le défend de se rebeller. Ce regard noir marchait toujours avec Anaïs. Avec Maëlys, c'était plus dur car elle est moins docile. Plus caractérielle, plus sûre d'elle, plus provocatrice, elle a donné du fil à retordre à sa mère. La jeune femme se souvient même qu'une fois, c'est sa sœur qui a gagné le duel.

Ce n'est que maintenant que l'étudiante se rend compte que son voisin n'a même pas enlevé son blouson (pas ringard pour une fois d'ailleurs ne peut-elle s'empêcher de remarquer). Le père attrape un plat et le propose à sa fille. Celle-ci le remercie en silence.

Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)Where stories live. Discover now