Bonjour, Anaïs mémé persil à votre service

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Quelques secondes plus tard, Léa sembla un peu déstabilisée et fit deux petits pas sur sa gauche.

— Oh là, est-ce que ça va ?

— Oui, ne t'en fais pas.

Anaïs regarda Léa, sceptique et cette dernière lui fit un signe de main lui indiquant que tout allait bien. Évidemment, c'était bien d'offrir un sourire à sa cliente, seulement quand ce celui-ci était faux, cela n'avait pas l'effet escompté. D'autant plus quand on savait reconnaître les signes de douleurs physiques et psychologiques qu'une grossesse engendre...

Je parie qu'elle se sent étourdie. Il y a une chance sur deux qu'elle vacille avant de me coiffer, songea Anaïs en observant le reflet de la professionnelle dans le grand miroir.

— Tu arrêtes dans combien de temps ? finit-elle par demander, après avoir abandonné son regard d'inspecteur et son analyse par la même occasion.

La jeune femme ne voulait pas la frustrer en jouant la carte du psychologue qui voyait tout et comprenait tout.

— Dans un mois... Un trèèès long mois, répondit Léa en insistant sur les mots.

La jeune Dumas compatit en silence. Elle se doutait que les jours devaient paraître longs. Mais comme sa petite coiffeuse ne semblait pas décidée à épiloguer sur le problème, elle s'interdit de l'obliger à en parler plus longtemps. Elle n'avait pas envie que l'atmosphère devienne tendue ou pesante.

— Bon, fit soudainement Léa en tapant des mains et en faisant sursauter Anaïs au passage. Comme d'habitude hein ? On dépointe ?

— Comme d'habitude, confirma la concernée en plus d'un hochement de tête.

Anaïs avait les cheveux longs. Et même si ces derniers lui faisaient souvent péter un câble, à cause de leur nature, la jeune femme tenait à sa longueur. Ses bouclettes qui descendaient jusqu'à la taille étaient magnifiques, quand elle arrivait à les dompter.

— Té(4) allez, enfile la blouse. Va aux bacs, je te rejoins dans une minute !

Et ce fut ainsi qu'une minute devint une éternité. Parce que Léa, les jambes flageolantes, faillit tomber dans les pommes et que Patricia dut assurer les prestations toute seule après que sa collègue soit partie dans la réserve pour reprendre ses esprits.

Autant dire que ce fut la galère dans le salon. Trop de clients et pas assez de professionnels. Léa et Patricia étaient les deux seules employées du salon. Enfin il y avait bien Sophie, la patronne, mais elle n'était quasiment jamais là, elle. Disons qu'en tant que gérante du commerce et ayant son bras droit (Léa), elle s'autorisait pas mal de temps de repos.

— On dépointe seulement, souffla la pauvre Anaïs en tentant de cacher son agacement à l'idée que Patricia touche ses cheveux.

La professionnelle ne répondit rien et redresse la tête de la châtaine. Tandis que l'étudiante observait la coiffeuse dans le miroir, la concernée acheva de pincer ses lèvres, déjà quasiment inexistantes.

En trois ans de fidélité, Anaïs avait toujours évité d'être coiffée par elle. Elle prenait tout le temps rendez-vous avec Léa et allait même jusqu'à annuler ce dernier si elle apprenait que sa petite coiffeuse adorée ne pouvait finalement pas lui couper les cheveux. Et voilà qu'aujourd'hui en ce début de mois de février, elle était faite comme un rat. Pour le plus grand plaisir de Patricia et pour le plus grand malheur de l'étudiante !

***

Vingt minutes plus tard, ce fut en rasant les murs qu'Anaïs sortit du petit salon de coiffure.

Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)Where stories live. Discover now