Chapitre 4

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Mes jambes me démangeaient. Elles ne demandaient qu'a courir a travers les broussailles et mes poupons qu'a être explosé par la course infernale. Je commença a prendre de la vitesse oubliant pendant quelques précieux instants cette meute. Cette charge, ce devoir que je fus obligée de prendre en main. Je balança ma nuque en arrière la faisant doucement craquer. Ce serait simple comme bonjour pour moi cette course mais pour les autres, mes dents se serrèrent a la simple évocation de cette idée. Je haussa les épaules intérieurement avant de ralentir le pas une fois a la hauteur du cours d'eau qui clapotait lentement a côté de moi, de nous. Je releva mon regard qui s'était naturellement posé sur les vaguelettes que formait la rivière. L'horizon s'étendait a perte de vue, les reliefs montagneux se découpaient au delà des arbres. Ces derniers se dressaient face a nous tel des gardiens. Je ne sais pas quelle heure il était et je m'en moquait, nous devions continuer. De temps en temps je remarquais l'arrière du groupe ralentir pour boire ou manger quelque chose, je n'en fis rien et je continua ma course.

Les heures défilèrent depuis le départ, le ciel nous suivait tel un membre de la meute mais la Nocturne devait le faire et y arriver. Mon souffle était régulier, j'avais cette habitude de pouvoir parcourir de nombreuses distances. Me fiant a mon ouïe et a ma vue, qui étaient mes seuls repaire ici, je fis stopper la troupe. Une grotte se construisait au loin enfermant entre de puissants chênes, je regarda mes parents et d'un regard tenta de leurs faire comprendre qu'ils devaient rester ici. J'obtenu un hochement positif de leurs parts et vinrent se poster aux avants de la troupe pour discuter. Certains s'assirent pour se reposer d'autre s'allongèrent tandis que le peu encore debout trépignaient d'impatience quand a se battre ou courir encore plus vite. Mettant mes doigts a la bouche je siffla, rien, aucune réaction ne survenue depuis la caverne sombre. Je m'approcha alors, seule, mon arc a la main dans cette grotte a l'allure déserte. Je tendais désormais la corde de mon arc, le souffle court. Je jeta un regard vers la meute et plus précisément mes parents et Martin puis d'un mouvement de main leur indiqua des broussailles un peu plus loin, je ne voulais pas de blessés, ce serait trop bête de gâcher sitôt des herbe médicinales qui pourraient être précieuses dans le temps. Je vis qu'une seule personne ne bougeait pas de l'endroit initiale et me portait un regard insistant pour me suivre, toujours celui qui me soutenait. Martin. Dans un long soupir et un jeté d'oeil au ciel, je lui fit signe de s'approcher et d'une voix qui frôlait le murmure je lui dit.
"Tu prends le nord de la grotte, cherche une éventuelle issue. Je passe devant et j'entre. Si il n'y aucune trace on restera ici cette nuit."
Il me glissa un regard inquiet mais je n'y prêta pas une grande attention. Je me permis juste de rajouter.
"Tu n'avais qu'a ne pas plier le genoux  face a moi et rien de tout cela ne serait entrain de ce passer."
