Chapitre 11

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Lorsqu'on rentre à la maison, je décide de faire à manger pour que ma mère puisse se remettre tranquillement de l'enterrement. Heureusement pour moi, mon père m'aide car je n'ai jamais vraiment cuisiné de ma vie et tout n'est pas à ma portée dans la cuisine. Malgré cela, j'arrive quand même à faire un repas mangeable. De toute façon, personne n'a vraiment faim ni envie de manger, à part Oscar qui s'est déjà remis de l'enterrement de sa grand-mère mais qui reste tout de même calme par respect pour les autres qui sont tristes. J'adore ce petit bonhomme ! On mange en silence. Élias n'arrête pas de poser sa main sur ma cuisse, comme pour s'assurer de ma présence. Alors, de temps en temps, je pose ma main sur la sienne et lui sourit tendrement.


L'après-midi, ma mère s'enferme dans sa chambre et mon père décide d'aller jouer dehors avec Oscar pour qu'elle puisse se reposer tranquillement. Élias lui, me demande de regarder un film avec lui. Il m'aide à m'installer dans le canapé puis vient s'asseoir à côté de moi. Dès que le film commence, il m'enlace et je me laisse aller contre lui. Il ne suit pas le film, il n'arrête pas de penser à sa mère, à l'enterrement et je décide que ma bonne résolution attendra le lendemain, quand tout le monde se sera un peu remis de cette dure journée. Finalement, on passe l'après-midi à rien faire. Oscar finit par nous rejoindre sur le canapé en fin d'après-midi et s'endort, épuisé. Pendant ce temps,mon père décide de commencer à faire le repas. On mange tôt et tout le monde va se coucher. Ce soir là, c'est Élias qui m'aide à me changer et à me mettre au lit, après avoir coucher Oscar en lui lisant une histoire. Et je n'ai pas besoin de le supplier pour qu'il reste dormir avec moi. Au contraire, il vient tout de suite se coucher contre moi, sans rien dire ni demander et m'enlace avec amour. Il m'embrasse puis nous nous endormons l'un contre l'autre.


Le lendemain matin, tout le monde est bien plus souriant. Cette fois-ci, je me réveille avec Élias et c'est à mon tour de le réveiller en passant tendrement une main dans ses cheveux et en l'embrassant. J'aime être coucher avec lui parce qu'il n'y a plus mon fauteuil roulant pour faire barrière.J'ai l'impression d'être comme n'importe qui, d'être comme lui.Élias ouvre lentement les yeux et sourit en découvrant mon visage tout près du sien. Il le prend dans ses mains et m'embrasse tendrement. Puis ses mains commencent à caresser mon corps et je frisonne. Il me tire un peu plus contre lui et m'embrasse avec plus de fougue. Ma respiration s'accélère alors qu'il embrasse mon cou et passe sa main sous mon tee shirt pour caresser la peau de mon ventre. Je n'ai jamais eu de petit ami, je n'ai jamais vécu tout ça,pourtant je n'ai pas peur. J'ai envie qu'il continu, qu'il aille plus loin même. Malheureusement, on entend rapidement Oscar courir de partout dans le salon et on est obligé de se lever.


J'attends que l'on ait déjeuné en famille et que Eva m'ait lavée et habillée pour faire mon annonce.Je lui demande de rester quelques minutes de plus parce que je sais qu'elle aussi lit mon histoire. Ils sont tous là, installer dans le salon, à attendre que je leur annonce quelque chose et je commence à trouver tout ça plus difficile que prévu. Heureusement, Élias finit par se lever du canapé pour venir jusqu'à moi et me prend la main.


- Vas-y, m'encourage-t-il, qu'est-ce que tu voulais nous dire ?

- Et bien ... Maman, Eva, vous lisez une histoire sur internet n'est-ce pas ? Celle dont vous me parlez tout le temps, vous voyez de quoi je veux parler ? »Je commence avec hésitation pendant que Élias caresse tendrement ma main.

- Oui, bien sûr ! »Confirme Eva pendant que ma mère hoche la tête à ses côtés.

- Et bien ... C'est mon histoire ... !C'est moi l'auteur ... ! » J'annonce enfin sans oser les regarder dans les yeux.

Je me tourne vers Élias. Il se retient de rire face à mes parents. La curiosité finit par prendre le dessus et je me retourne vers le canapé pour voir la tête qu'ils ont. Ils sont tous bouche-bée.

- C'est toi ?! » Finit par répéter Eva en venant vers moi.

- Oui ... Je ne l'ai jamais dis parce que j'aimais le fait que personne ne sache que j'étais handicapée.Aujourd'hui je n'en ai plus rien à faire et je compte poster un message pour leur dire qui je suis vraiment et leur raconter mon histoire. Mais avant ça, je devais vous dire la vérité. » Je lui explique alors qu'elle me saute littéralement dessus pour me serrer dans ses bras.

- Ma puce, intervient alors ma mère,tu as un talent fou ! Je n'arrive pas à croire que c'est toi !J'arrêtais pas de te parler de cette histoire et tu ne disais jamais rien !

- Je suis désolée. » Je m'excuse pendant que ma mère vient me serrer contre elle à son tour.

- Ne t'excuse pas, je ne t'en veux pas c'est juste ... fantastique !

- Je suis très fière de toi ma fille. » Ajoute mon père pendant que Oscar me fixe sans comprendre.


Élias me laisse pour tenter de lui expliquer ce qu'il se passe. Il ne comprend pas pourquoi si c'est fou que j'écrive une histoire parce qu'il n'arrive pas à se rendre compte à quel point c'est fou et rare d'avoir des millions de vu et de personnes qui me suivent. Ensuite, Élias me prend en photo et m'aide à la poster sur internet avec un long message sur lequel je leur raconte tout : mon accident, ces horribles cinq dernières années puis l'arrivée de Élias qui a tout changé. Les réponses ne tardent pas et je suis soulagée de constater que presque tout le monde marque qu'ils me comprennent, qu'ils ne m'en veulent pas,qu'ils me trouvent incroyablement courageuse et forte ... Plus je lis les messages et plus je pleure ! Bien sûr, il y en a quelques uns qui ne sont pas très gentils mais je sais qu'il y a toujours des idiots et je n'y fais pas attention. De plus, Élias se fait un plaisir de les insulter à chaque fois à voix haute, oubliant la présence de son fils ! Mais globalement, je suis extrêmement touchée par tous les messages que je reçois et ils sont très très très nombreux ! Je ne m'attendais vraiment pas à un tel retour, c'est fou ! Rapidement, énormément de site partage mon message et parle de moi. Ça devient le seul sujet de conversation sur internet de toute la journée. Ça prend une ampleur incroyable !Il y a même des journalistes qui appellent à la maison en me demandant une interview, j'en reviens pas ! Et une maison d'édition me propose de publier mon histoire, d'en faire de vrais livres. Bref c'est la folie et j'avoue que je ne sais absolument pas comment réagir. Je passe ma journée à dire que j'ai besoin de temps pour réfléchir à tout ça. Je ne veux pas prendre de décision dans un telle frénésie.


Je constate rapidement que la question qui revient le plus souvent c'est : est-ce que je fais partie d'une association ? Est-ce que je ne voudrais pas en créer une pour venir en aide aux personnes qui, comme moi, n'arrivent pas à vivre avec leur handicap ? Et je m'en rend compte que c'est une magnifique idée et un magnifique projet de vie. Oui, j'aimerai aider les autres à accepter leur handicap, à ne plus avoir honte parce qu'ils n'ont pas à ressentir ça, à vivre comme les autres, à être heureux, comme Élias l'a fait pour moi. Et peut-être bien que je pourrais également l'aider lui, il pourrait travailler dans cette association et toucher de nouveau un salaire. Certes je serais sa patronne mais ça ne devrait pas lui poser de problème. Peut-être que, si je décide de publier mon histoire, je gagnerais assez d'argent pour mener à bien ce projet.



Les idées fusent dans ma tête à toute allure et je me sens débordée. Je passe la journée devant mon ordinateur avec Élias. Mes parents s'occupent de Oscar qui est plutôt indifférent à toute cette histoire et ils passent de temps en temps pour suivre l'évolution de toute cette folie ! Le soir, je m'endors à vingt-et-une heures, épuisée par cette journée et des questions pleins la tête ! Je crois que se serait le meilleur Noël de toute ma vie si je pouvais enfin avoir un vrai projet et un but dans la vie. Je pourrais enfin travailler comme tout le monde, être comme tout le monde et si seulement je pouvais aider Élias à s'en sortir. Le pauvre à dû payer toutes les dettes de sa mère en vendant la maison. Il n'a plus rien, il est au chômage. Et moi, je peux peut-être l'aider, comme lui il m'a aider ...

La magie de NoëlWhere stories live. Discover now