L'Orpheline

Tome 1 : Prologue

Il était grand et très pâle. Ses yeux étaient d'un bleu ensorcelant, mais une haine, une froideur si faisait voir. Sa chevelure, je dirais noir de jais. Mais qui est-il, je ne serai vous le dire. D'où je le connais, seul mon inconscient pourrait vous y répondre. Depuis combien de temps que je le connais, je dirais depuis la nuit des temps.

Quand il était devant moi, plus rien n'existait, il ne bougeait pas, ne parlait pas, seuls ses yeux exprimaient une haine dont je ne pourrais dire l'origine. Plus le temps passait et plus la distance entre nous s'élargissait et lorsque l'aurore du matin apparaissait enfin, il disparaissant dans un brouillard inexistant.

- « Anna, Anna c'est l'heure de te réveiller. » s'exprimait une voix de petite fille me secouant inlassablement le bras.

Lorsque je reprenais conscience de mon existence, dans ce lit, dans cette chambre, dans ce monde, il n'était plus là, il avait rejoint le sien. A chaque fois que je mettais rendue dans le monde des rêves, il était toujours là, avec les années il était toujours le même, quant à moi je changeais peu à peu laissant mon corps de jeune fille à celui d'une femme.

Anna était mon prénom, il m'allait bien me disait-on. J'avais de longs cheveux bruns foncés voir noirs et des yeux bleus, j'étais petite mais très intelligente ne cessaient de dire mes professeurs de magie. Je vivais dans le Centre de Paris, dans un petit quartier triste. Je vivais entourée de murs des plus insalubres que mon existence n'avait connu. Je vivais dans ce petit orphelinat dans la joie qui n'était qu'une facette de notre malheur. Mais lorsque je me rendais à Beauxbâtons, ma vie me paraissait déjà meilleur, rempli un peu plus de sens, pourtant j'étais là même, celle dont le regard était toujours dénudé d'expression, celle dont les sourires, les éclats de joies et les rêves étaient peu présents. C'était ma vie de jeune fille de dix-sept ans, orpheline de naissance, mais jamais rabattue par la tristesse et les difficultés et c'est grâce à cet homme qui était sans cesse à mes côtés dans ce monde des rêves, s'était le seul à me faire sourire au petit matin, c'était l'homme dont j'étais éperdument amoureuse mais c'était aussi l'homme qui me faisait le plus peur, le plus souffrir.

J'étais cette Anna, mais aujourd'hui elle n'existe plus et n'existera plus.