Chapitre 3

317 20 5
                                    

La mort dans l'âme

Tina

Lorsque les trois imposants bâtiments se profilèrent à l'horizon, je sentis un léger pincement au cœur. Celui-ci ne savait d'ailleurs que choisir entre une joie immense et une nostalgie déchirante que me procurait cet endroit. Mais pour l'instant, mes pensées étaient focalisées sur le fait que j'allais enfin retrouver Elsa et Ezra. Ma mère stationna la voiture au niveau de ce qui était habituellement le parking des profs, mais qui se transformait les jours de retour de vacances en parking pour l'ensemble des élèves. Et il fut en effet compliqué de trouver une place, mais une fois la Mini immobilisée, je bondis de mon siège pour respirer l'air frais de la forêt entourant mon école.

_ Contente d'être de retour ? M'interrogea ma mère en sortant mon imposante valise du coffre.

Je ne répondis pas, trop occupée à faire face au flot de souvenirs que cet environnement me remémorait. La main rassurante de ma mère sur mon épaule, m'extirpa de mes pensées. D'un signe de tête elle m'intima de la suivre, ce que je fis traînant ma valise derrière moi. Nous nous rendîmes dans le grand bâtiment aux quatre tours afin de récupérer les clefs de ma chambre qui devait, normalement, être la même que l'année dernière. Ce fut M. Walter, mon aigri professeur de maths de l'année précédente qui me les remit en main propre. Je parcourus rapidement du regard le grand hall d'entrée qui avait été aménagé ponctuellement en salle d'accueil des élèves, cherchant du regard la proviseure de l'école, Mme. Brown. Mais la petite femme au chignon serré manquait à l'appel. Je tentai d'ignorer la déception qui commençait à m'envahir. J'aurai aimé lui parler pour qu'elle me rassure, pour qu'elle me dise que tout allait bien se passer, qu'elle avait le contrôle sur tout ce qu'il se passait à Bridgestone, et qu'en aucun cas cette nouvelle année scolaire serait aussi catastrophique que la précédente. Tristes illusions que je me faisais là ...

Le dortoir des élèves était bondé en cette après-midi de rentrée. Tous les deuxièmes et troisièmes années retrouvaient peu à peu leur marques, et la salle avait recouvré son désordre habituel, dans lequel skates, enceintes, ordinateurs et autres jouaient un rôle fondateur. J'aperçus du coin de l'œil une silhouette se diriger vers moi. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un grand sourire, lorsque je reconnus les cheveux bouclés en bataille de cette dernière. Ezra n'avait pas beaucoup changé en un mois. Il arborait toujours ce visage rond, presque enfantin, qui contrastait avec sa grande taille qui faisait de lui un bon joueur de basket. Ses intenses yeux gris cherchaient mon regard, et ce fut avec des papillons plein le ventre que je me perdis dans ses magnifiques pupilles. Il allait se diriger vers moi pour m'adresser de douces salutations, mais je lui indiquai d'un coup d'œil la présence de ma mère. Posant son regard sur cette dernière, il s'immobilisa et se contenta de m'offrir un clin d'œil avant de s'éloigner dans la foule d'élève.

Toujours suivie par ma mère, je gravis les marches menant au deuxième étage, où se trouvaient toutes les chambres des filles. Mes pas guidés par l'habitude je parcourais le long couloir aux innombrables porte, jusqu'à m'arrêter devant une d'un blanc immaculé, où y était seulement inscrit le numéro 213.

Je glissai la clef dans la serrure et après l'avoir tournée deux fois, je pénétrai dans ma chambre. Cette odeur familière de peinture m'envahit les narines, et un sentiment de soulagement commença à m'envahir. Contrairement à la première fois où j'étais entré dans cette pièce, je m'y sentais chez moi. Même si les murs étaient dépourvus de photos et de posters (comme dans ma chambre chez mes parents), je n'avais pas besoin de ces objets superficiels pour me persuader que j'étais chez moi. Je n'avais qu'à m'y sentir bien, c'était le principal.

Après un interminable au-revoir avec ma mère, qui avait bien du mal à accepter l'idée que je puisse passer une autre année scolaire dans un établissent qu'elle considérait non-sécurisé, je pus enfin me retrouver seule dans ma petite chambre et commençai à ranger mes affaires. Trois petits coups retentirent contre ma porte. Je soupirai. À tous les coups ils devaient s'agir de ma mère, prétextant un oubli, pour m'embrasser une dernière fois. Je lui criai d'entrer. La petite moue boudeuse que j'avais adopté pour faire face à ma maman, se transforma en large sourire lorsque je reconnus Ezra dans l'encadrement de la porte. Celui-ci la referma doucement, puis se dirigea en de grandes enjambés vers moi, pour venir m'enlacer amoureusement. Je soupirai de soulagement dans ses bras. Sa chaleur et sa douceur m'avaient tellement manquées, ainsi que le réconfort qu'il me procurait. Me mettant sur la pointe des pieds, je déposai mes lèvres sur les siennes, dans un délicat baiser. Incapables de détacher nos bouches l'une de l'autre, notre baiser s'éternisa durant de longues secondes, voire minutes. Que c'était bon de le retrouver ! Lorsqu'il se détacha finalement de moi je ne pus ignorer la sensation de vide qui m'envahit au même moment, mais je passai outre et me tournai vers ma valise pendant que lui s'installait sur mon lit.

Sorcières : Tome 2 [PAUSE]Where stories live. Discover now