#44. On est jamais à l'abris de rien

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Je vais vous écrire probablement la partie la plus dure de ma vie...

C'est la première fois que je raconte ça, je n'en avais jamais parlé à personne, c'est quelque chose de dur pour moi... Mais voilà j'ai promis de dire la vérité et de tout dire, et ça ça fait partie intégrante de ma vie, de ma personnalité, et de ce que je suis aujourd'hui ...

Ce matin la il faisait beau, si beau pour une si triste journée.

Shems était au travail. Ce jour la je me sentais très mal, j'avais hyper mal au ventre, je me suis dit c'est pas grave, ça doit être normal... Je caressais mon ventre énergiquement pour calmer la douleur. Shems rentra vers 18h, ne voulant pas l'inquiéter je ne lui ai rien dit à propos de mes douleurs, mais ça n'empêchait qu'elles augmentaient de plus en plus. Vers 20h la douleur était intenable, je perdis un liquide transparent avec du sang, beaucoup de sang, je venais de perdre les eaux, Shems m emmena aux urgences. J'étais entrain d'accoucher, c'était trop tôt, bien trop tôt, il restait 3 mois. J'étais paniquée, pas une deuxième fois, ya Allah, pas une deuxième fois... Je pleurais, la douleur était insupportable. J'avais tout bien fait, pourquoi notre bébé voulait il se montrer aussi tôt. J'ai donc accouché cette nuit la à 3h du matin, mais contrairement aux autres mères, je n'ai pas entendu le cri de ma fille, ce premier cri, synonyme de la vie, non il n'y a rien eu. Juste mes cris à moi quand on m annonça la mort de ce petit être qui n'avait pas eu le temps de connaitre la vie.

Peut être était je une mauvaise mère, au lieu de donner la vie, je donnais la mort. J'étais mal si mal, Shems pleurait, il pleurait sans même me regarder, c'est comme ci je n'existais plus... De toute les fois ou il m a soutenu, c'est la que j'en avais le plus besoin, mais il m avait laissé. Il était juste à coté de moi, mais il avait l'air tellement loin.

Cette nuit la, je l'ai passé à pleurer, je ne la sentais plus en moi, j'étais seule. Surtout qu'on l'attendais, on l'a voulait, mais elle est partie sans même ouvrir les yeux pour voir ses parents, Allah en avait décidé ainsi on y pouvait rien.

Le lendemain Shems vint me voir, mais il ne décrocha pas un mot, pas même un regard, il m ignorait carrément, et ça me faisait encore plus mal que s'il n'était pas venu. J'entendais les bébés des chambres d'a coté pleurer, mais pas la mienne, elle ne pleurerait jamais pour me déclarer son existence.

On me proposa de la voir. Et bien sur j'ai accepté, il fallait que j'ai un souvenir d'elle, celle avec qui j'ai partagé mon corps pendant 6 mois.

On m emmena dans une petite chambre, et elle était la, dans un petit berceau habillée, on aurait dit qu'elle était endormie. Elle était si mignonne, elle avait l'air si apaisée, je pleurais, mais je me sentais mieux, car elle ne souffrait pas.

2 jours plus tard, je sortis, Shems m évitait comme la peste...

Je me suis enfermée chez moi dans le noir.

Et la ... Je vécu la déprime, la vrai déprime, pas la déprime qu'on connait après une dispute avec la famille, ou une rupture amoureuse, une vrai déprime ou on a l'impression d'être inutile, l'impression que la mort est la seule issue, la seule solution à notre problème.

Shems allait travailler tôt, rentrait tard et allait directement au lit, il ne me parlait pas, mais je n'ai pas l'initiative de le faire non plus... Il devait souffrir de son coté aussi. J'avais tant besoin de lui, et son silence me rappelait chaque jour que j'étais une mauvaise femme. Je regrettais tellement le mal que je lui avais fait, peut être que Dieu me punissait, c'est pour ça qu'il m avait retirer ma fille.

J'avais coupé mon téléphone. Je ne voulais avoir contact avec personne. J'écoutais la chanson de soprano en boucle "Inaya", c'était le prénom que nous lui avions choisi. Ma petit Inaya que je n'ai pas eu le temps de connaitre.

Je ne mangeai plus, mon ventre était encore un peu rond, comme ci quelqu'un l'habitait encore...

Ce lait qui coulait de mes seins me rappelait sans cesse qu'il devait la nourrir.

Je la revoyais sans cesse dans mes pensées allongé dans son petit berceau. Je faisais toujours le même rêve, celui ou elle ouvre les yeux et qu'elle pousse enfin ce cri tant attendu, et chaque matin j'avais la grosse déception de me retrouver seule dans mon grand lit, le ventre vide, les yeux gonflés...

Je me posais un tas de questions, pourquoi nous ? Deux fois , c'était peut être un message, peut être que moi et Shems n'étions pas compatible.

Après cette étape je suis rentrée dans un délire... Quel genre de mère abandonne son enfant, je la laissais seule découvrir la mort... Elle sera perdue... Il faut que je la rejoigne...

Shems était au salon... Je le fixais attendant qu'il m offre un dernier regard. Il se contenta de tourner la tète et de regarder mes pieds, c'était déjà ça, au moins j'existais.

Je pris une chaise de la table à manger et la poussa jusqu'en bas de la fenêtre. Je souriais, aller savoir pourquoi, j'étais dans un état de bien être total, plus rien existait, j'oubliais même que le suicide était un péché grave. Il n'y avait que moi et moi seule, j'étais seule au monde, plus rien ne comptait, ni Shems ni ma famille ni mes amis, plus rien.

Un premier pied sur la chaise, la moitié était fait, puis un deuxième... La fenêtre grande ouverte....prête à sauter... À quoi bon continuer...

... La suite bientôt.

L'histoire de ma vie : La haine dans le sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant