13 - La douche intégrale

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— C'est gentil mais je vais me débrouiller, répond-elle enfin, ce qui met fin à l'inspection de Clément.

— OK, comme tu veux. Et excuse pour ton carrelage.

Elle ne peut pas le blâmer étant donné que si sa casserole a fini par terre, c'est parce qu'elle était sans arrêt dans ses pieds. Anaïs voulait voir ce qu'il faisait et au final, elle n'a fait que le déranger.

La jeune femme regarde d'un air dépité son chauffe-eau à sec. Plus d'eau... Elle n'a pas de bouteilles comme lui a indiqué Clément. Rien pour boire, rien pour se laver... La dèche complète, comme dirait sa sœur. C'est vrai que vu sous cet angle, elle serait ridicule de refuser d'emprunter la salle de bain de son voisin.

Cette fois-ci, son « moi » semble avoir capitulé, la rendant encore plus indécise qu'au départ. Mauvais pressentiment versus pratique. Le combat est rude dans son esprit. En plus de caricaturer, sa sœur se plaint souvent en disant qu'Anaïs réfléchit trop, ce qui est un avantage pour faire de la psychologie mais désavantage pour la vie de tous les jours cependant.

— Je prendrai la douche avec toi.

Dia !

Mais qu'est-ce qu'elle vient de dire ? Encore un problème de « ça ». Non, pas vraiment le « ça » parce que ce n'est pas un désir de prendre la douche avec lui, mais c'est l'idée en elle-même, pas la personne en face d'elle qui a déclenché la fonction pulsionnelle de son cerveau. Et puis c'est une idée que nous pouvons tous avoir, de se doucher à deux. Ça fait partie des fantasmes exposés par notre société. Anaïs doit encore trop réfléchir. Allez bref, vive Freud !

— Non je veux dire, enfin, quand tu te seras lavé. Pour ne pas te déranger quoi. Je ne voulais pas dire avec toi hein, lance-t-elle aussitôt tandis qu'un rire nerveux prend possession de sa gorge.

Super, de mieux en mieux ! La jeune femme a envie de s'enfermer dans une cave et de ne plus jamais en ressortir. Cela lui éviterait de nombreuses situations de ce genre. Est-elle en train de faire un évitement ? Peu importe, elle ne souhaite plus s'analyser. Ça fait trop, la preuve, elle se crée même des mécanismes de défenses psychologiques maintenant !

— Ah tu veux te doucher finalement ?

Non ! Enfin si, mais chez elle. Cependant c'est impossible. Les événements l'embrouillent et elle se mord la langue au lieu de dire une nouvelle bêtise. Elle grimace aussitôt. Elle s'est fait mal. 

— Tu peux attendre dans mon appartement, si tu veux, ça sera plus simple. À moins que tu veuilles me rejoindre sous la douche, comme tu l'as dit précédemment, lance-t-il, un sourire naissant au coin de ses lèvres.

— Non ! réplique aussitôt l'étudiante en trahissant sa panique.

Ses joues ne l'ont jamais autant brûlée.

— Ça va aller, je vais attendre chez moi. On a qu'à se donner une heure et je viendrais ensuite.

— Comme tu veux, répond-il, ses épaules tressautant à cause du rire qu'il tente de camoufler derrière son poing.

Il se moque d'elle ! C'est bien la première fois qu'il fait une chose pareille. Il faut dire que depuis son arrivée, ils n'avaient jamais passé autant de temps ensemble qu'en ce moment... Elle qui arrivait à l'éviter (encore ce mécanisme d'évitement, décidément), n'est plus au point avec son emploi du temps. Et quand ce n'est pas celui-ci qui rentre en jeu, c'est la voisine du rez-de-chaussée et son chauffe-eau qui font qu'elle doit faire appel à Clément.

En tout cas, le fait est qu'il semblerait bien que le bisounours un peu trop collant ait retiré une moitié de son masque.

— À tout à l'heure, Anaïs.

Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)Onde histórias criam vida. Descubra agora