En réalité, mon frère n'allait pas vraiment mentir à mon sujet, étant donné que je suis dans un mutisme sélectif. Néanmoins, je préfère que ses copains pensent que je suis incapable de parler - de la manière suivante, ils ne seront pas blessés vis-à-vis du fait que je ne les réponde pas.

Quand mon frère s'en va, ses amis ne tardent pas à prendre la parole.

Un à un, ils se présentent, et je me rends rapidement compte qu'il m'est impossible de retenir leurs noms : six prénoms, c'est clairement beaucoup trop pour moi.

Par conséquent, j'essaye de trouver un moyen mémo-technique.

Si je ne me trompe pas et si ma mémoire ne me fait pas défaut ; Chad, c'est le mec qui ressemble à un surfeur.

Ensuite, le métis aux yeux noirs comme l'ébène, c'est Zedd.

À ses côtés se tient Hyder - d'ailleurs, il semble le plus fréquentable du groupe. Avec sa bouille d'ange, il est vraiment mignon. Certes, les autres sont beaux, mais ils sont terriblement déstabilisants.

Puis, à proximité de la porte, se situe Ernest. Apparemment, ce dernier adore les jurons. Il n'a pas arrêté d'en dire, et puisque ses amis ne comptent pas faire un commentaire là-dessus, j'en viens à la déduction que ceci est une habitude.

Bien entendu, je n'y vois aucun d'inconvénients, c'est juste étonnant et assez troublant.

Et enfin, il reste Alaric. Un vrai coureur de jupons. Malheureusement, j'ai découvert qu'il faisait partie des trois colocataires de Douglas - au passage, Ernest l'est également. Ce n'est pas un drame pour autant, mais maintenant que je sais avec qui je vais cohabiter pendant près de six mois, une étrange intuition me dit qu'il va se passer des choses plus ou moins mauvaises...

― Putain, c'est génial ! On va être colocataire, et peut-être plus... Qui sait ? déclare Ernest, avec un fort accent mexicain, sous les ricanements des autres.

― Lâche l'affaire, mec. Si Douglas apprend que tu veux te taper sa sœur, il va t'étrangler, rétorque le métis, Zedd.

― Bordel. T'as raison !

― Bref. Assez bavardez. C'est quand qu'on mange ? intervient le surfeur Chad avec lassitude.

― On devrait attendre Douglas et Khaulder, non ?

― Allez, toz ! J'ai la dalle, moi, fit Ernest en se précipitant dans la cuisine avec des boites en carton contenant vraisemblablement des pizzas.

Ils se regardent, et d'après leurs expressions faciales, ils n'envisagent pas d'attendre l'arrivée de mon frère et de son ami - alias, Apollon 2.0.

Sur le moment, je me sens prise aux dépourvues, car je n'ai absolument pas de repères ; ces gens-là, je ne les connais pas. Et cette vérité provoque en moi une forme d'insécurité primitive.

D'habitude, j'ai tendance à fuir les personnes qui me sont inconnues et à me renfermer sur moi-même.

À la contradiction de ce rituel, je continue d'être aux côtés de ses garçons, et c'est uniquement lorsque cette information me parvient directement au cerveau que j'arrive presque à m'étonner.

― Tu viens ? me propose gentiment Hyder en désignant la cuisine.

Je hoche vigoureusement la tête et jette un léger coup d'œil vers les escaliers. Au fond, je prie intérieurement pour que Douglas soit de retour, car même si j'ai résisté à la tentation de partir, mon effort pourrait potentiellement être détruit à néant.

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