DE SANG ET D'ARGENT T1 Never let it disappear [Terminée]

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Italique = souvenirs ou intervention des moitiés dans l'esprit des personnages.

Elijah

Liam ne bougea pas de toute la soirée. Il resta assis sur la banquette, buvant doucement verre après verre. Nohlan alla s'installer un moment avec lui et ils discutèrent longuement.

Nohlan acceptait tout le monde ici. En entrant au Mighty Wolves, personne n'était l'ennemi de personne et tout le monde se devait de respecter l'autre. C'était une des règles primordiales de l'endroit et avec les années, cela avait fini par entrer dans la tête de tout le monde. Mieux valait pour eux, parce que ni Evan, ni Eryn ne laissaient passer quoi que ce soit. Quiconque manquait de respect à Nohlan se retrouvait les quatre fers en l'air dans la rue. L'ancienne Main avait réussi à trouver des loups de confiance et très peu d'Alpha pouvait se vanter d'avoir des loups aussi loyaux. Dean Campbell et Benjamin Kalagan étaient des exceptions. Il y en avait toujours. Et ce n'était sûrement pas les seuls.

— Un comptoir n'est pas un tabouret, Nayah, dis-je en continuant d'essuyer les verres sortis du lave-vaisselle.

Je n'avais pas besoin de la voir pour savoir qu'en cet instant, elle me tirait ostensiblement la langue. Elle grommela quelque chose, mais ne bougea pas d'un poil. Elle aimait m'agacer ou du moins, je savais qu'elle voulait tout faire pour me faire sortir de mes gonds.

Pour elle, aucune personne saine d'esprit ne pouvait être toujours aussi... calme. Et elle avait dit qu'elle en avait assez que je sois toujours aussi pacifique. Je n'étais pas du genre à foncer dans le tas et à m'énerver pour un rien. Il n'y avait plus de colère en moi depuis des siècles et je pouvais parfaitement comprendre que cela pouvait en... agacer plus d'un. Mais j'étais ainsi et Nayah pourrait faire ce qu'elle voudrait, ce n'est pas elle qui réussirait à m'ébranler.

— Dis-moi camarade, tu as déjà vu quelqu'un mourir sous tes yeux ? Quelqu'un de proche ? Une... femme peut-être ?

J'enfilais mes bottes et me redressai. Mon croc tapa contre ma peau et je me passai une main dans les cheveux pour remettre un peu d'ordre.

Zarkan me fixait tranquillement, son éternel couteau entre les mains. Il était beaucoup, beaucoup plus jeune que moi, mais dans son regard, on pouvait lire tellement de choses, comme s'il avait déjà vécu une éternité.

— Oui, soufflai-je en attrapant mes armes.

Les lames me renvoyèrent le reflet de mes yeux ; un violet incroyable, unique. Personne ne pouvait avoir les mêmes yeux que moi.

— Ta femme ? Elle est morte sous tes yeux ?

Il était trop curieux.

Je n'aimais pas particulièrement ça, mais ne faisait jamais rien pour le dissuader de poser ses questions qui me semblaient sans intérêt pour moi.

Zarkan était agaçant, mais c'était aussi une personnalité très intéressante. J'aurais pu l'observer pendant des heures, simplement pour essayer de comprendre pourquoi il agissait ainsi et pas autrement.

— Qu'est-ce que ça t'a fait ?

Il me regarda droit dans les yeux, suspendant son geste.

Je fronçai les sourcils. Qu'est-ce que... ça m'avait fait ? Cela me prit au dépourvu. Je restai immobile un instant, mon regard rivé à mon reflet.