un douzième chapitre

Depuis le début
                                    

Ça m'a rappelé le fait que j'ai tout plaqué en fuguant. Encore un autre lycée qui ne voudra plus de moi. De toute façon, ça ne sert à rien, j'ai encore du temps avant de passer aux diplômes et aux choses du genre. Tout le monde me presse à suivre le schéma traditionnel du « fais tes études, puis après vis ta vie ». Moi je veux la vivre avant de tout apprendre. Ce n'est pas forcément la bonne philosophie à adopter et je vais sûrement me retrouver à la rue dans quelques mois. Je retournerai même peut-être chez moi, les yeux livides en repensant au fait que je me suis faite rattraper comme un tas de merde par la réalité. Mais ça ne me dérange pas tant que ça, si là maintenant, je parviens à mes fins.

J'ai pris mon courage à deux mains – comme d'habitude – et suis entrée par le grand portail. Là fourmillent des filles en uniformes, discutant sur le temps qu'il fait aujourd'hui et les conneries du type. Il fait moche les filles, pas besoin de débattre sur la sinuosité grise liée à la pollution. Je me suis avancée vers l'accueil, d'un air intouchable. Plus j'ai l'air confiante, plus les gens ne s'interrogeront pas. Mais c'est déjà trop tard, le simple fait que je sois un visage inconnu et que je porte un grand sac sur le dos prouvent que je ne suis pas d'ici. Et tout le monde l'a clairement compris.

Alors que je m'apprête à demander des informations à la dame de l'accueil, un cri perçant déchire la foule d'étudiantes.

Un « Reina » très sonore, bruyant, aiguë et remplie de force. Je me retourne sur-le-champ, coup de bol, c'est Olivia.

J'accoure presque vers elle, surprise par la puissance de son cri. Elle est sortie de l'hôpital hier et est déjà rétablie et en forme. Ça me surprend, une vraie fortiche cette Oli'.

-       Mais qu'est-ce que tu fiches là ! Demande-t-elle avec un grand sourire en s'approchant.

Mon sang se fige. Le sourire qu'elle n'affiche n'a rien de joyeux. Il est presque inquiet. Il est bien sincère mais si troublé. Elle ne s'attendait réellement pas à ce que je vienne la retrouver. Nous nous sommes écartées de la masse d'élèves pour papoter dans un coin plus discret.

Les regards insistants de toutes ces demoiselles m'ont quelque peu perturbée. J'ai combien de boutons éclatés pour recueillir autant d'attention en seulement une apparition ?

-       Je voulais te voir Olivia. La veille, je n'en ai pas eu la chance. Toi et Neville aviez disparu d'un seul coup. Avoué-je sérieusement.

L'expression d'Olivia se mue en une face beaucoup moins joyeuse. Elle arbore un regard tenacement vide.

-       Le crétin. Lâche-t-elle gravement.

Mes sourcils se sont froncés subitement. Son humeur changeante m'atteint également. Je me mets à me ronger le bout des ongles, surprise par le ton pris par la jolie blonde.

-       Le matin du départ, il m'a dit que t'avais fui vers une autre ville pour découvrir une nouvelle mer. Il m'a menti, vraiment, ce n'est pas croyable. Poursuit-elle profondément blessée.

Moi, les fuir ? J'y ai pensé longuement mais sans dire au revoir à la blonde généreuse qui m'a offert des douches gratuites : hors de question.

Neville a menti.

Et je ne comprends pas pourquoi.

-       Je dormais Oli'. Mon réveil n'avait pas sonné, je me suis levée et vous aviez disparu. Pouf, d'un coup. Entre-temps, s'il ne t'a rien dit, lui et moi, nous sortons ensemble normalement. Raconté-je désorientée.

Ses yeux s'écarquillent.

-       Comment ça, vous sortez ensemble ? Interroge-t-elle aussi déboussolée que moi.

Ses questions ne me présagent rien qui vaille.

-       T'étais à l'hôpital depuis des jours. Puis un jour on s'est embrassé et je suis devenue sa petite-copine. Qu'est-ce qu'il y a Olivia, pourquoi t'affiches cette tête ? Questionné-je en la voyant rougir de colère.

Ses yeux lancent des éclairs. Sortie il y a à peine un jour de l'hosto, elle est déjà furibonde et impétueuse. Elle court sur place.

-       Je vais le tuer.

Sa menace exaltée déchire l'air.

Je pousse un soupir d'impatience. C'est bien gentil de me laisser patauger comme ça mais j'ai l'impression d'être franchement à côté de la plaque.

-       Olivia ? Dis-moi.

Les cheveux bouclés couleur de blé ne virevoltent dans l'air. Oli' se dresse devant moi, telle une statue dans un musée d'art. Elle prend sa plus douce voix.

Mon ventre se ressert quand elle prononce ses explications. Un trou noir m'aspire. Quelques filets de sueur glissent de mon front. Mes yeux se remplissent d'une colère sans fin.

-       Reina, Neville a déjà une petite-copine. Et ce n'est pas n'importe qui. C'est sa meilleure amie, Calypso.

Tout tangue. Et, subitement, je fane.








nda: désolée du retard, la période de cours bon dieu qu'est-ce que c'est relou!

sinon j'ai fait un mini cross over yay dans ce chap (aris <3)

& sinon oui, vous avez le droit de me taper pour cette fin c:

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