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Evan et moi possédons notre routine depuis une quinzaine de jours. Cet après-midi, nous nous trouvons encore dans ce café-signes. Il a changé d'attitude depuis le début, devenant de plus en plus sympathique. Il reste constamment sur ses gardes, mais il ne me repousse plus. Je crois qu'il s'agissait simplement d'une façade qu'il donne aux étrangers avant d'apprendre à les connaître. Par contre, il continue encore et toujours de se moquer de moi pour me mettre mal à l'aise ; il y parvient continuellement.

J'ai recueilli pas mal d'informations qui vont m'être utiles. Au bout d'un certain temps, nous finissons par sortir du bistro.

— La prochaine fois, nous nous verrons au garage ?

J'acquiesce lentement, un petit sourire aux lèvres. S'il accepte que je puisse le rencontrer ailleurs que dans ce lieu, cela doit signifier qu'il approuve sa place dans mon projet.

— Ce comportement exécrable que tu as eu les premières fois que nous nous sommes vus, à quoi était-il lié ? l'interrogé-je soudainement.

À chaque fois que nous nous sommes rejoints depuis, il s'est montré bien plus aimable et ouvert aux échanges. D'ailleurs, lorsque j'utilise des phrases plus longues, je décide de la signer également. Ce petit détail a suffi à le mettre plus à l'aise.

— Il ne s'agissait pas du bon jour. Donc ouais, j'ai voulu te faire penser que je ne voulais pas t'aider. Le lendemain, c'était surtout parce que j'adore faire chier les gens et les déstabiliser, m'explique-t-il avec un grand sourire, fier. Je n'assume pas le service que je te rends. Ils ne comprendraient pas. Mais, en règle générale, je suis plus ouvert.

— Que s'était-il passé pour que tu sois aussi odieux ?

— Rien qui te regarde. J'ai mes petits secrets et ils ne se divulguent pas. Tu es au courant de ce principe ?

— Merci pour cette indication capitale, ironisé-je.

Le clocher sonne dix-huit heures.

Dix-huit heures ?

Eh merde.

Je devrais me trouver chez moi, sauf que j'en ai encore pour plus d'une demi-heure de trajet. Evan fume tranquillement à côté de moi. Lorsqu'il baisse le regard vers moi, ses sourcils se froncent.

— Tout va bien ?

Je vais me faire tuer...

— Il faut que j'y aille, je suis en retard. On se voit dans deux jours, bonne soirée, débité-je rapidement en cherchant mon téléphone dans mon sac.

Il relève mon visage avec son pouce et son index. Bien sûr. Il ne m'a pas comprise puisque j'avais la tête plongée dans mon capharnaüm.

— Je dois partir, désolée, répété-je.

Tout en parlant, je me mets à reculer, jusqu'à me mettre à courir pour atteindre la station de bus la plus proche. J'envoie un message rapide à mes parents, m'excusant par avance de mon retard imprévu. J'arrive rapidement à l'arrêt, le prochain autocar passe dans dix minutes. Je lâche un long soupir tremblant. Une main se pose sur mon épaule et je me dégage rapidement, effrayée. Evan écrase tranquillement son mégot par terre.

— Je peux t'emmener, si tu veux. Je suis venu en voiture.

— Tu... tu ferais ça ? bégayé-je.

Il opine du chef, puis me signe de le suivre, ce que je m'empresse de faire sans plus de réflexion. Nous finissons par rejoindre un véhicule bleu nuit. Je monte côté passager tandis que mon téléphone vibre dans ma main : mon père. Je me dépêche de décrocher.

L'amoureux silencieux (Sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now