Réveil

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Les volets étaient fermés, mais la lumière du soleil rougeoyant se frayait tout de même un chemin entre les fentes de bois, agitant les particules de poussière qui polluaient l'air de la pièce. Les bruits de la ville restaient étouffés par le double vitrage, mais étaient suffisamment présents pour agir avec le même effet qu'une berceuse. Pourtant, il était réveillé. Depuis bien un quart d'heure, et impossible de se rendormir. Avec rage, il attrapa la couette qu'il plaqua au-dessus de sa tête, avant de se rouler en position fœtale. Son lit grinça dans un affreux bruit métallique, mais en habitué, il n'y prêta pas attention. Il tenta de rester immobile mais tint à peine cinq minutes, c'était comme si son corps était soudain allergique à l'immobilité nécessaire au sommeil, rendant insupportable l'absence de mouvement. Se retournant de l'autre côté, il se décida à essayer une technique qu'il avait lue sur internet, à savoir détendre ses muscles un par un.

Bien. On peut dire qu'il s'agit d'un...

Epic. Fail.

- « Oh non. Bordel, vous allez pas vous y mettre, vous aussi ? J'étais bien quand vous la fermiez ! »

Dans un geste tellement brusque que tout son corps rebondit sur le matelas, il entraîna la couette avec lui alors qu'il se tournait face au mur.

Ne renie pas ta vraie nature, fils...

... Quelque part, il a raison, c'est mieux quand tu la ferme.

- « Ah, tu vois. » murmura-t-il, à part, gardant les yeux désespérément clos.

En attendant, les gars, on a pas que ça à foutre.

Comment ça on a pas que ça à foutre ? Dormir est une vocation, d'accord ?

- « Tout à fait. Et si ça dérange personne, j'aimerais bien m'y consacrer. EN PAIX. »

- « WADE ! »

- « OH. MON. DIEU ! »

Abandonnant tout, Wade balança sa couette au bout de son lit, alors que la porte de sa chambre s'ouvrait brusquement, cédant le passage à celui qui l'avait appelé trente secondes auparavant :

- « Debout. Maintenant. »

- « Argh ! Laisse moi dormir... » pleurnicha le mercenaire en se frottant les yeux avec les paumes de ses mains.

- « C'est dix-huit heures. Personne ne dort à dix-huit heures. »

Faisant deux pas à l'intérieur de la chambre de Wade, son interlocuteur se dirigea vers la fenêtre, dont il ouvrit en grand les volets.

- « Nooooon ! » s'écria dramatiquement le mercenaire. « Bella ! Ne me fait pas ça, tu sais bien que je suis allergique au soleil ! Je... JE BRILLLLLE ! » annonça-t-il pathétiquement en ramenant sa couette sur sa tête.

On va pas recommencer avec les références Twillight, si ?

Du moment que je suis Rosalie, moi ça me va.

Wade agrippa avec plus de force la couette au-dessus de sa tête lorsqu'il sentit que l'on tirait dessus, mais il dut se déclarer perdant, et la pièce de tissus vola à travers la pièce tandis que la silhouette en contre-jour d'un jeune homme se découpait dans la lumière du couchant. Wade fronça les sourcils, surpris : il aurait reconnu n'importe où les cheveux en bataille et aux mèches brunes de celui qui lui faisait face. Les éclats roux que le soleil donnait à la chevelure du jeune homme aveugla le mercenaire pendant quelques instants, durant lesquels il resta stupéfait, la bouche grande ouverte, contemplant émerveillé son interlocuteur. Maintenant qu'il s'était habitué à la lumière, il distinguait les traits fins et rieurs du garçon, ses tâches de rousseurs qui étaient apparues avec l'été, la petite fossette étrange et unique sur sa joue gauche, sa lèvre inférieure qu'il mordillait répétitivement, avec impatience... Comme s'ils s'étaient vu la veille.

Like A RedLanternOù les histoires vivent. Découvrez maintenant