La Bohème

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Je vous parle d'un temps

Que les moins de vingt ans

Ne peuvent pas connaître

Montmartre en ce temps-là

Accrochait ses lilas

Jusque sous nos fenêtres


Vingt ans, Lars Maes en avait à peine plus. Et pourtant, lorsqu'il était arrivé à Paris pour la première fois, c'était comme s'il avait tourné une page de sa vie.

Il était immédiatement tombé sous le charme de cette ville immense, si riche, si fleurie et surtout si vivante. Capitale des Arts et de la Beauté, elle brillait de mille feux et respirait l'amour, le bonheur, la plénitude. Il avait bien fait de quitter Amsterdam. Il savait qu'ici, il trouverait ce qu'il cherchait depuis quelque temps déjà.

L'inspiration.


Et si l'humble garni

Qui nous servait de nid

Ne payait pas de mine


Il avait loué cette petite mansarde miteuse au-dessus d'appartements en plein Montmartre. Il y avait l'eau et l'électricité mais pas toujours quand on en avait besoin; les ressorts du lit n'avaient pas été changés depuis une dizaine d'années au moins; la baignoire était à moitié bouchée; il n'y avait pour tout mobilier qu'une grande armoire bancale et une petite table entourée de deux chaises en osier abîmé.

Mais Lars, n'ayant jamais vécu dans le grand luxe à la différence de sa sœur qui habitait en Belgique, s'était dit qu'au fond, ce n'était pas grave. Il avait un endroit où dormir. Et puis, au moins, ça ne lui coûtait pas cher; il pourrait dépenser ses économies dans ses toiles et ses pinceaux.


C'est là qu'on s'est connus

Moi qui criais famine

Et toi qui posais nue


Le lendemain, il s'était levé tôt et était allé se promener, cherchant l'inspiration au lieu de remédier à son estomac vide. Et il avait découvert une galerie d'art. Fourmillant de jeunes artistes comme lui, qui s'extasiaient devant les travaux de leurs pairs et échangeaient leurs visions sur la beauté, ou même qui avaient sorti leurs toiles et qui peignaient.

Et c'est là qu'il l'avait rencontrée.

Marianne Bonnefoy.


Elle n'avait pas plus de vingt ans non plus et elle posait nue dans l'atelier d'à côté. Tout de suite, Lars était tombé fou amoureux d'elle. Ses grands yeux bleus, ses longs cils, ses boucles d'un blond doré, son corps magnifique l'avaient tout retourné. Elle avait une allure altière et on aurait dit une reine tant elle semblait belle et pure.

Lui qui était généralement solitaire et peu avenant, n'ayant de contact qu'avec sa sœur et son frère, il était allé d'une voix tremblante lui demander de devenir sa muse. Incapable de mettre des mots sur ses sensations.

Il faut croire qu'il lui plut lui aussi, car Marianne lui adressa un sourire charmeur et accepta.


La bohème, la bohème

Ça voulait dire

On est heureux

La Bohème (French only)حيث تعيش القصص. اكتشف الآن