- Ce n'est pas moi qui t'espionne lorsque tu te changes dans les cabines d'essayage ! Rétorquai-je.

En réalité, je n'étais plus fâchée contre lui. Ce moment avait fait redescendre la pression et, même si je comptais toujours me venger de lui, je ne le prenais pas aussi mal que la veille. J'espérais juste qu'il ne recommencerait pas parce que là, ça ne serait pas la même chose.

- Je ne t'ai pas espionnée dans la cabine d'essayage. J'ai vu les ensembles que tu avais choisis et j'ai juste imaginé ce que ça pourrait donner sur toi, c'est tout. Mais je doute que mon imagination ne rende justice à la réalité...

Je m'empourprai et me détournai aussitôt. C'était quoi ça ? Il n'était pas sérieux quand même ? Quand je relevai la tête et rencontrai son regard, je décelai une lueur d'amusement dans les yeux du loup. Je décidai donc qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Cela faisait plusieurs fois qu'il faisait ce genre de remarques et que j'avais cette réaction. Il jouait simplement avec mes nerfs, parce qu'il savait que j'étais très... Prude. Apparemment, ça l'amusait beaucoup, il savait comment me gêner et y arrivait extrêmement bien. À partir de maintenant, j'allais essayer de ne plus me faire avoir. Il s'agirait d'une tâche ardue parce que j'avais la fâcheuse tendance à rougir pour tout et n'importe quoi, mais avec Dylan, il allait falloir que cela cesse. Je ne voulais pas qu'il gagne ce petit jeu auquel il jouait. Je portai mes mains à mes joues pour les rafraîchir, puis donnai une tape sur le flanc de Dylan.

- Arrête de faire ça.

- Faire quoi ? Te dire que tu dois être super sexy en lingerie ? Pouffa-t-il.

Je fermai les yeux en me répétant de ne pas rougir. Visiblement, j'avais encore du travail à faire puisque je sentis la chaleur familière monter à mon visage. Je me repris vite et levai les yeux au ciel en secouant la tête. Il était irrécupérable. Je me remis à marcher, à demi abritée par la couverture que formaient les branches des arbres. Je n'avais pas fait trois pas que Dylan se plantait devant moi, sa tête de loup à quelques centimètres de ma figure. J'eus un mouvement instinctif de recul tout en soutenant le regard de l'animal. Nous nous jaugeâmes pendant une longue minute. Je n'avais aucune idée de ce qui passait par la tête de Dylan mais j'étais plutôt mal à l'aise. Il se décida enfin à parler, et, lorsque j'entendis ses paroles, je me dis que j'aurais préféré qu'il se taise.

- Tu devrais rire plus souvent. Tu es vraiment magnifique lorsque tu te laisses dominer par tes émotions, chuchota-t-il dans mon esprit.

Cette fois-ci, je ne songeais même pas à m'empêcher de rougir tant ces paroles me troublèrent. Elles me touchèrent également, et firent remuer en moi quelque chose que je ne pouvais nommer. Je ne m'étais jamais considérée comme « magnifique ». J'étais quelconque, et je ne pouvais même pas dire que j'avais un beau regard, puisque j'avais les yeux vairons. Et j'étais réservée, ce qui sous-entendais que jamais ou rarement, je ne me laissais dominer par mes émotions. Je restais souvent dans le contrôle, sauf avec mes proches, qui n'étaient pas nombreux car, pour avoir des proches, il fallait savoir faire confiance, ce qui n'était pas mon cas. J'étais dans la réserve, dans la thématique « je réfléchis avant d'agir ».

Ce qui était troublant n'était pas les paroles de Dylan mais ce qu'elles signifiaient. Elles signifiaient que Dylan me connaissait et me comprenait bien plus et bien mieux que je me l'étais imaginé. Et c'était plutôt effrayant qu'il sache aussi bien me décrypter, me juger, me comprendre, alors que moi, j'ignorais tout de lui, jusqu'à son apparence physique. Je ne savais pas trop quoi penser de tout ça. Je ne savais même pas si j'avais réellement confiance en cet homme. Ou en ce loup. Peu importe. J'aurais vraiment préféré qu'il se taise. C'était trop tard pour le lui dire puisqu'il s'était volatilisé après avoir lâché sa petite bombe. J'imaginais qu'il devait être dans les environs pour ma « sécurité » mais j'ignorais complètement où il pouvait se situer. Il était atrocement discret et silencieux. Un vrai caméléon. Pas étonnant que je ne me sois pas rendue compte de sa présence auparavant.

