Chapitre un: Mexique

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J'aurais tellement aimé te dire à quel point tu me manques.
J'aurais tellement aimé t'appeler et avoir l'une de ces conversations stupides comme nous le faisions.
J'aurais tellement aimé te demander, comme au premier jour où je t'ai vu, si tu aimais les fleurs, ou ce que tu pensais de la couleur verte.
J'aimerais tellement pouvoir m'allonger à tes côtés, entendre les battements réguliers de ton cœur.
Ou m'assoir sur le sol de l'une de ces nombreuses chambres d'hôtel exiguës que nous avons partagé, et t'embrasser encore et encore.
J'aimerais tellement retourner au premier jour où nous nous sommes rencontrés, lorsque nous n'étions que deux étrangers perdus sur cette plage du Mexique.

Je revois tes mèches blondes flotter au gré de la brise marine, scruter l'horizon sombre de tes yeux verts. Ta main droite joue nerveusement avec le plan de ta robe fleurie, la gauche caresse le sable fin de la plage.

Ce soir là, le ciel semblait s'être vêtu de sa plus belle parure pour nous. Sous les cieux scintillant d'orient, je n'avais d'yeux que pour toi, mon étoile.

Mon sac à dos sur les épaules, et mon cœur dans la main, je t'avais demandé timidement quel était ton prénom.
De ton accent suave et andalou, tu m'avais répondu que cela importait peu:

«Appelles-moi Jade, Carole, Lynn ou Emma ; cela m'importe peu. Nous ne sommes que deux étrangers errant sur une plage du Mexique. Demain est un autre jour, et je ne te reverrais plus jamais. Alors, appelles-moi comme tu le souhaites, au gré de tes envies.»

Avant de te rencontrer sur cette plage, je ne savais pas ce que la vie attendait de moi.
J'étais parti, tel un voleur, à la découverte du monde. Je voulais comprendre, apprendre, rater, recommencer et ressentir. Mais crois-moi, je n'avais jamais prévu de tomber amoureux.

Allongé à tes côtés sur le sable fin du Mexique, le temps semblait avoir stoppé sa course afin que la nuit ne s'arrête jamais.

Demain matin était un autre jour et l'illusion prendrait fin.

Bientôt tu grelotât, enveloppée par la brise fraîche de l'océan. Je déposais doucement ma veste de coton sur tes épaules frêle, t'entrainant vers la jetée.
Il était minuit passé, et nous nous baladions à travers les ruelles vides et silencieuses de la petite ville Mexicaine. Nos doigts enlacés, nous traversions les rues qui avaient perdu leurs couleurs et l'odeur si forte qui y régnait le jour. L'agitation de la foule avait peu à peu laissé place au calme de la nuit.

Aucun de nous deux ne semblait vouloir mettre un terme à cette nuit mémorable.

Tu m'avais alors dit d'une petite voix:

«Anna. Mon prénom, c'est Anna.»

Je t'enlaçais de mon bras gauche et te susurrais doucement le miens, au creux de l'oreille.
Tu le répéta, chuchotant presque de ton accent chantant.

Au petit matin, serrés l'un contre l'autre, nous montions lentement les marches de mon petit hôtel du centre-ville.

Demain était en effet un autre jour. L'illusion n'avait pas pris fin, ne prendrait pas fin.
Du moins, pas maintenant.

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