Lui accordant un dernier regard, je m'avança vers l'entrée sombre du petit abris. A pas meurtris je pénétra lentement, très lentement, dans l'entrée de la grotte lugubre. Ces parois grises, ce sol de gravier. Ces jarres calcinées, mon cœur faillit s'arrêter. Je regarda Martin qui avait constaté la même chose que moi. C'était la grotte où je vivais au moment où Martin avait commencé a tirer. Me tournant je découvris l'arbre où il était perché, les traces de sang au pied de ce dernier, l'arc de cercle brûlé au sol. Des luniers avaient établies domiciles ici ? Je ne l'espérais pas. Je demanda a Martin d'éloigné la troupe, j'étais responsable d'eux et ce serais moi qui me sacrifierais même si aucune raison très très valable ne me venais a l'esprit. Mes mains tremblaient, mes bras également qui firent subir le même mouvement a mes jambes. Les regardant pour une éventuelle dernière fois je les vis s'éloigner. Je souffla un grand coup avant d'entrer dans l'antre sombre. Aucun bruit ne l'habitais, un silence pesant régnait. J'é rasa bon nombre de jarre réduite déjà en un bon nombre de fragment. Comment avais je fais pour ne pas me rendre compte que c'était là où je venais chaque pleine lune ? Je fis rouler mes épaules pour les détendre avant de poursuivre mon repérage. J'entra dans la partie où l'explosion avait eut lieu, des cadavres jonchaient le sol mais rien de plus, par un lunier en vie. Je continua ma route, jusqu'à l'éboulement. Je fis rouler de lourdes roches au sol qui dégagèrent une place pour que je me faufiles a travers. Derrière rien ne m'attendais de terrifiant, il y avait encore des cadavres, des traces de poudres noires. Le regard bas, je continuais ma route jusqu'à que je me cogne a quelque chose. Je releva le regard, terrifiée. Un homme d'une trentaine d'année au visage défiguré, aux moins ensanglantée, aveugle d'un oeil était devant moi. Je me força tant bien que mal de ne pas crié mais il savait que j'étais ici. Je dégaina ma dague de mon dos, lâcha mon arc au sol qui retenti et je me jeta a corps perdu sur lui. Je lui enfonça la dague en plein de le cœur avant de l'extraire et de lui enfoncé dans son seul œil valide. Je ne savais pas si il était encore en vie alors dans un mouvement de poignet très souple je lui trancha la gorge. Un sang pourpre, presque noir coula a flot sur le sol, mes mains en étaient pleine, mon visage avait baigné dans son sang. Il posa sa main sur sa gorge avant de chercher a m'attraper. Je recule rapidement de son emprise et il chuta au sol, son corps parcouru de spasmes. J'étais recouverte d'une puanteur qui mettrait un long moment a partir. Je m'essuya le front avec le dos de ma main qui était couverte de rouge qui ne fit que renforcé ce côté immonde du combat. Mon coeur battait plus rapidement que je l'aurais crus. Mon souffle était saccadé mais je finis par reprendre mon arc et je continua ma route, sachant que des luniers pouvaient surgir a tout moment. Par chance, il devait être le seul. J'arriva a la sortie de la grotte, là où il m'avait assommé la première fois. A ma gauche trônait ce rocher tâché de mon sang séché. Mon souffle était court, mes poumons me brûlaient, l'odeur du sang empestait et le soleil se couchait. Nous n'avions pas le choix, on devait établir domicile ici pour la nuit. Je rejoignis alors ma meute, couverte de sang. J'en rigolais intérieurement alors que tous les yeux rivés sur moi étaient terrifiés. Je m'approcha d'eux, mon souffle n'était pas revenu a la normale. J'aurais peut être du me changer avant de revenir car je savais la rivière très proche de la grotte. Martin me rejoignit en courant depuis l'autre bout de la grotte. Les yeux écarquillés il m'assomma de questions sur ce qu'il s'était passé. Il m'avait même avoué qu'il avait redouté ma mort. Je n'aurais pas été une grande perte tu sais, lui avais je dis d'une voix douce. Il passa son bras sous mon épaule gauche, me permettant de m'appuyer sur lui puis nous avancions hanche contre hanche jusqu'aux premiers visages de la meute. Tous se rassemblèrent autour de moi et Martin me marmonna a l'oreille dix prénoms que je devais appeler. Je rassembla donc les dix personnes désignées par lui, je n'avais rien d'autre a faire. Je constata a contre coeur qu'il s'agissait de dix garçons qui trépignaient d'impatience pendant que nous marchions. Martin rajouta a mon oreille uniquement qu'il s'agissait des dix meilleurs combattants que la meute avait. J'haussais brièvement les épaules avant de leurs dire une simple consigne.
"Le sang que vous avez vu sur mes vêtements n'est pas le mien, il s'agit de celui d'un lunier. Il y avait un survivant dans la grotte mais je l'ai combattu et je l'ai tué. Peut être qu'il était plus faible que d'autre, je ne sais pas. Mais j'ai l'ai abattu en lui poignardant le cœur, lui tranchant la gorge et en le rendant aveugle.
- Avec ton arc tu as fais ça ?" Avais demandé un homme plus jeune que moi a la carrure imposante.
"Non avec ma dague." A ces mots, je leurs montra l'arme en question, leurs expliquant l'anatomie de l'outil et comment s'en servir. Je jouais également avec le couteau entre mes doigts leurs montrant rapidement la facilité extrême qu'offrait ce couteau en terme de maniement.
"Je  veux que vous vous équipez d'une dague chaqu'un et vous vous posterez sur les entrées de la grotte. Si des luniers approche vous les tuez a la dague si ils sont trop proches pour l'arc, sinon optez pour ce dernier. Si ce sont des meutes adverses, vous venez me réveiller et je m'en chargerais mais si ils attaquent, ouvrez le feu plus rapidement que ce qu'ils feront. Je veux justes deux personnes qui se chargent de la meute a l'intérieur, une du couloir nord et l'autre du couloir sud."
Ils écoutaient mes consignes avec une attention toute particulière, près a se battre pour moi et pour leur meutes. Ils n'avaient pas confiance en moi, je le savais et Martin me l'avait confirmé mais le garder a mes côtés me faisait entendre. Tous hochèrent la tête a la fin de mes explications. Sur un sifflement je demanda la départ en expliquant au passage a Martin qui s'était posté a mes côté comment la nuit se déroulerait. J'espérais toutefois qu'aucune attaque ne viendrait nous déranger cette nuit, tout le monde avait besoin de cette dernière.
Nous arrivâmes a la grotte aux dernières lueurs du jour. Nous avions fort heureusement du miel dans nos réserves. Je demanda a ce qu'on dépose le sac qui le contenait puis je demanda aux dix guerriers de se partager les membres équitablement, chaque vétéran aurait un groupe qui serait sous sa responsabilité. Plongeant des morceaux de bois dans le miel et frottant des pierres l'une contre l'autre je parvins avec beaucoup de difficulté a les embraser, contrairement aux silex que j'avais dans mes établis et qui étaient taillés exprès pour ça. Au souvenir de ces pensées j'entra dans la grotte et souleva les jarres brisées, du moins ce qu'il en restait, avant de tomber sur deux de mes silex. Je revenu vers les morceaux de bois et finis de les embraser avec une facilité déconcertante. Je tendis une torche a chaque meneur de groupe. Il ne restait plus que moi, derrière les groupes, attendant que tous ces derniers soient rentrés dans la gritte avant d'approcher de la parois rugueuse de la roche. Je serrais postée sur le toit de la grotte, peut être la place la moins stratégique mais je pourrais observer l'ensemble des étendues. Je verrais tout ce qu'on me laissera voir. Je raccrocha alors les armes sur mon dos, puis je commença mon ascension sur les trois quatre mètres d'hauteur. Mes doigts se faufilaient dans le moindre petit creux ou se posaient sur la moindre bosse. Mes pieds épousaient les reliefs, tantôt bombés, tantôt creux. Je gardais mes yeux assez bas, évitant les petits éboulis poussiéreux qui venaient me perturber ma vue et qui m'avait offert de nombreuses chutes étant plus jeune. Je continua de grimper, faisant pivoter agilement mon bassin pour le coller ou le décoller de la parois. Je finis enfin par voir le sommet de la grotte, il était assez plat mais recouvert de reliefs. Je m'allongeait au moment où la lune commença a surveiller le ciel de son éclat blanc. Je posa mon regard sur le ciel nocturne avant de le faire descendre sur les étendues noires du sol. Je n'avais plus de lumière, juste mon ouïe, ma vue et mon odorat pour me guider a travers cette nuit qui allait s'avérer très longue.

Eïla et les LuniersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant