Chapitre 7 : Le trésor de l'île Godec

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L'annonce de Luca m'avais fait un choc. Il avait fait croire à tout le monde, y compris à ses parents, qu'il était mort. Je réalisai alors qu'il y avait pire que de dire à sa mère qu'on refuse la vie de druide. Comme simuler sa mort. Ce type était complètement dingue. Qu'y avait-il de pire à supporter que la mort de son fils ? D'autant plus que, d'après mes souvenirs, Luca était fils unique.

Finalement, peut-être que le mensonge de mon père n'était pas si terrible que cela.

─ Hé, Gwen, ça va ?

Je tournai mollement la tête vers Ninon. Luca avait quitté la petite chambre. Un problème à régler, soit disant. Mon amie avait un regard inquiet. En même temps, depuis qu'il était parti, je n'avais pas décroché un mot.

─ C'est qui ce type, au final ? demanda-t-elle sans me laisser le temps de répondre à sa première question.

─ Le fils de l'ancien voisin de Mamie. Quand j'étais petite, pendant les vacances, il était toujours là. Sa mère est espagnole, mais son père a toujours vécu en Bretagne. J'ignore comment ils se sont rencontrés, mais ils ne sont pas restés longtemps ensemble. Luca ne se souvient même pas déjà avoir vécu avec les deux en même temps. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il ait simulé sa propre mort. Ça me dépasse. Comment peut-on faire une chose pareille ?

Ninon haussa les épaules.

– Je ne sais pas, mais c'est vrai que c'est horrible. Après tout, ce qu'ont fait tes parents, c'est plutôt soft. Tu devrais plutôt y réfléchir à deux fois, avant de faire la gueule à ta mère.

Je haussai un sourcil étonné. Je ne lui avais en aucun cas parlé du ressentiment que je ressentais à l'égard de Maman, alors comment pouvait-elle le savoir ?

– Arrête, Gwen, ça se voit à des kilomètres, que tu fais tout pour l'éviter ! s'écria-t-elle devant ma mine étonnée. Et puis je te connais par cœur. Tu étais très proche de ta mère, et le fait qu'elle t'ai trahi, ça te mets mal, je comprends. Mais franchement, on n'a qu'une mère, Gwen.

Je la regardai en coin, déstabilisée. La mère de Ninon était morte lorsqu'elle avait accouché de Line, sa petite sœur. A l'époque, elles étaient en froid, toutes les deux, et Ninon n'a jamais eu le temps de s'expliquer avec elle. Leur dernière discussion restera à jamais une dispute.

– Tu as raison, admis-je. Il faut que je lui parle.

C'est alors qu'on frappa à la porte de la chambre.

– En tout cas, tu ne vas pouvoir le faire tout de suite, commenta Ninon en allant ouvrir.

Un charmant visage couronné d'andouillers apparut dans le cadre, les sourcils froncés et les yeux inquiets.

– Cernunnos ? Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je, légèrement perturbée par son expression. Tu fais une drôle de tête.

Il resta muet un instant, regardant en détail chaque recoin de la chambre.

– Non, rien, finit-il par déclarer, secouant sa tête brune. Nous devons nous rendre à nouveau dans la salle de réunion, Orag a des choses à nous dire. Des choses importantes. Vous venez ?

Je soupirai ouvertement. Revoir cette saloperie d'ex-triton ne me ravissait pas vraiment, mais avais-je le choix ? Visiblement, non. Par précaution, j'emportai Ether avec moi. La lame magique du sentir mon agacement, parce qu'elle me brûla presque la main quand j'attrapai sa poignée. J'accrochai le baudrier dans mon dos et Cernunnos nous emboîta le pas dans le couloir. Quand nous entrâmes dans la pièce, elle était déjà pleine. Les places dans le fond avaient été laissées vides, le plus loin possible de toutes les autres. Un sourire amusé se peignit sur mon visage sans que je puisse le réprimer. Visiblement, Ether avait fait son petit effet, la dernière fois.

Celte Tome 2 : Les héritières de LugTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon