ONZE | LES PORTES

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NYCTALOPES
CHAPITRE 11

J'ai l'impression de marcher dans une mer endormie

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J'ai l'impression de marcher dans une mer endormie. Naïve, je triture l'interrupteur, comme si le plafond allait s'éclairer pour me réconforter. Je fais glisser ma main libre sur le mur, j'ai peur qu'il s'en aille, qu'il s'écroule. Il y a une autre porte, qui brille doucement, grâce au vernis qui recouvre son bois blanc. Est-ce que je vais découvrir d'autres corps ici ? Est-ce que l'odeur de la mort va me prendre à la gorge, comme elle l'a fait précédemment ? J'espère que Nick aura plus de chance de son côté. Je n'ai entendu aucun cri ou grognement, ce qui est bon signe. Peut-être que le bouffe-merde que j'ai cru percevoir à l'entrée n'était rien d'autre que l'œuvre de mon imagination terrorisée.

Je pose mes doigts sur la poignée, et avec horreur, je remarque qu'elle vibre sous ma peau. Quelqu'un est en train d'essayer de l'ouvrir de l'autre côté. Immédiatement, l'image d'un parasité qui frôle le métal de ses doigts osseux me hante le cerveau. Je l'empoigne entièrement, prête à frapper. Je l'ouvre comme si je donnais une claque à quelqu'un.

Ma lame fait siffler l'air, mais ne rencontre rien. J'observe la salle de bain et son carrelage recouvert de boue et de verre. Je n'ai le temps à peine d'apercevoir les formes de la baignoire et des toilettes qu'une ombre se jette sur moi en râlant.

J'hurle, et mon corps percute le mur d'en face, poussé par le poids du parasité qui semble ravi de m'avoir trouvé. Je tente de me dégager, et lève mon genou pour enfoncer ma botte dans son estomac. Ses dents se referment dans le vide, alors qu'il s'étale devant moi.

— Dessss... ins d'enfant... me crache-t-il, et il ne lui faut qu'une seconde pour se remettre sur pieds et de courir.

Comme une idiote, j'ai lâché ma seule arme, et je sais que ce n'est pas avec mes poings que je tuerai la chose. Le noir n'aide pas, mes yeux ne remarquent que la porte fermée avec la famille morte à l'intérieur. Je me jette vers elle, pour me cacher. Au loin, des voix appellent mon prénom.

Je ne suis pas assez rapide, et il y rentre avec moi. Sauve-toi Jordan. Cours, cours, cours.

La chose est hypnotisé par la vie qui bondit en moi, elle me suit, peu importe où. Je saute sur le lit des cadavres, je sens leurs os craquer sous mon poids. Mes pas froissent leurs draps, j'aperçois le parasité qui continue de me parler, en articulant :

— Gribouiiiilla... age...

Il monte sur le lit, à la manière d'un chat qui avance vers un oiseau.

Comme un animal paniqué, je ne cherche plus qu'à sortir de la cage dans laquelle je me suis si stupidement enfermée. Quand sa tête bascule en avant, je me précipite vers la seule issue. Je vois la silhouette de Nick à la sortie, je sens le bras du bouffe-merde dans le coin de la porte que je claque. Sa tête sort, horrible face de femme aux cheveux blonds.

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