DE SANG ET D'ARGENT T1 Never let it disappear [Terminée]

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Le face à face avec le Maitre. Les vérités tombent pour Amalia...

Elijah

— On m'a dit que tu avais passé quelques siècles dans une meute, mon petit loup qui se prend pour un Chasseur. Mais tu es toujours le même. Regarde ce visage, cette expression. Froid comme la pierre, calculateur comme le serpent s'apprêtant à fondre sur sa proie.

Elle me tournait autour, se déplaçant avec une souplesse toute féminine.

Amenâa était très vieille, comme son jumeau, comme tous les Anciens. Sa puissance était telle que certains disaient qu'elle aurait pu fendre la terre en deux de son simple poing. Elle était une Seconde, ce qui était très rare chez les Chasseurs, tout comme les femmes en général. Il y en avait trop peu, et ce, depuis de nombreuses décennies maintenant. Si elle haïssait quelqu'un plus encore que le Maître, c'était Azalgar. Si elle avait pu le tuer, elle l'aurait fait sans même hésiter une seule seconde. Mais le Maître avait interdit que les Anciens s'entretuent et même si les rangs étaient divisés, tout le monde avait écouté cet ordre. Pour l'instant. Parce que ce ne serait pas toujours ainsi. Amenâa portait trop de haine en elle pour laisser la vie à son jumeau plus longtemps. Déjà à l'époque, c'est ce que je m'étais dit, mais aujourd'hui, cela semblait pire.

— Est-ce que tu arrives toujours aussi bien à lire dans les gens, mon petit loup ?

Son corps effleura le mien, mais elle ne me fit pas mal. Elle ne chercha pas à briser mes os. Pas pour l'instant.

Elle ne semblait être qu'un courant d'air cherchant à s'infiltrer partout où il pouvait. Ni trop fort, ni trop doux, c'était comme une promesse.

Amenâa n'agissait plus comme un mentor, elle ne se comportait plus comme si j'étais son élève. Sinon les coups seraient déjà tombés et par centaine.

Elle n'agissait pas en Ancienne dispensant son savoir.

Et en cela c'était étonnant.

Elle ne l'avait fait qu'une seule fois, quand elle avait jugé qu'elle n'avait plus rien à m'apprendre. Je n'avais pas dépassé le niveau d'Amenâa dans la force brute et le contrôle de mon corps. Quelque chose me disait que personne ne le pourrait jamais. Elle était la seule à avoir atteint ce... niveau. Chaque coup qu'elle portait de la simple chiquenaude au coup de pied pouvait être mortel. Elle avait été méprisée par ses paires, elle qui n'avait aucune affinité avec quoi que ce soit, comme si son jumeau avait tout pris en naissant le premier.

Mais aujourd'hui, on la craignait, parce que c'était un monstre au même titre que tous les autres monstres qu'abritait ce lieu.

Elle avait eu beaucoup de disciples et en avait tué un nombre incalculable. Ceux qui n'étaient pas capables de survivre à ses entraînements n'étaient pas dignes de vivre tout court. C'est ainsi qu'elle avait exposé les choses dès le début. Pour que tout soit clair, pour que je me batte avec l'énergie du désespoir à chaque coup qu'elle faisait pleuvoir sur moi. Et cela avait marché. Amenâa était celle qui m'avait fait ramper le plus souvent, celle qui avait brisé chacun de mes os, n'en oubliant aucun. Elle n'était pas LE monstre parmi les monstres, mais quand elle le voulait, elle pouvait faire partie des pires.

— Alors, petit loup... qu'as-tu perdu ?

Un rire, résonnant tout autour de moi comme si tout n'était que cavernes et grottes.