Je finis par me remettre de mon choc et recommençais à avancer. Il le fallait bien, ou j'allais être en retard à la fac. La fac. L'idée d'aller en cours comme si ma vie n'était pas sans dessus dessous me paraissait hilarante. J'avais l'impression d'être dans un monde parallèle après ce week-end. Ça me ferait du bien de retrouver la sécurité des cours qui s'enchaînaient les uns derrières les autres sans me laisser le temps de penser à autre chose, de retrouver la sécurité de la routine. Routine de la semaine VS chaos du week-end.

Ma semaine se déroula dans le calme le plus total. Après tous les événements que j'avais du gérer, j'accueillis ce calme avec délectation. J'allais en cours et j'y mettais toute mon attention pour essayer de ne pas penser aux créatures qui devaient me courir après dans l'ombre, ou à Zach. Il m'avait envoyé quelques messages sans pour autant m'appeler, ce qui m'inquiétait à moitié. Il m'appelait régulièrement avant. Avant que je ne gâche tout entre nous. Je ne faisais pas beaucoup d'effort pour essayer de me faire pardonner. En fait, je laissais simplement le temps s'écouler pour voir où il me guiderait et ce qu'il résulterait de cette situation.

Quant à Dylan, il me suivait en me parlant de la météo la plupart du temps, ou en silence. Il n'avait pas reparlé de mes soit-disant capacités hors norme, ni de ma sécurité, ni de monde surnaturel, ce qui me donnait un peu de répit. Je lui étais reconnaissante de faire comme si de rien n'était, mais j'avais conscience que cela ne pourrait pas durer ad vitam æternam et qu'il faudrait aborder le sujet tôt ou tard. Pour le moment, je tâchais d'oublier toutes ces catastrophes qui rythmaient ma vie pour me concentrer sur ma scolarité et mes amis. J'étais sortie plusieurs soirs de la semaine, avec des amis que je côtoyais à la fac. Je n'avais pas vu Dylan une seule fois lors de ces instants, mais j'avais sentit sa présence à chaque seconde et, étrangement, savoir qu'il n'était pas loin m'avait rassurée. J'avais beau faire comme si tout était normal, je ne pouvais pas réfuter le fait qu'il faisait désormais partit de ma vie, que je le veuille ou non. Je m'étais habituée à sa présence. J'avais encore du mal à croire à tout cela et à apprécier Dylan, parce que je détestais être suivie ( c'était une sacrée grosse perte de liberté ), mais au moins, j'acceptais sa présence.

J'accueillis le vendredi soir avec soulagement, cependant, contente que le week-end pointe enfin le bout de son nez. Tandis que je marchais pour me rendre chez Kalya, je remarquais que Dylan avait un comportement très bizarre. Comme à son habitude, il se déplaçait sous la couverture des bois pour nepas être aperçu. J'imaginais qu'un loup de cette taille rôdant en liberté dans la ville aurait été légèrement problématique. Quoiqu'il en soit, il paraissait sur le qui-vive. Il ne cessait de jeter des coups d'œil de partout, devant lui, derrière lui, c'était limite s'il ne regardait pas sous les pots de fleurs, des fois qu'un dragon se serait caché dessous ! Au bout d'un moment, n'y tenant plus, je l'interpellai :

- Mais qu'est-ce qu'il te prends à la fin !?

Le voir, lui qui était toujours si calme, autant angoissé me tapait sur les nerfs. Pire ça me faisait peur. Il me fusilla du regard, ne semblant pas apprécier mon intervention. Je pressai le pas, ayant conscience de réagir comme une enfant : il était évident que je n'arriverais jamais à le semer, même si j'avais eu le talent d'Usain Bolt. Je m'apprêtai à m'excuser pour mon comportement lorsque j'entendis le craquement d'une branche. Je me figeai. Dylan était aussi silencieux qu'une ombre, ce qui voulait dire que ce n'était pas lui qui avait produit ce bruit. Je secouai la tête. Je devenais complètement paranoïaque. Un craquement, ça ne signifiait rien, ça pouvait très bien être un écureuil ou un quelconque autre petit rongeur. Je souris en songeant à quel point j'étais stupide et me tournai vers le loup. Mon sourire disparut aussitôt. L'endroit où se tenait Dylan une minute plus tôt était aussi vide que mon esprit à cet instant. Le loup n'était plus là. Il avait disparu.

Un peu de suspens pour une fois!!

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