*I'm not okay*

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(Frerard)

Après avoir mis son crayon noir sous ses yeux marrons, il fixa ses pilules et souffla.

C'était un petit paquet avec six pilules, six médicaments ovales de six couleurs différentes. Un rouge, un orange, jaune, vert, bleu et violet. Cela lui faisait penser au drapeau gay.
Il n'aimait pas ces médicaments parce que chacun d'eux avait un goût différent qui restait sur la langue pendant plus d'une heure.
Le médecin avait dit que c'était pour rendre plus joyeux le moment où l'adolescent allait les prendre.
Qu'y avait il de joyeux quand on prenait des médicaments, sachant que cela devait nous soigner d'une quelconque maladie.

Lui, était atteint de stresse très fort. Quand il commençait à stresser, il pouvait devenir violent ou avoir des convulsions. Ce n'était pas une maladie, pensait il, mais les médecins avaient assuré que si.
Ce genre de maladie arrivait après un choc dans la vie de la personne. Mais rien n'était arrivé.
Comment pouvait il lui arriver, si il n'avait eu aucun choc, se demandaient ses parents.
Lui non plus ne comprenait pas. Il voulait trouver quelque chose, n'importe quoi, une putain de réponse. Mais il était comme ça.

Il n'aimait pas ce monde. Il le haissait. Tellement. Vous ne pouviez pas savoir comment.

Et les gens dans son lycée l'avaient qualifié de 'émo'. Il ne se considérait pas comme tel.
Un jour, il s'était dit qu'il était une personne trop émotive. Un rien pouvait ne plus le faire sourire. Donc, il s'était dit que émo était le diminutif de émotif.

Il attrapa la pilule rouge, puis la fit rouler entre son pouce et son index. Il fixait sa couleur sang. Mais prit par un élan de lucidité, il la mit dans sa bouche et elle descendit dans sa gorge.
Après  un verre d'eau, il mit le paquet de médicaments dans son sac et s'en alla de chez lui.
Il devait en prendre trois par jour.
Une le matin, à midi et le soir.

Ses parents étaient partis tôt à leur boulot. Un travail que l'adolescent qualifiait d'ennuyeux. Qu'avait il de bien dans rester assis derrière un bureau et un ordinateur ?

Son bus allait passer dans quelques minutes. Écouteurs enfoncés dans les oreilles, il regardait les têtes familières à l'arrêt.
Toujours les mêmes cons, pensa t il.
Mais David Bowie lui susurrait de belles phrases à l'oreille qui le fit emmener dans un autre monde et qui ne lui faisait plus penser à l'endroit où il était.

Le trajet n'avait pas été très long.
Le temps était un peu couvert, gris, morose, à faire tomber en dépression.
Frank Iero - le stressé sous médicaments - regardait le sol en rentrant dans l'établissement qu'il détestait tant.
Son premier cours était histoire. Il avait maintes fois voulu se defenestrer dans ce cours ennuyeux. Parce qu'il ne faisait que regarder par la fenêtre.
Depuis cette classe il pouvait voir les cours d'art. Et il y avait ce garçon qui devait avoir le même âge, qui était là bas. Il se mettait près des vitres, prés de la lumière et il prenait une toile blanche et un matériel de peinture.
Il avait de courts cheveux noirs qui lui cachaient un peu ses yeux verts de temps à autre et avait un style particulier.
Ses couleurs étaient toujours celles de l'arc en ciel, les mêmes que les médicaments de Frank.

Ce jour là, il était en train de peindre un magnifique tableau, pensait Frank.
Les seules couleurs étaient du rouge, sous différents tons. Il s'amusait avec les mélanges. Il avait l'air de vivre.
C'était une personne qui tenait un coeur entre ses mains, qui saignait.
C'était tellement beau, se disait Frank.

Il était midi, il avait senti qu'il commençait à trembler pendant le dernier cours de la matinée.
Enfermé dans les toilettes, il avalait la pilule orange sans difficultés. Après quelques minutes, il se sentit mieux et sortit de la cabine.

-Attends !

Il se retourna, une main lui tendit son paquet de médicaments qu'il avait dû faire tomber, parce qu'il était souvent tête en l'air et ne fermait pas sa poche de son sac.
Quand il vit qui était la personne, il eut presque une crise cardiaque. Le beau peintre.

-M-merci, bafouilla t il en les rangeant vite.
-Je m'appelle Gerard. Et toi ?
-Frank, répondit il, la tête baissée.
-Pourquoi tu...
-Je veux pas de ta pitié... ne crois pas que je me drogue, je suis juste "malade".

Il mima les guillemets avec ses doigts.
Il voulait partir en courant mais quelque chose le retenait.

-Je ne pensais pas que tu te droguais, mumura Gerard.
-Tu sais, les gens pensent souvent ce genre de choses et...
-Pas besoin de te justifier, je te comprends. Lève la tête s'il te plait.

Frank parut hésitant, mais la leva. Il put enfin admirer le visage du peintre. Il souriait, ce qui lui dévoilait de petites faussettes et il avait un grain de beauté sur le nez.

-Tu as de beaux yeux, Frank.
-Merci, toi aussi.

Ils étaient trop proches, au goût de Frank. Leurs souffles se mêlaient, même s'il était un peu plus petit.

-Tu étais en train de peindre quoi ? Demanda t il sans s'en rendre compte.

Gerard n'avait pas l'air surpris. Il répondit :

-Une femme qui arrache son coeur parce qu'elle a aimé des gens ignobles dans sa vie.
-C'est beau. C'est ton cas ?
-Non. Moi, je l'arrache parce que je veux voir qui l'attire.
-Et il est attiré par qui ?

Gerard approcha sa main de Frank, mais celui ci poussa le peintre d'un coup.

-Je suis désolé, dit Frank en regardant ses mains tremblantes. C'est ça ma maladie... je - merde !

Il ouvrit la poche de son sac et vérifia le nom des pilules.
Il n'avait pas pris les bonnes.
Il se mit à pleurer et à arracher ses cheveux tout en criant.
Gerard le prit dans ses bras.
Frank ne riposta pas, sa maladie ne prit pas le dessus.

-J'ai pris les mauvais, les mauvais. Je vais devenir cinglé. Ça va pas. Je vais tuer quelqu'un. Je suis un fou. Tu comprends ça, Gerard ?
-Tu n'es pas un fou.

Il prit son visage à deux mains et l'embrassa.

-Voilà. C'est ton médicament.

Et Frank se sentit mieux.

Hopeless OSWhere stories live. Discover now