Chapitre 5 :

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Une fois qu'il était parti, je suis allée choisir les vêtements puis prendre une douche. Le peu de liberté qu'il restait sur cette planète était le choix vestimentaire. Malgré le bien que ce bain m'a apporté, je me sentais faible, mon ventre criait famine. Robert est venu me chercher pour m'emmener voir le fameux fils du "Gouverneur Johnson".
Il a admiré ma tenue, m'a fait des compliments comme quoi j'étais devenue grande et forte et surtout a vérifié la marque dans mon dos.

- Je te préviens, il est comme son père : arrogant, qui veut toujours tout. Il s'appelle Kyle Johnson mais il veut qu'on l'appelle Johnson. Par contre, il est un peu ... spécial.

Robert a ouvert une porte devant nous et m'a fait rentrer la première. J'ai découvert un grand bureau luxueux avec une vue panoramique sur le paysage détruit, qui me fendait le cœur à chaque fois que je le voyais, une grande table vide sur le dessus et des portes sur les côtés qui menaient je-ne-sais-où.

- Assieds toi, a dit Johnson en entrant par une des portes.

Je me suis exécutée pendant qu'il passait derrière moi pour regarder ma marque. Il s'est assis sur son fauteuil en face de moi. J'ai enfin pu le voir : il devait être un peu plus vieux que moi, musclé sous sa chemise lui sculptant le corps mais caché sous son costume, son visage était régulier mais déchiré par des marques de haine et de domination et laissait tomber une mèche de ses cheveux devant son œil gauche comme pour le camoufler. Il me regarda avec défiance et dit :

- Alors comme ça tu es une Sauveuse ?

- Si c'est comme ça que vous les appelez, alors oui.

- Tu dois te demander pourquoi on ne t'a pas tué et tu ne peux pas t'en aller. Si je te laisse libre, tu pourrais contrôler la Terre mais je ne peux pas te tuer car tu pourrais nous être utile et surtout tu es un bon otage pour nous.

- Un otage ? Vous être utile ? C'est hors de question.

- C'est pourtant ainsi maintenant et tu feras ce qu'on te dis. Pour commencer, tu te présenteras à la prochaine réception demain avec la marque à découvert. Tu as plus de valeur et de pouvoir que tu ne le penses.

- Je ne viendrais pas.

- Pardon ?!

- Je ne viendrais pas, vous me retenez ici et vous voulez me présenter à une fête de riches ! C'est non.

Il s'est levé et s'est penché sur son bureau pour me menacer de haut. Il était grand, plus que moi en tout cas qui n'était pas petite.

- Tu vas faire ce qu'on te dis c'est clair ?

Il m'intimidait un peu mais pas assez.

- À condition que...

- Il n'y a pas de conditions ! Tu viendras, point.

- Un privilégié sans amour.

- Écoute moi bien, quand je veux quelque chose, je l'ai, mais toi, tu n'as plus rien et tu n'auras rien.

Il était si près de moi que j'ai senti mes joues rosir. Mais j'ai fait comme si de rien n'était. Je voulais savoir ce qu'il cachait. J'ai fait comme si je me levais et j'ai soulevé ses cheveux pour révéler son secret. J'ai découvert un œil brûlé surmonté d'une coupure verticale. Il a plaqué à main dessus pour la chacher mais j'avais tout vu. Il m'a regardé comme si il allait me tuer et avec plein d'effroi, son visage déformé par sa haine et s'est précipité là où il était venu. Je me suis levée et suis sortie la tête haute en puisant dans mes dernières forces.
J'ai rejoint la chambre accompagnée de Robert. Un fois dedans, je me suis appuyée sur mon lit car je me sentais defaillir et je lui ai dit :

- Est-ce que je pourrais avoir à manger s'il vous plaît ?

- Évidemment, tu aurais du me le demander plus tôt ! Je reviens tout de suite.

Je me suis allongée sur mon lit depuis le côté droit, les bras écartés. J'ai attaché mes cheveux et Robert est revenu. J'ai englouti le tout et une fois que j'ai fini, il m'a dit :

- Pourquoi as-tu regardé son œil ?

- Je n'aime pas les secrets.

- Alors il y a beaucoup de choses que tu dois savoir. Mais pourquoi concrètement ?

- Je pense que je peux le soigner.

- Il a ça depuis ses dix ans, personne ne sait pourquoi et personne n'a pu faire disparaître ce qu'il se cache là dessous.

- J'ai travaillé 11 ans dans un hôpital avec des blessés de guerre en tout genre, je sais à quoi j'ai à faire et comment faire.

- Pour le moment, il ne te fera plus confiance.

- Il le faudra si il veut que je fasse quelque chose pour lui et sinon, je ne viendrais pas à sa réception.

- Tu y es obligée, toutes les personnes invitées t'attendent.

- Alors nous ferons tous les deux des efforts.

Mais au fond de moi, je le détestais déjà et j'étais une fois de plus en événement de foire.

- Au fait, qu'est devenu Fred ?

- Il ... après t'avoir amené, il a pété les plombs. Il était un espion pour nous et s'était déjà intégré mais il le supportait mal. Comme il avait trahi une amie, il est devenu un peu fou. Il est maintenant dans une partie du bâtiment un peu à l'écart pour qu'il se soigne. Il est suivi par un grand nombre de psychiatres et de psychologues mais il ne le vit vraiment pas bien.

- Je pourrais aller le voir ?

- Oui, si tu veux, je t'y emmène de suite mais il faut que tu te reposes pour demain et que tu te prépares.

- Je vais juste cacher la marque avant de sortir pour ne pas trop attirer les regards mais allons-y !

J'ai enfilé un sweat un peu long pour cacher toute la marque et me sentir au chaud et nous nous sommes dirigés vers le quartier B du bâtiment, celui des cas psychiatriques.
Tout était blanc ; les couloirs, les chambres, les aides-soignants,... Robert a ouvert une porte et m'a dit avant que je rentre :

- Il ne te verra pas mais toi oui, je te préviens, il ne va pas bien.

Je suis entrée finalement et je l'ai découvert, attaché à son lit, des cernes sous les yeux, le teint maladif. Fred Wright n'était plus lui même.

La MarqueWhere stories live. Discover now