14 - Haine fraternelle

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-Oh, mais nous en aurions encore pour trop longtemps, en empruntant les sentiers de la forêt! Non, nous allons voler, ma chère.

Je vais la tuer.

-Ah! Quelle bonne nouvelle! j'ironise. Malheureusement, une paire d'ailes ne va pas me pousser miraculeusement d'ici à quelques minutes...

-L'un des gardes peut vous porter, suggère-t-elle mielleusement.

Plutôt crever, je pense avec rage. Laisser l'un de ces anges sous les ordres de la pimbêche blonde me porter pendant un temps indéterminé? De mon plein gré? Elle m'a bien regardé, l'autre?

Sentant la réplique cinglante qui s'apprête à fuser, Nilhem intervient:

-Je peux te porter, Elwenn.

Ah bon. Ben si c'est la seule solution... J'acquiesce, résignée, m'attirant un regard curieux de la part de ma Protectrice. Et effectivement, aux dernières nouvelles, je suis censée avoir une peur horrible des hauteurs, et éprouver une haine viscérale pour les anges. Mais elle n'est pas au courant de ce qui s'est passé hier soir -et c'est tant mieux, parce qu'autrement je me ferais sûrement incendier.

D'ailleurs, il faudrait que je pense à la remercier pour avoir débarrassé le cadavre de goule dans ma chambre, tiens.

-Et vous, Alpha Del'Erron? continue la blondasse. Préférez-vous voyager par la voie des airs ou par vos propres moyens?

Grognant, l'intéressé se transforme en loup, réglant la question. Sans un mot, Gentiana vient prendre place sur son encolure. Petite joueuse, je pense cyniquement.

Essayant de faire abstraction du regard furibond de la blondasse, je m'approche de Nilhem et grimpe maladroitement dans ses bras. Je n'avais absolument pas prévu de devoir voler de nouveau après notre petite escapade d'hier, et surtout pas aussi tôt. Mais il semblerait que je n'aie pas le choix. Nilhem me soulève dans ses bras sans effort apparent -aïe, ma blessure-, et je me cale contre son torse. Sans m'en rendre compte, je hume son odeur. Il sent bon, un mélange entre de l'herbe fraîchement coupée, la brise du printemps, et quelque chose d'autre... du thym? Je me concentre, essayant de mettre un nom sur cette odeur subtile... et entends le rire narquois de Nilhem.

-Bien installée, Elwi? me demande-t-il avec une moue satisfaite.

Je rougis, réalisant ce que je viens de faire, et lui donne une petite tape sur la tête.

-Ferme-la et vole, oiseau de malheur.

Il se contente de rire de nouveau et s'envole à la suite des autres anges qui viennent de partir. Je ferme les yeux de toutes mes forces, cachant mon visage dans le torse de Nilhem. Rien que la sensation de décoller est suffisante pour me rappeler de très mauvais souvenirs. Mais une fois dans les airs, je pensais que Nilhem ralentirait.

Ce n'est pas le cas.

Contrairement à hier soir, ses battements d'ailes ne sont pas lents et fluide mais d'une rapidité presque saccadée. Accélérant le rythme, il s'élève dans le ciel tel un rapace affamé. La sensation de vitesse m'est insupportable. Mon estomac se révulse. Mais pourquoi il ne ralentit pas?

-Nilhem, je murmure, au bord des larmes.

Il ne semble pas m'entendre. Je ne sais pas si c'est uniquement ma peur qui altère mes sensations, mais j'ai l'impression qu'il ne cesse d'augmenter le rythme.

-Nilhem! je retente, plus fort.

Mais le vent avale mes paroles.

Les yeux clos, je crie de toutes mes forces:

Couleur OcéanWo Geschichten leben. Entdecke jetzt