Chapitre 10

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La vengeance est un plat qui se mange froid. Très froid...

Lorsque j'ouvris les yeux le lundi matin au doux son de mon réveil, je me rendis compte que j'étais toujours prête à commettre un meurtre. J'étais motivée à cent pour cent. Je sautai hors de mon lit et me préparai. Pour une fois, j'avais hâte de sortir de chez moi pour aller dire bonjour à mon ami à quatre pattes. Il n'allait pas être déçu de me voir, je vous le garantis. Seulement, il fallait que je sois plus intelligente que lui. Je ne décolérai pas mais j'allais me montrer patiente. Très patiente. J'allais réfléchir à un plan machiavélique pour lui rendre la monnaie de sa pièce. En sortant, je pris tout mon temps pour verrouiller la porte, puis je me mis en marche. Dylan me suivait sous le couvert des bois alors que je restais silencieuse. Il craqua le premier.

- Tu es bien silencieuse ce matin...

Je haussai les épaules en regardant droit devant moi.

- C'est parce que je me demande quand mon colis va m'être livré...

- Ton colis ? Tu as commandé quelque chose ? M'interrogea-t-il.

Je me mordillai l'intérieur de la joue pour ne pas sourire. Il venait de s'engouffrer dans la brèche que je venais d'ouvrir, sans se douter de rien. Je décidai de le faire mariner un peu, alors je répondis simplement :

- Oui.

Il n'insista pas. La déception m'envahit, mon début de vengeance n'avait pas fonctionné. Au moment où je crus que c'était fichu, la curiosité du loup finit par l'emporter et il ne put s'empêcher de me questionner.

- De quoi s'agit-il ?

- Je t'ai commandé un joli string, avec une trompe d'éléphant pour... Tu vois. Oh, et il est rose vif, j'ai pensé que tu aimerais la couleur.

Je m'arrêtai et tournai la tête vers lui pour guetter sa réaction qui ne tarda pas à arriver. Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur et il manqua de rentrer de plein fouet dans un buisson de ronce. Il l'évita à la dernière seconde, une branche venant tout de même s'empêtrer dans sa fourrure. Il poussa un grognement que j'interprétais comme étant du mécontentement et, n'y tenant plus, j'éclatai de rire. Il grogna à nouveau et entreprit de dégager son pelage des ronces en se tortillant dans tous les sens. Je portai ma main devant ma bouche pour tâcher d'étouffer mon rire, en vain. Je devais passer pour une vraie folle, seule au milieu de la rue, en train de rigoler comme si j'avais entendu la meilleure blague du monde. Je ne quittais pas Dylan des yeux, qui s'ébrouait grincheusement, les poils plein de feuilles. Mon rire redoubla. C'était ridicule, je ne savais même plus pourquoi je riais. En plus, ce n'était vraiment pas le moment ni le lieu pour prendre un fou rire. J'avais d'autres choses à gérer plutôt que de rire comme une idiote. Finalement, c'était peut-être justement parce que j'avais pleins de problèmes qu'il s'agissait du meilleur moment pour rire.

Une fois un peu calmée, je me dirigeai vers l'animal et passai mes mains dans sa fourrure pour lui retirer les quelques ronces qui étaient restaient emmêlées entre ses poils. À ma grande surprise, il se laissa faire sans rechigner. Je pris mon temps, un sourire flottant toujours sur mes lèvres. À chaque fois que je visualisais la scène qui venait de se dérouler, je sentais un éclat de rire remonter dans ma gorge. Dylan me donna un petit coup de museau sur la joue pour me rabrouer mais j'étais déjà en train de rire, et le contact du pelage du loup sur ma joue qui me chatouillait ne fit que renforcer mon rire.

- Quelle petite peste tu es ! Me taquina-t-il en recommençant à frotter son museau sur ma joue.

Je fronçai le nez en reculant et en riant, puis essuyait l'humidité que sa truffe avait laissé sur ma peau.

ImpatienceSWhere stories live. Discover now