vingt-et-un // inopiné

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— Bravo, 'dous! Tu t'améliores! Quand je te disais que ce ne serait pas si difficile!

— Il s'améliore? répéta Marcus, qui avait suivi la conversation, les sourcils froncés.

— Oui, je le pousse à parler davantage et à s'ouvrir aux autres, répondit la rousse, toute fière d'elle. Au lycée, par exemple, il mange toujours avec mes amies et moi et cette semaine, il a bossé avec...

Elle énuméra les noms de toutes ses amies pendant que le garçon grimaçait, visiblement mal à l'aise d'être le centre de l'attention. Marcus, pour faire taire la pie, se recula pour les laisser entrer. Pendant qu'ils enlevaient leurs manteaux, il s'enquit, sceptique :

— Et ça te plaît, Aldous, de ne traîner qu'avec des filles?

— Ç-ça va.

Daisy renchérit, sans tact :

— C'est mieux que de ne traîner avec personne, hein? Je suis sûre qu'au fond, ça lui plaît bien d'être entouré de filles...

Marcus, qui comprit où elle voulait en venir, roula les yeux. Il les invita d'un geste de la main à les suivre jusqu'au salon, où les attendait Harry, et lâcha :

— Tu es consciente, j'espère, que ce n'est pas tous les garçons qui aiment passer du temps avec que des filles?

Daisy écarquilla les yeux et dévisagea son ami.

— Attends, tu... tu n'es pas intéressé par les filles?

Pour une fois, Aldous n'hésita pas à prendre la parole :

— S-si, bien sûr!

À ces mots, le visage de Daisy s'éclaira d'un grand sourire.

— Tu m'excuseras, 'dous, l'abruti à côté de toi dit n'importe quoi.

— L'abruti en question pourrait très bien te mettre dehors à tout moment, la menaça Marcus tandis qu'ils entraient dans le salon.

— Je te l'avais dit, qu'il était susceptible, chuchota Daisy, assez fort cependant pour que tout le monde l'entende.

— Qui est susceptible? demanda Harry, encore occupé à ranger tous les disques qu'ils avaient écoutés tout à l'heure.

— Moi, peux-tu le croire? s'insurgea Marcus.

— Très certainement.

Harry éclata de rire en voyant sa tête dépitée, mais redevint vite sérieux lorsqu'il reconnut le garçon, un peu en retrait, qui venait d'entrer dans le salon. Aussitôt, il jeta un regard interrogateur à Marcus, qui haussa les épaules pour toute réponse.

Pour ne pas rendre personne mal à l'aise, ils demandèrent à leurs invités s'ils voulaient boire quelque chose — Daisy s'essaya à nouveau avec la vodka —, après quoi ils leur servirent des jus de pomme. Une fois qu'ils se furent tous carrés dans les fauteuils ou sur le canapé et qu'ils eurent échangé quelques banalités d'usage, Marcus enchaîna par la raison de la visite des deux adolescents.

— À ce qu'il paraît, ils ont quelque chose à nous annoncer.

Comme les deux jeunes gens se concertaient du regard, Marcus demanda, sarcastique :

— Eh bien, quoi? Vous allez vous marier?

— Mais non, abruti, répliqua Daisy, dont la couleur du visage s'avoisinait maintenant à celle de ses cheveux.

— C'est à p-propos de ce q-que je vous ai dit l'aut-tre jour.

Aussitôt, tous les regards convergèrent vers Aldous, qui baissa la tête. Comme il s'était tu, Daisy prit le relai, les yeux au ciel :

Rimbaud et LolitaWhere stories live. Discover now